Mea Culpa. Mon erreur première a été de confondre identité et métier.
Ayant été très bonne élève pendant mon enfance, il a pendant longtemps été attendu de moi que je fasse une carrière digne de ce nom.
Hors de question donc de faire un métier qui ne nécessiterait pas de longues études et qui ne me rapporterait pas un gros salaire. J’ai donc, au milieux de mes études de lettres modernes, décidé de me réorienter vers une école de business pour ne pas avoir à trimer en tant qu’écrivain ou prof de Lettres.
J’ai vécu pendant ma carrière ce que j’appellerais le syndrome de la bonne petite fille. Je faisais en sorte de m’intégrer dans l’entreprise et sa culture, d’être appréciée de mon patron et de mes collègues. De ne pas faire trop de vagues et de faire du bon travail. Je voulais juste bien faire, mais peut-être de façons trop scolaire, car le coeur n’y était pas vraiment.
C’est près de 20 ans plus tard que je me suis réveillée et que j’ai réalisé que ma carrière en marketing ne me convenait pas. Aujourd’hui je me rends compte que j’ai eu tort de mettre mes rêves de côté sous prétexte d’avoir un bon statut social et la sécurité financière.
Malheureusement, je suis loin d’être la seule dans ce cas, et trop nombreux sont ceux qui sacrifient encore plus de 40 heures par semaine, soit environ un tiers de leur temps « éveillé » à faire une activité qui ne leur convient pas ou plus. J’ai mis volontairement le mot éveillé entre guillemets pour mettre l’accent sur le fait que dans ce cas de figure, le subconscient prend le relais de la plupart de nos taches pour les effectuer en pilotage automatique.
Chaque jour, nous suivons notre routine de façon automatique, nous n’avons plus besoin de réfléchir pour nous lever, nous doucher, déjeuner, nous brosser les dents avant de prendre la route du travail. Peut-être même vérifiez-vous vos mails sur votre trajet ou pendant le petit déjeuner afin de démarrer votre journée de travail en avance ?
Cette routine en pilotage automatique est tout à fait normale
Elle permet à notre cerveau d’économiser de l’énergie. Vous vous imaginez, si à chaque fois que vous preniez le volant vous deviez réfléchir à chaque mouvement que vous faites sur l’accélérateur, l’embrayage, le pommeau de vitesse, etc… ? Heureusement, notre subconscient est capable de prendre le relais et nous pouvons donc, après quelques années de pratique, conduire de façon tout à fait détendue et quasi-automatique.
Le problème, c’est quand nos journées entières sont passées en mode pilotage automatique et que l’on réalise en fin d’année qu’une année complète vient de passer sans que l’on ait pu vraiment la savourer et en Vivre (avec un grand V) chaque instant.
Alors, oui, dans ces moments là, on se dit que l’on n’a pas vraiment de raisons de se plaindre : un bon emploi, un toit sous lequel dormir, 5 semaines de congés payés, de quoi payer les factures et et l’éducation des enfants, et pour finir : une petite retraite au bout du tunnel…
Est-ce que c’est de ça dont nous rêvions quand nous étions jeunes étudiants ? Un bon salaire pour vous payer des choses dont nous n’avons soit pas besoin, soit pas le temps de profiter ?
Je ne jette pas la pierre à personne, je suis moi aussi passée par là et il a fallu que mon corps lâche fin 2013 pour me rendre à l’évidence. Mon burn-out m’a appris une chose : je ne pouvais plus continuer comme ça.
Quand on fait un burn-out, on perd tout ses repères
On se sent soudain profondément incapable, incapable de continuer, incapable d’effectuer même la tache la plus anodine que nous effectuions au moins dix fois par jour dans notre ancienne vie.
