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Expo universelle Osaka 2025 : la France se pare pour raviver la flamme avec le Japon

La prochaine Exposition universelle aura lieu à Osaka en 2025 et la France a décidé de se parer de son plus bel atout : un pavillon prometteur et innovant sur le thème de l’amour. Car si « tout roule » avec le Japon, l’attractivité de la France est en perte de vitesse et le pays veut raviver la flamme économique mais aussi auprès des jeunes générations. « Osaka 2025 est une occasion incroyable de se parler » précise Jacques Maire, Président de la Compagnie Française des Expositions.

Le pavillon français à osaka ©Coldefy + Carlo Ratti AssociattiLe pavillon français à osaka ©Coldefy + Carlo Ratti Associatti
©Coldefy + Carlo Ratti Associatti
Écrit par Capucine Canonne
Publié le 24 janvier 2024

 

L’Exposition universelle n’est pas un lieu de compétition économique comme l’on pourrait le penser mais plutôt un concours de beauté » nous raconte Jacques Maire, Président de COFREX (Compagnie Française des Expositions) chargé - entre autres -  de donner la plus belle image de la France à l’Exposition universelle d’Osaka, du 13 avril au 13 octobre 2025. L’ancien diplomate et député devenu commissaire général Osaka 2025 est fier de nous parler du pavillon français sous toutes ses coutures.

 

Qu'est-ce qui se joue vraiment lors d’une Exposition universelle pour les nations présentes et en particulier pour la France ?

Présenté officiellement début janvier 2024 en présence d’Olivier Becht, Ministre délégué chargé du Commerce extérieur, de l’attractivité et des Français de l’étranger, le projet français souhaite aller au-delà d’une simple représentation de l’Hexagone et insuffler de l’amour, beaucoup d’amour. Car si la relation avec le Japon est « sans difficultés ni rivalité », Jacques Maire souligne que « la dynamique n’est pas assez forte et mérite notre attention ». Il en est de même pour les jeunes générations qui ne perçoivent plus la France dans ce qu’elle a de plus beau à leur offrir. Plus généralement, qu'est-ce qui se joue vraiment lors d’une Exposition universelle pour les nations présentes et en particulier pour la France ?

 

Jacques Maire, commissaire général Osaka 2025 et Président de la COFREX
Jacques Maire, commissaire général Osaka 2025 et Président de la COFREX 


 

Vous avez récemment présenté officiellement le projet du pavillon français de l’Exposition universelle Osaka 2025 : emplacement privilégié, 25.000 visiteurs attendus par jour…mais encore ? 

Il y a la beauté extérieure et la beauté intérieure de notre pavillon français. La beauté extérieure est l’architecture, un bâtiment à la façade imposante et à l’emplacement idéal au cœur de l’Exposition Universelle. Les côtés sont voilés, le toit est un immense jardin, partie intégrante du parcours de l’exposition permanente. Le tout est pensé avec une réflexion éco-responsable, c'est-à-dire que la structure est ré-assemblable en éléments et modules pour d’autres constructions. Quant à la beauté intérieure, nous partons sur une promesse, celle de l’amour et toute la scénographie du pavillon est pensée autour de cette promesse. Un parcours immersif est en réflexion, sans écrans et autour de l’amour de soi, des autres ou de la nature. 

 

©Coldefy + Carlo Ratti Associatti
Le pavillon français pour Osaka 2025 ©Coldefy + Carlo Ratti Associatti

 

Coup d'œil sur le pavillon français de l'Expo OSAKA 2025

 

Nous voulons dire à la jeunesse “non, tout n’est pas foutu. Oui, vivre a un sens” face à une crise de l’amour au Japon

 

L’hymne à l’amour est le thème central du pavillon. Concrètement, comment la France compte-t-elle déclarer sa flamme au Japon ? 

Nous avons besoin de nous adresser aux jeunes. L’amour pour la France est très présent chez les Japonais ouverts à l’occident et de la génération des années 70. Nous avons perdu un peu de notre superbe auprès des générations suivantes. D’où le choix du thème de l’amour. Nous voulons dire à la jeunesse “non, tout n’est pas foutu. Oui, vivre a un sens” face à une crise de l’amour au Japon ; j’entends par là les relations homme-femme, la place de la femme dans la société, l’image du couple, la natalité en baisse… 

Qu’est ce qu’on peut apporter de positif à cette génération qui s’inquiète du sens de la vie et de l’avenir climatique ? L’amour ! Nous pensons que notre message passe doucement, au regard de la presse japonaise qui a majoritairement évoqué un tel thème qui intrigue. Le moment venu, nous serons prêts à créer du désir pour la France, pour soi, pour les autres, pour la nature. Nous créerons d’ailleurs aussi de la frustration puisque nous évaluons à 3 millions les visiteurs du pavillon quand l’Exposition universelle en attend 28 millions entre le 13 avril et le 13 octobre 2025. 

 

Avec le Japon, nous n’avons pas de difficultés ni de rivalités. Nos philosophies économiques sont en phase. Tout devrait rouler. Et pourtant...

