Sylvie, 35 ans, directrice de création dans une agence de pub à Sydney ne rentrera pas en France sans avoir tout tenté pour rester en Australie. Son patron, un parisien, qui lui est sur le retour, n’a pas réussi à rallonger le contrat de travail de celle qu’il considère être une très bonne professionnelle.
Dans six mois, Sylvie n’aura plus de visa. Ses options sont limitées. Les chances de se faire engager sans papiers sont minimes et si monter son propre business semble la solution la plus évidente, elle n’a aucune idée de ce qu’elle pourrait faire, « rêver ma vie ou vivre mes rêves ? », telle est la question que notre héroïne du jour se pose constamment.
« Ce job qui se finit me fait mal, c’est dur à encaisser, mon ego en prend un coup. C’est peut-être aussi un tremplin, l’opportunité de ma vie de faire complètement autre chose, quelque chose qui colle à qui je suis aujourd’hui ». Lorsque Sylvie aborde ses nouvelles options professionnelles qui tournent toutes autour de ce qu’elle connaît, je ne la sens pas trop convaincue, donc pas très convaincante. « Je peux monter ma propre boîte de design ou faire du business entre la France et l’Australie ». Et ça, pour vous, c’est faire quelque chose de différent ? Vous n’avez pas un job dont vous avez toujours rêvé ? « Oui, mais c’est ridicule. J’ai une idée en tête depuis toujours, mais je n’y connais rien, c’est nul ». J’insiste. Elle hésite puis enfin, se lance, « J’aimerais ouvrir un bed and breakfast sur la Gold Coast, avec une ambiance chic et relax en même temps, mais ai-je bien le droit de rêver à cela ? ». Bien sûr, Sylvie. Bien sûr.
Vivre son rêve
Simple à comprendre intellectuellement mais difficile à appliquer lorsque l’on est dans une période de doute et de recherche. Sylvie, comme nombre de gens avec qui je travaille, cherche d’abord à définir ce qu’elle devrait faire au lieu de réfléchir à ce qu’elle voudrait vraiment faire. « J’ai besoin de savoir ce qu’il y a au bout d’une route avant de l’emprunter, mais mon objectif reste encore trop confus. J’ai l’impression de faire plein de petits bouts de chemin qui correspondent à plein de petits bouts d’idées de jobs, avec à chaque fois un retour à la case départ qui me paralyse encore un peu plus qu’avant ». Même si son business de rêve, un bed and breakfast sur la Gold Coast est difficilement atteignable, en faire son objectif numéro un lui montrera quelle direction prendre. « Vous me demandez d’aller au bout de mon rêve, alors que je n’ai aucune expérience pour monter un projet tel que le mien. Est-ce bien raisonnable ? ». Non, et alors ? Je ne vous demande pas d’agir mais de rêver et de voir à quoi cela ressemble.
Au fil de nos séances, Sylvie passe, avec courage et détermination, de l’excitation de vivre son rêve à un constat brutal mais vrai. « Ce n’est pas possible, je n’y arriverai pas, économiquement ce n’est pas viable. Alors que je devrais être déçue et vexée, je ressens tout le contraire. En effet, ce voyage vers mon rêve le plus fou me confirme que partir de France et reconstruire une vie ailleurs est ma destinée. Rêver de m’installer sur la Gold Coast, c’était avant tout exprimer mon désir de ne pas rentrer au pays. Je veux être loin de mes parents et de mes amis qui, même s’ils me veulent du bien, sont souvent négatifs sur la façon dont je dirige ma vie. Je veux vivre pour moi, je ne veux plus subir. Résider à Sydney peut ressembler à une fuite, mais j’assume. Maintenant, je ne dois pas rater ma tentative d’évasion ».
Cette découverte a éclairci son horizon, « j’ai des nouveaux fondamentaux de vie, en phase avec la Sylvie d’aujourd’hui. Rien ne les changera ». Ceux-ci seront testés plus vite qu’elle ne le pense. Son ex-patron a pris la direction d’une agence de publicité à Paris. Il pense à elle pour le poste de directeur de création, avec un gros salaire à la clef. Malgré la tentation, elle lui explique pourquoi elle refuse son offre. « Je ne veux plus faire ce que l’on me dit de faire ». Il lui parle alors d’un ami, Ian, qui vient de monter à Londres une boîte de design publicitaire, une petite structure composée de cinq personnes, spécialisée dans l’univers du luxe et de la mode. Il s’est déjà associé à quelqu’un en Italie et pourrait être intéressé de faire la même chose à Sydney. Dès leur première rencontre sur Skype, Ian et Alice savent qu’ils sont faits pour travailler ensemble.
« C’est bizarre de réaliser que je voulais m’éloigner du milieu de la publicité et qu’aujourd’hui, je me retrouve en plein dedans, mais comme j’ai envie que cela soit, à ma façon. Sans avoir eu le courage d’aller au bout de mon rêve, je n’aurai jamais compris ce que je recherchais vraiment. Ce nouveau job avec Ian est en fin de compte mon bed and breakfast sur la Gold Coast » dit-elle en riant. Avec son coach à ses côtés, Sylvie vient de réaliser que le rêve est bien plus souvent un outil pour arriver à un but qu’un but en soi-même. Dont acte. Ne rêvez plus votre vie, et vivez vos rêves.
En savoir plus:
Le site de Nicolas Serres Cousiné www.monlifecoach.com,
Avertissement: Les chroniques de Nicolas Serres-Cousiné sur lepetitjournal.com s’inspirent de sa pratique professionnelle. Chaque chronique est un mélange romancé de plusieurs témoignages sur le même thème. Ils ont été modifiés de manière à préserver l’anonymat de leurs auteurs.