Aux Ateliers de l’Institut français, la culture comme arme face au monde fracturé

 

 

La venue jusqu’au Parc Floral de Paris fait passer près du Château de Vincennes, majestueux. L’air est doux pour annoncer les Ateliers de l’Institut Français, le grand rassemblement du réseau culturel français à l’étranger. Sous le thème « Garder le cap ! », l’édition 2025 met justement le cap vers une diplomatie culturelle plus influente. Un petit déjeuner convivial passé, les Ateliers débutent par une séance plénière dans le grand Hall de la Pinède. Eva Nguyen Binh, présidente de l’Institut français, ouvre le bal culturel avec un appel à renouveler la coopération internationale : “Ici sont rassemblés nombre de ceux qui font notre action d’influence, notre action culturelle à l’international au quotidien. Sans oublier des étudiants intéressés par nos actions. Leur présence nous incite à changer de regard, changer d’angle.” Dans un contexte “fragmenté, ultra compétitif”, la présidente rappelle l’importance de garder “le cap de la défense de nos valeurs et de nos intérêts”, tout en invitant à “revisiter nos actions et nos façons de faire”.

 

 

Lorsqu’il s’agit de la culture, il n’y a pas de négociation

 

 

 

 

Eva Nguyen Binh, Institut Français : “La culture est indispensable à une société”

 

 

“Nous sommes reconnus partout comme la nation culturelle” 

L’Institut français est placé sous la tutelle de deux ministères. Rachida Dati, ministre de la Culture prend la première la parole : “la diplomatie culturelle est aujourd’hui un levier d’influence, de souveraineté et de rayonnement pour la France” rappelle-t-elle plusieurs fois. Fière, Rachida Dati le constate lors de ses déplacements : “ nous sommes reconnus à l’international comme étant la nation culturelle. Il y a toujours des négociations sur les aspects industriels ou économiques. Mais lorsqu’il s’agit de la culture, il n’y a pas de négociation” sourit-elle à l’assemblée. 

 

La Chine, les pays du Golfe, l’Asie… Si nous ne venons pas à eux, ils avanceront sans nous. Il n’y a plus de rente de situation.

 

La ministre de la Culture revient longuement sur les actions du ministère - la culture représente près de 5% du PIB en 2025 -  mais aussi sur les ruptures majeures auxquelles la France doit répondre par une stratégie culturelle structurée : “Nous devons défendre le droit d’auteur, réguler l’IA, et valoriser notre expertise (…). Au cœur des crises politiques, nous travaillons sur des projets d’appui au patrimoine”,  mentionnant également l’accueil de 39 artistes de Gaza et leur famille comme symbole de solidarité et de protection. Parmi les actions, Rachida Dati rappelle des avancées sur la restitution des biens culturels et sa volonté de se rapprocher de nouveaux acteurs culturels : “La Chine, les pays du Golfe, l’Asie… Ces pays sont conscients de la force de notre modèle, de la profondeur de nos ressources culturelles. Si nous ne venons pas à eux, ils avanceront sans nous. Il n’y a plus de rente de situation.” 

 

 

La France dérange. (...) on nous déclare la guerre dans le champ de perception. Ils visent les esprits, ils visent la conscience

 

 

 

"Le réarmement passe aussi par les armes de l'esprit"

Jean-Noël Barrot,  dont le ministère est conjointement tuteur de l’Institut Français, appelle avec force à une "résistance culturelle" face aux menaces globales. “À l’heure où “s’accumulent les nuages noirs de l’obscurantisme”, il a lancé un appel solennel à défendre les Lumières, la culture, la pensée libre, et l’esprit critique face aux offensives idéologiques et géopolitiques qui menacent la France et le monde. Rappelant l’effort historique de réarmement militaire en cours, le locataire du Quai d’Orsay insiste : “Ce réarmement ne peut être que militaire. Il passe aussi par les armes de l’esprit, la culture, le savoir, la pensée. Ces armes sont celles de la conscience, celles qui nous donnent la force morale pour résister au réveil des empires et au retour de la force brutale” 

 

Au moment où s’accumulent les nuages noirs de l’obscurantisme, ne laissons pas s’éteindre les Lumières.

 

 

 

“La France dérange. Elle dérange l'international réactionnaire, les autocrates et les régimes illibéraux, les oligarchies corrompues, les révisionnistes et les complotistes de tous bords. Tous ces individus ont déclaré la guerre à la France. Pas sur le champ de bataille, pas ouvertement - Ils sont trop lâches et nous sommes trop puissants.- Ils nous ont déclaré la guerre dans le champ de perception. Ils visent les esprits, ils visent la conscience” souligne-t-il dans un véritable plaidoyer pour la nation. À travers de nombreux exemples – de Notre-Dame à la Biennale de Venise, des séries françaises et festivals aux actions des Instituts français présents dans le monde entier, le ministre dresse un tableau de la culture française comme instrument diplomatique majeur. Il livre un ultime appel à la mobilisation : “au moment où s’accumulent les nuages noirs de l’obscurantisme, ne laissons pas s’éteindre les Lumières.” 

 

 

 

Les Ateliers de l’Institut Français continuent toute la journée du 18 juillet 2025 autour de grandes thématiques, de rencontres et de réflexions communes au cœur de l’apaisant Parc Floral.