 

Vous avez récemment déclaré qu’il y a “une volonté de relancer la relation avec le Japon, car la dynamique n’est pas assez forte”, pouvez-vous nous en dire plus ?

En Asie, parmi les grandes puissances, le Japon est le pays avec lequel nous n’avons pas de difficultés ni de rivalités. Nos philosophies économiques sont en phase. Tout devrait rouler. Et pourtant, il y a peu d’intérêts de part et d'autre. Les grandes entreprises françaises présentes au Japon sont les mêmes qu’il y a 30 ans et sont bien ancrées. Les dernières étaient Axa et Renault-Nissan. Mais, depuis, il y a trop peu de nouvelles aventures.. Le marché est pourtant très profitable et stable. Nous pouvons même parler de recul. Nous sommes en 5ème position des investissements étrangers au Japon. Ils ne nous perçoivent pas. Sur le point politique également : lorsqu’il n’y a pas de conflit, on a tendance à s’oublier un peu.

Concrètement, le Japon perçoit la France de deux manières différentes. D’abord comme une destination touristique de prédilection avec des paysages iconiques. La France est aussi pour eux la réincarnation de la tradition, du savoir-faire et du luxe. Ce sont les images attendues lors de l’exposition universelle 2025 et nous cocherons ces cases. En revanche, nous devons monter en puissance sur notre capacité d’innovation, notre volonté de transition énergétique industrielle décarbonée et notre attractivité. 

 

le jardin suspendu à Osaka ©Coldefy + Carlo Ratti Associatti
le jardin de 1000m2 sur le toit du pavillon français - ©Coldefy + Carlo Ratti Associatti

 

 

Et pour les publics qui ne peuvent pas se rendre sur place, nous avons décidé de développer notre présence dans le virtuel. 

 

 

Au-delà de belles infrastructures, des laboratoires d’expertise et d’innovation, de l’engouement des visiteurs, qu’est-ce qui se joue vraiment lors d’une Exposition universelle ? 

Dans le cas du Japon, comme l’image et la perception de la France diminuent, Osaka 2025 est une occasion incroyable de se rappeler au bon souvenir du pays. Nous avons absolument besoin de nous parler et de faire parler nos acteurs et politiques économiques entre eux. De manière plus générale, l’Exposition Universelle est la vitrine du savoir-faire et de l’excellence d’un pays, comme une ambassade. Face à un questionnement sur la pertinence ou non d’un tel évènement - impact carbone, intérêt du public….- je pense qu’il faut aussi écouter les chambres de commerce des pays pour avoir conscience de l’impact économique et business. Aujourd’hui, ces événements internationaux se pensent de plus en plus vertueux et éco-responsables. Il y a aussi un enjeu de transmission aux jeunes, tout aussi majeur à chaque Exposition. Et pour les jeunes publics qui ne peuvent pas se rendre sur place, il faut penser à d’autres formes d’expériences. Nous avons décidé de développer notre présence dans le virtuel. 

 

Riyad a été choisie pour organiser l’Exposition universelle en 2030. Les réflexions sur la présence de la France ont-elles commencé ? 

La Compagnie Française des Expositions fonctionne par mandat. Nous ne sommes pas mandatés pour le moment pour Riyad 2030. Mais chaque Exposition universelle prépare la suivante. Dubaï 2020 nous a aidé à créer l’éco-système d’Osaka 2025. Nous mettons en place un continuum d’acteurs qui nous suivent. A chaque fois, nous nous améliorons. J’en profite pour évoquer Belgrade 2027, la prochaine Exposition Internationale. Il s’agit d’une grande exposition - sans projet d’architecture -, avec un but d’enseignement pour le public et dont le thème sera le sport. 

 

Contre toute attente, Riyad remporte l’Exposition Universelle 2030

 

Entrepreneurs français, à l’étranger ou en France, il n’est jamais trop tard pour être mécène…


 

Le pavillon à Osaka 2025 avec des éléments ré-assemblables
©Coldefy + Carlo Ratti Associatti

 

Avez-vous un message particulier à faire passer à nos lecteurs français et francophones de l’étranger ? 

Nous souhaitons développer une communauté de personnes qui pensent qu’il est important de se réunir pour célébrer la création et sommes heureux de vous parler par lepetitjournal.com, où que vous soyez dans le monde. Encore une fois, il n’est pas obligatoire d’être sur place pour vivre une Exposition universelle. Et pour les entrepreneurs français, à l’étranger ou en France, il n’est jamais trop tard pour être mécène…

 

 


Le Pavillon français en quelques chiffres... 

  • 25.000 visiteurs estimés chaque jour en moyenne, tous espaces confondus
  • Un bâtiment de 87 mètres de long
  • Une façade principale de 17 mètres de hauteur 
  • 5.400 m2 de surface, 1.000 m2 de jardin 
  • 6 expositions temporaires
  • Des quinzaines thématiques conçues autour de 12 thèmes principaux

 


 

s : 140 m2 Bistrot : 120 m2
Boutique : 30 m2
Boulangerie-pâtisserie : 165 m2

 

 

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