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Vincent Marion: l’art de vivre à la française expliqué aux Chinois

Vincent Marion expatriation entrepreneur ChineVincent Marion expatriation entrepreneur Chine
Écrit par SKEMA Alumni
Publié le 5 décembre 2018, mis à jour le 18 juin 2019

A 29 ans, Vincent Marion met toute son énergie dans deux sociétés qu’il dirige à Shanghai. Cheese Republic, premier site de vente de fromages en Chine, monté en avril 2016 et Francelysee, un blog sur l’art de vivre à la Française devenu une agence de marketing, spécialisée dans le gourmet et le lifestyle.

 

Skema Alumni
EN PARTENARIAT AVEC SKEMA ALUMNI

Vous êtes installé depuis 4 ans à Shanghai. Pourquoi la Chine ?

Vincent Marion : Je suis venu en Chine pour la première fois en 2010, alors que j’étais étudiant en droit depuis 3 ans. Je suis venu faire un échange à Wuhan, la plus grande ville étudiante du monde, pour étudier le droit chinois. J’ai été fasciné par les Chinois, leur sens de l’entreprise, leur coté très positif. Avec 10% de croissance à l’époque, il y avait une dynamique phénoménale. J’ai constaté qu’ils ont une très bonne opinion de la France. Les habitants de la première économie au monde estiment que dans le domaine des cosmétiques, le tourisme, l’éducation, le luxe, la gastronomie, la mode, la France est championne. Cela ouvrait la porte à de très nombreuses possibilités. J’ai arrêté le droit et choisi de faire une école de commerce, SKEMA, en 2012 parce qu’elle a le plus gros campus français en Chine. Pour moi, c’était la meilleure solution pour revenir en Chine et y monter mon entreprise, un site pour faire la promotion de la France en Chine, et c’est ce que l’on est en train de faire.
 

Vous avez  un parcours atypique puisque vous vous êtes réorienté pour pouvoir mener à bien votre projet. Comment avez-vous procédé ?

Je n’étais pas passionné par le droit et j’en ai fait 5 ans. C’est difficile d’arrêter si près du but pour recommencer quelque chose qui nous convient mieux. C’est le choix que j’ai fait et je ne le regrette pas du tout. Après ma première année de gestion, j’ai travaillé un an chez Google en France pendant l’année de césure pour mieux comprendre l’univers numérique. J’y ai beaucoup appris et ça m’a permis de mettre un peu d’argent de côté. En dernière année à SKEMA, je suis parti à Suzhou, faire un Master entrepreneuriat. En même temps j’ai lancé « Francelysee » sur WeChat, parlant de l’art de vivre à la française. La Chine a son propre écosystème sur internet. Les Chinois passent 30% du temps sur leur smartphone sur cette appli incontournable. On a rapidement eu beaucoup d’abonnés. Il y avait un business model à trouver qui s’est affiné au fil du temps avec une concentration sur l’industrie alimentaire.

Cheese republic Shanghai
Qu’est-ce qui vous différencie des autres ?

Les seules infos que l’on trouvait sur la France en chinois étaient rédigées par des Chinois. On a une analyse différente en tant que Français.

On a appris WeChat sur le tas, on a vu quels étaient les sujets les plus tendances. On a déjà publié plus de 1000 articles.  Début 2016, j’ai rencontré des personnes qui ont proposé de vendre du fromage d’où la création de Cheese Republic.

Pour Cheese Republic, nous nous sommes concentrés sur la cible des occidentaux, qui avaient un fort besoin en fromage et …la capacité de dépenser 40 euros chaque semaine pour un plateau ! Nous sommes devenus les leaders de la vente de fromage en Chine.

Rapidement, d’autres marques sont venues nous voir pour que l’on fasse leur promotion. Depuis, on gère la communication de sociétés qui vendent du foie gras, du jambon, du saucisson, du vin… Nous ciblons uniquement les Chinois. En tant que Français, nous connaissons les produits ; notre staff chinois, lui, sait comment créer des stratégies pour optimiser les ventes.

J’ai toujours géré les deux sociétés en même temps même si je ne suis plus actionnaire de Cheese Republic (revendue en août 2017 à des distributeurs). Aujourd’hui, l’agence marketing emploie une douzaine de personnes et dans le même bureau, 5-6 personnes de plus travaillent pour Cheese Republic.

Quelles sont vos ambitions ?

Francelysees
Notre objectif ?  Grossir ! Nous voulons devenir l’agence leader dans le marketing dans l’industrie de la food. On a plus d’une dizaine de clients et on gère aussi la communication du plus gros groupe hôtelier chinois qui a acheté la marque Campanile (3 étoiles). Contrairement aux autres agences, on est très concentré sur ces secteurs.  On pense qu’il y a beaucoup d’enjeux et d’opportunités.  

De plus, puisque nous avons même créé de A-Z une marque alimentaire (Cheese Republic), nous sommes désormais en mesure de répliquer ce modèle pour nos nouveaux clients. En premier lieu, nous créons des stratégies pour nos marques et gérons leur mise en œuvre : création de contenu, social media, e-commerce, événement etc. Ensuite, au-delà de notre mission initiale, nous mettons en relation la marque avec des partenaires pour gérer l’import, stockage, e-commerce logistique etc. 

 

Entreprendre en Chine, c’est facile ?

Lancer un projet, c’est plus simple quand on a une croissance à deux chiffres ! Mais la Chine a évolué, l’économie a ralenti, il y a des enjeux juridiques complexes, des problèmes de visas, des contraintes fortes dans notre secteur de l’alimentaire. L’écosystème est difficile. De plus on est loin de ses racines, de sa famille, on n’a pas beaucoup de soutien, pas d’argent, pas beaucoup de réseau. Mais ça vaut vraiment la peine. Heureusement que j’ai su m’écouter et arrêter le droit pour entreprendre. Il faut juste faire attention à ne pas s’endetter, mais il faut tenter, se faire confiance, ne pas croire que c’est impossible.

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