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Le sentiment de solitude à l'épreuve de l'expatriation

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Écrit par Nathalie Lecomte
Publié le 10 juillet 2019, mis à jour le 19 octobre 2023

L’expatriation entraîne souvent des bouleversements qui précipitent ou exacerbent la confrontation à la solitude. Aborder des tranches de vie au gré de rencontres temporaires, même enrichissantes, n’est pas toujours aisé. Parfois pénible à vivre, la solitude est surmontable et même pleine de promesses pour qui sait en décrypter les ressorts. Plutôt solitaire à la base on saura déjà gérer cet aspect, dans le cas contraire la nostalgie guette.

 

On associe spontanément la solitude à un sentiment douloureux lié à l'absence ou la perte (de son identité, de son passé...). C’est donc une souffrance qu’on craint. Pourtant, la solitude fait partie de l’existence et en reste un enjeu inéluctable. Les penseurs grecs avaient déjà mis en évidence que nos différences font de nous des êtres uniques qui sommes nés et disparaitrons seuls.

 

La solitude prend différentes formes selon à quoi on l'associe (déracinement, manque, manière de tisser des liens à l’étranger…). Marc l’a liée à son mal du pays : «On perd toujours quelque chose quand on avance, mais je regrette mon ancienne vie. Pour compenser mon malaise, j’ai favorisé le maintien du lien avec mes proches en France, mais ici ça a été compris comme du repli sur soi, ce qui n’a pas facilité mon intégration». Pour Léa, cela s’est joué sur les plans relationnel et identitaire : «Plutôt ouverte et enthousiaste, j’ai eu l’impression de faire tous les efforts et que les autres n’étaient pas trop disposés à s'investir avec quelqu’un seulement de passage. Loin de mes amis, je me sentais trop différente. A la longue, j’ai perdu en confiance et je me suis isolée. Je me forçais à m’intégrer sans être vraiment moi et ça ne marchait pas».

Chaque expérience est unique : on s'intègre plus ou moins, parfois non. L’effort d’adaptation peut devenir si important qu’on s’installe dans un retrait protecteur vis-à-vis de l’autre. Paradoxalement, on n’a jamais autant communiqué grâce à la technologie mais la solitude reste bien réelle, voire angoissante. Pour la contenir, on s’engage alors dans des relations compensatoires, superficielles (en attendant mieux) ou dans la passivité (retrait). Bien sûr, les relations renouvelées entre les gens ont une fin, mais cela ne les empêche pas d'être ce qu'elles sont et de nourrir notre existence. Chacun poursuit son chemin de son côté mais c’est aussi le cas dans la vie non expatriée. Ces liens contribuent aussi à atténuer le sentiment de pertes répétées parfois vécu à l’étranger. Le repli sur soi peut sembler protecteur mais il s’établit toujours au détriment de notre sensibilité à l’autre. 

 

Comment mieux vivre la solitude ?

Prendre conscience que l’isolement existentiel est lié à la condition humaine aide à accepter la solitude puis à percevoir son versant positif.Pour se lier à l’autre, il faut d'abord être en lien avec soi-même et expérimenter notre propre solitude, sinon nous ne faisons qu'utiliser l’autre comme une béquille. A l’étranger loin de tout ce qu’on connaît et qui nous rassure, on est contraint d’aller vers l’inconnu. C’est l’occasion d’apprendre sur soi (découvrir ses potentiels et même se surprendre) et sur les autres. 

Accepter que la solitude fasse partie de la vie implique qu’on l’apprivoise plutôt que de tenter d’y trouver des palliatifs. Il ne s’agit pas de s’intégrer à tout prix en s’oubliant, mais de s’engager dans des relations plus authentiques (qui nourrissent) et moins superficielles (qui nous font juste croire qu’on est moins seul). Léa a appris à être seule de manière constructive : «J’ai choisi de me respecter plutôt qu'éviter à tout prix la solitude». Elle a ensuite décidé de sortir de sa zone de confort et d’aller vers de nouvelles amitiés pour retrouver sa confiance en soi : « Cette expérience m’a finalement aidée à me renforcer : j'ai beaucoup appris sur moi. On n’est jamais seule à se sentir seule». 

 

Il est donc important de comprendre le processus d’isolement dans lequel on s’enferme pour en changer les règles, et de ne pas hésiter à se faire aider et accompagner au besoin.

nathalie lecomte
Publié le 11 juillet 2019, mis à jour le 19 octobre 2023
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