Mon expérience de burn-out, je la comparerais à devenir papillon. Une fois que l’on est papillon on ne peut plus retourner en arrière et redevenir chenille. On ne peut plus faire semblant d’aimer ce que l’on n’aime plus, jouer un rôle que ne nous convient plus, entrer dans les petits jeux politiques de l’entreprise, notre métier n’a plus vraiment de sens pour nous.
Alors si nous ne sommes plus responsable marketing, pharmacien, CEO ou autre, alors qui sommes nous ? C’est une question à laquelle beaucoup d’entre nous ont beaucoup de mal à répondre. C’est une des raisons pour laquelle le burn-out est si difficile, il s’accompagne d’une véritable perte d’identité. Et cela prend du temps pour redécouvrir qui nous sommes vraiment, en dessous de toutes ces étiquettes que nous nous sommes collées tout au long de notre vie. De l’étudiant en droit, au stagiaire, au juriste, au responsable Légal, au directeur juridique, etc… quel que soit notre parcours, les étiquettes se sont accumulées au dessus de notre moi.
Nombreuses sont les personnes qui sont tombées en dépression pendant la crise de 2008 aux Etats-Unis, non seulement à cause de la perte de revenus financiers, mais encore plus difficile à gérer, la perte d’identité. C’est le personnage entier que l’on s’est construit pendant de longues années d’études et de carrière qui s’écroule.
Comment le burn-out ou la perte de d’un emploi deviennent-il une opportunité ?
C’est l’opportunité de se retrouver derrière tous les titres et tous les rôles que l’on a joué.
C’est de prendre conscience que nous ne sommes pas ce que l’on fait. C’est de se reconnecter avec ses émotions les plus profondes, même si parfois ce sont celles de la douleur. Au moins on se sent exister, on fait tomber les masques, on peut se montrer vulnérable, car personne n’est parfait, personne n’est fait de pierre, et personne ne peut être décrite juste par un titre professionnel.
Nous sommes des créatures complexes et uniques, nous avons tous un don, de la valeur à apporter au monde.
Peut-être que cette valeur n’est pas à apporter sous forme de métier (comme le soutien à une communauté, à un proche), et c’est parfait comme cela.
Peut-être que c’est un métier qui ne demande pas de faire de hautes études (même si on déjà bardé de diplômes) et c’est parfait comme cela.
Peut-être que cela va à l’encontre de ce que votre famille aurait souhaité pour vous, et c’est parfait comme cela.
Peut-être que c’est un vieux rêve d’enfant et c’est parfait comme cela.
Peut-être que vous ne gagnerez que peu d’argent et c’est parfait comme cela.
Je ne dis pas que c’est parfait de gagner peu d’argent, je dis simplement que si peu d’argent vous suffit c’est parfait comme cela, si vous souhaitez gagner plus, cela arrivera en temps et en heure, quand vous serez excellent dans ce que vous faites à force d’apprentissage et de pratique et aussi quand prêt à recevoir plus.
Le tout est d’aligner nos actions avec qui nous sommes vraiment
Je ne parle pas forcément de tout plaquer, mais parfois de faire juste quelques ajustements dans sa vie afin de s'aligner avec soi-même.
Pour que notre corps (nos actions), notre coeur (nos passions) et notre esprit (notre moi conscient et inconscient) soient en accord.
Bien souvent le burn-out et bien d’autres maladies surviennent quand il y a un conflit interne entre qui nous sommes vraiment (moi) et ce que nous voulons laisser transparaître (ego).
Si vous aussi avez perdu votre emploi ou avez fait un burn-out, ou connaissez quelqu’un dans cette situation, sachez que même si cette situation est très douloureuse et demande beaucoup de temps pour s’en remettre. On en ressort le plus souvent grandi, grandi car on a appris beaucoup de choses sur soi, sur ce qui est important pour soi, sur ce qui nous rend heureux et ce qui ne nous convient plus. Pour de nombreuses personnes c’est l’occasion de repenser sa vie et y opérer les changements nécessaires pour qu’elle soit pleinement épanouissante.