Édition internationale

Le Dalaï Lama et la compassion comme essence du bonheur

Alors que le Dalaï-Lama s’apprête à fêter ses 90 ans le 6 juillet 2025, Lepetitjournal.com assiste à la projection du documentaire La Pleine Conscience du bonheur. Un voyage avec le Dalaï-Lama. Plus qu’un film, il nous invite à une réflexion sur la vie, la paix intérieure et la recherche du bonheur.

dalai lamadalai lama
Écrit par Mélanie Pierre
Publié le 4 juillet 2025, mis à jour le 5 juillet 2025

 

Chef spirituel du bouddhisme tibétain, Tenzin Gyatso est le 14ᵉ Dalaï-Lama. Le 6 juillet 2025 marque ses 90 ans. Exilé en Inde depuis plus de soixante ans, il réside à Dharamsala. Il se décrit comme un « réfugié politique invité par le gouvernement indien ». À l’occasion de cet anniversaire symbolique, il confirme le 2 juillet 2025 qu’un successeur sera désigné après sa mort. Il souhaite assurer la continuité de sa fonction de guide spirituel de la communauté tibétaine.

 

Le Dalaï Lama confirme qu'il aura un successeur après sa mort

 

Sorti en 2024, le documentaire La Pleine Conscience du bonheur. Un voyage avec le Dalaï-Lama est réalisé par Barbara Miller, Philip Delaquis et Manuel Bauer, avec la collaboration de Richard Gere et Oren Moverman. Ensemble, ils proposent un témoignage rare et émouvant du Dalaï-Lama. Il partage sa vision du monde et s’interroge sur des questions telles que : Comment vivre en paix dans un monde troublé ? Quel regard porter sur les défis contemporains ? 

 

documentaire Dalai lama
© Mélanie Pierre

 

 


Un parcours spirituel entaché par une polémique 

Si son image de guide pacifique et de leader spirituel est largement célébrée dans le documentaire, elle est en réalité ternie par une polémique mondiale. En 2023, une vidéo montre le Dalaï-Lama embrassant un enfant lors d’un événement public. Elle devient virale. Cet incident a suscité une vive émotion à l’international. Face à la controverse, le Dalaï-Lama présente ses excuses. L’affaire relance un débat sur les figures religieuses, leur comportement en public, et l’impact de telles images dans une société hyperconnectée.

 

 

« Ne pas devenir esclave de ses émotions destructrices »

 

« Il faut réduire le fossé entre la réalité et notre perception », affirme le Dalaï-Lama.

 

Dans un monde où le « nous » contre le « eux » est majoritaire, le Dalaï-Lama place la compassion au cœur du bonheur. Ce mot « compassion », il le répète maintes fois tout le long du documentaire. C’est une valeur qu’il dit tenir de sa mère, et qu’il place au centre de son existence. Car sans compassion, selon lui, la peur et la méfiance s’installent. Elles laissent alors la voie libre aux émotions destructrices. « Dans un climat de méfiance, il devient difficile de communiquer avec les autres », souligne-t-il. Et le Dalaï-Lama l’affirme « Il ne faut pas devenir esclave de ses émotions destructrices ». Ces émotions sont souvent fondées sur des perceptions erronées, et non sur la réalité. D’où l’importance selon lui de « réduire le fossé entre la réalité et notre perception ». Pour y parvenir, il propose deux leviers essentiels : intégrer l’éducation émotionnelle de la maternelle jusqu’à l’université, et pratiquer ce qu’il appelle la méditation analytique.

Pour le Dalaï-Lama, la méditation développe la compassion. À distinguer de la méditation dite du « vide », qui consisterait simplement à faire le silence en soi. La méditation analytique consiste à réfléchir en profondeur, à interroger ses pensées et à mieux comprendre ses réactions. Il ajoute une composante fondamentale : la confiance en soi. Pas un égocentrisme fermé, mais un amour de soi sain et assumé. Car il rappelle « nous sommes des êtres humains ». L’objectif ultime du Dalaï-Lama, reste le même, celui d’atteindre le bonheur. Il invite chacun à dresser sa propre carte mentale des émotions et à mieux se connaître. Pendant la projection, nous sommes invités à apprendre à respirer pour entrer pleinement dans l’expérience.

 

 

Pour le Dalaï-Lama, le monde moderne souffre d’un manque d’affection humaine et de compassion.

 

Le regard du Dalaï-Lama sur la civilisation moderne 

« J’admire la civilisation moderne », confie le Dalaï-Lama. Il reconnaît volontiers les avancées technologiques qui font progresser notre monde. Mais cet enthousiasme n’efface pas ses inquiétudes. Selon lui, l’excès de compétition, la jalousie et la course permanente à la performance nuisent au bien-être humain. À ses yeux, le monde moderne souffre d’un manque d’affection humaine et de compassion. Et ces valeurs, lorsqu’elles sont absentes, mènent d’après lui à la solitude, à l’anxiété et à la dépression.

Il dénonce un monde matérialiste dans lequel nous voulons toujours plus et tout de suite qui alimente une insatisfaction constante. Ce besoin de consommer sans cesse et de posséder éloigne l’être humain de la paix intérieure et de la connexion sincère aux autres.

 

 

Bouddhisme et politique : une connexion forte avec le Tibet

 

tibet

 

Le Dalaï-Lama porte plus qu’un message spirituel. Il témoigne d’un engagement politique, en particulier pour le Tibet, son pays natal. Aujourd’hui occupé militairement par la Chine, le Tibet était avant 1959 un territoire fondé sur des principes de paix et de non-violence. Depuis, plus d’un million de Tibétains ont perdu la vie. Le documentaire expose des images de tortures, d'emprisonnement, des camps de travail et de destruction du patrimoine culturel. Le Dalaï-Lama dénonce un génocide culturel orchestré par les autorités chinoises.

 

L'Inde multi-ethnique : les Tibétains, les meilleurs réfugiés du monde

 

Il étend aussi sa réflexion à l’état du monde et s’interroge : si les femmes occupaient davantage de postes à responsabilité, le monde ne serait-il pas plus pacifique ? Il explique que certains lamas se sont réincarnés en femmes et n’exclut pas qu’un jour une femme puisse porter le titre de Dalaï-Lama. Son engagement est aussi écologique. Il rappelle que la Terre est « notre seule maison ». Qu’il est urgent de la protéger. Non pas comme un acte isolé, mais comme une part intégrante de notre vie quotidienne. Et il insiste sur la nécessité de tirer des leçons du passé. 

 

Parfois, le message dépasse le messager.

 

À l’approche de ses 90 ans, le Dalaï-Lama demeure une figure mondiale saluée pour son message de paix et de compassion. Mais l’affaire de 2023 a mis à mal son image de guide spirituel irréprochable. Le contraste entre son image publique et le geste largement condamné a fissuré l’aura quasi intouchable dont il bénéficiait depuis des décennies. Preuve que parfois, le message dépasse le messager.


 

 

Commentaires

Votre email ne sera jamais publié sur le site.