Directeur général d’Accenture pour la zone Moyen-Orient et Turquie, Alexis Lecanuet revient avec nous, depuis Dubaï où il réside, sur son expérience dans le conseil et la transformation de grands groupes.
EN PARTENARIAT AVEC SKEMA ALUMNI
Cela fait 23 ans que vous travaillez pour Accenture. Comment tout a commencé ?
Une fois diplômé de SKEMA, j’ai d’abord passé un an à la tête de la Confédération Nationale des Junior Entreprises avant de m’expatrier en Hongrie comme Volontaire du Service National en Entreprise pour la Compagnie des eaux dans la branche Telecom naissante. J’y ai rencontré la femme de ma vie, mais je n’avais toujours pas trouvé le secteur dans lequel faire carrière. A l’époque, la grande distribution offrait des débouchés intéressants. En 1996, je suis donc entré chez Accenture en me spécialisant dans ce secteur et j’y ai développé ma carrière jusqu’à devenir responsable de l’industrie de la Distribution (pour l’Europe, l’Amérique latine, l’Afrique et le Moyen-Orient) près de 20 ans plus tard.
Pourquoi avoir choisi de vous installer à Dubaï en 2015 ?
Je passais régulièrement par les Emirats Arabes Unis, qui faisaient partie de la zone géographique que je couvrais. La zone combinait de nombreux attraits pour une vie familiale (mes 4 filles avaient entre 4 et 14 ans) ainsi qu’un potentiel de développement intéressant pour Accenture, de par le potentiel de développement du marché et l’attrait pour l’innovation. Quand ma hiérarchie m’a proposé d’être muté à Dubaï, avec mon épouse, nous avons pris la décision en 30 minutes ! Au bout d’un an sur place, j’ai pris en charge le portefeuille régional des clients « produits de consommation » (transport, distribution, tourisme, pharmacie), avant d’être nommé en 2018, responsable de l’ensemble des activités d’Accenture dans la région. D’un point de vue professionnel, c’est passionnant, même si cela n’a rien d’un long fleuve tranquille. Concernant la qualité de vie, c’est extraordinaire : on vit à l’extérieur huit mois de l’année, j’ai beaucoup plus de temps à consacrer à ma famille qu’à Paris. On est en train de se créer des souvenirs fondateurs dans notre vie à six.
Quels sont les secteurs prioritaires d’Accenture au Moyen-Orient ?
Ma mission est d’ancrer Accenture sur le territoire du moyen orient, via le support à la transformation des industries majeures que sont l’énergie, les services publics, le tourisme, la banque, la distribution, les télécommunications et en accompagnant leur digitalisation. Nous travaillons avec peu de clients (mais les principaux de la région), comme dans le reste du monde. Afin de maximiser notre impact, nous participons au développement d’une main d’œuvre locale qualifiée, aux compétences pertinentes pour les nouveaux métiers. Jusqu’à présent, notre modèle régional reposait essentiellement sur les expatriés. Progressivement, nous créons davantage de postes à forte valeur ajoutée pour des nationaux, en Arabie Saoudite et dans les Emirats, et nous encourageons la vague de diversité de genre dans les effectifs et le management.
Quels challenges rencontrez-vous au quotidien ?
Comment donner plus de place aux femmes et offrir des postes attractifs pour les jeunes locaux en est un. A cette fin, nous consolidons des partenariats avec les universités, les grands employeurs de la région ou des évènements majeurs tels que l’exposition universelle de 2020 à Dubaï. Un autre challenge est d’améliorer l’efficacité de nos clients via les synergies et les programmes de réduction des coûts. Pendant les 15 dernières années, le modèle de nombreuses entreprises locales visait avant tout la croissance. C’est une tendance qui commence à s’inverser : on observe de plus en plus de volonté d’optimisation des coûts et d’efficacité des modèles opérationnels comme par exemple via des services partagés dans les ressources humaines, la finance, les achats.
Vous travaillez avec 53 nationalités. Comment créer des méthodes de travail qui s’accommodent de ce multiculturalisme tout en respectant les standards internationaux d’Accenture ?
Au sein du groupe, nous sommes fiers de parler de notre « culture des cultures ». Bien que notre histoire soit américaine, le management mondial est réparti dans le monde entier, sans que nous ayons un siège mondial. Au final, on est une organisation multipolaire et diverse. Quand je suis arrivé à Dubaï, après plus de 20 ans d’expérience dans l’entreprise, j’avais déjà cet ADN international, que j’étais chargé insuffler au Moyen-Orient. D’autant plus que les activités étaient relativement récentes et les équipes fonctionnaient un peu comme une start-up. C’est une équation passionnante que de contribuer à connecter les activités du Moyen-Orient au reste du monde. Par ailleurs, la mentalité toujours tournée vers l’avenir caractéristique de la région est excessivement rafraichissante quand on vient de la « vieille » Europe.
Comment voyez-vous votre avenir ?
Nous avons l’ambition d’impacter la transformation des sept plus grandes industries de la région et d’atteindre un milliard de dollars de revenus pour la région. C’est donc mon mandat unique pour les années à venir. Je me projette avec envie dans la région sur le long terme.
Propos recueillis par Justine Hugues