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Caulaincourt Paris, la maison de souliers française d’Alexis Lafont

alexis lafont fondateur de Caulaincourt Parisalexis lafont fondateur de Caulaincourt Paris
Écrit par Raphaëlle Choël
Publié le 26 décembre 2022, mis à jour le 26 décembre 2022

Passionné de soulier, féru de matières nobles et fasciné par la notion de patine, Alexis Lafont décida de lancer Caulaincourt. Rencontre avec un esthète passionné qui fait des émules en France et à l'étranger. 

 

Tout portait à croire qu’Alexis Lafont se lancerait dans une carrière artistique, car il a longtemps cultivé la pratique de la sculpture, du dessin et de la photographie. Il suivit pourtant un parcours académique assez classique avec un démarrage de vie professionnelle à succès, mais quelque chose d’important manquait. Il se décida alors à se lancer dans l’entrepreneuriat. Passionné de soulier, féru de matières nobles et fasciné par la notion de patine, il décida de lancer Caulaincourt. Une aventure qui lui permettrait de réunir les disciplines artistiques dans lesquelles il s’épanouissait depuis toujours : la sculpture pour la création des formes, le dessin pour la conception des modèles et la photographie pour la capacité à mettre un objet en beauté grâce à la lumière qui se reflète sur le cuir, révélant ainsi les nuances et les teintes. La première collection fut lancée en 2008 et quelques mois plus tard l’ouverture d’une boutique devient une évidence. D’autres suivirent (quatre à Paris) ; la maison a également ouvert une boutique à Dubaï depuis 2021, et possède des antennes permettant de servir des clients aux Etats-Unis, au Japon, et en Suisse.

 

Alexis Lafont de Caulaincourt Paris


Pouvez-vous nous parler un peu de vous, comment est née votre passion pour la création?

Je suis le croisement du monde de ma mère (violoniste, issue d’une famille d’artistes) et du monde de mon père (homme d’affaire, issu d’un monde cartésien). J’ai beaucoup voyagé, en tant qu’enfant mais ensuite aussi. On m’a appris à faire cohabiter la rigueur et la créativité… challenge de taille. Ensuite la vie m’a poussé dans un sens : m’affranchir des codes, des autres, des obligations diverses pour assumer ma singularité. Cette singularité – ingrédient vital à tout créatif – a été ensuite « bonifiée » avec l’humilité que vous apprend nécessairement l’entreprenariat.

 

Le départ de tout, c’est que j’ai choisi mon métier. J’aurais pu me lancer dans une carrière artistique, car j’ai longtemps cultivé la pratique de la sculpture, du dessin et de la photographie. J’ai pourtant finalement, sur le papier, un parcours assez classique avec des études de commerce, de marketing et d’ingénieur. J’ai débuté ma vie professionnelle en marketing et stratégie mais il me manquait quelque chose. J’évoluais dans un milieu écrasé par les conventions et bouillonnais d’exprimer ma créativité. C’est un drame personnel qui m’aida à changer de vie et à me lancer dans l’aventure de l’entrepreneuriat. Mon désir le plus profond : découvrir le plaisir de donner vie à un produit de A à Z et connaître la gratification de le commercialiser.

 

Passionné de soulier, féru de matières nobles et fasciné par la patine, j’ai alors décidé de lancer Caulaincourt, à une époque (il y a 15 ans) où seules les marques institutionnelles avait voix au chapitre. Une aventure qui me permettrait de réunir les disciplines artistiques dans lesquelles je m’épanouissais depuis tout petit. Une aventure qui m’offrirait également l’opportunité de vendre un objet qui serait porté. Le défi était de taille : la conception et la fabrication des chaussures sont des domaines très techniques. Énormément de travail, des milliers d’heures passées dans les ateliers, une motivation profonde et quelques belles rencontres (notamment avec Raymond Massaro) me permirent de finalement valider mon projet. La première collection fut lancée en 2008. Elle était composée de 8 modèles. La marque connut immédiatement un réel succès, mais le concept de vente privée choisi (qui n’a rien à voir avec celui d’aujourd’hui), bien qu’excitant au départ, devint très vite frustrant. Ouvrir une boutique était devenu une évidence, qui se concrétisa quelques mois plus tard. La maison Caulaincourt, telle que vous la connaissez aujourd’hui, était née.

 

Les chaussures Caulaincourt

 

Où sont fabriquées les chaussures Caulaincourt ? 

En France, en Angleterre, en Italie et en Espagne. La volonté de la maison est de « dénicher les meilleures mains. », et chaque atelier avec lequel nous travaillons est expert dans son domaine. Dans nos collections, chaque cousu et chaque montage est utilisé pour ses caractéristiques. Nous ne pensons pas qu’une technique soit supérieure à une autre, mais que chacune, quand elle est maîtrisée, peut être dédiée à un usage propre. Nos baskets sont d’ailleurs fabriquées comme des souliers. Il nous aura fallu plusieurs années pour sortir notre première collection de sneakers. Nous l’avons pensée comme une chaussure haut de gamme traditionnelle : une vraie première de propreté, un montage superbe et des cuirs de qualité pour un résultat au confort inégalable, des chaussures faciles à porter et pleines d’allure.

 

Ce qui m’anime au quotidien est de retranscrire cette inspiration dans mes créations

 

Qu'est ce qui vous anime au quotidien et où puisez-vous votre énergie créatrice?    

J’ai la chance d’avoir, je pense, des yeux et une sensibilité associée qui fonctionnent bien. Je capte énormément de choses : cela peut être la photographie d’un film, un détail de matière, un regard, le look d’un passant, les courbes d’une Lamborghini, d’une femme, le reflet des écailles d’un poisson… Ce qui m’anime au quotidien est de retranscrire cette inspiration dans mes créations (que ce soient mes produits, mes photographies, mon travail de DA, le dîner que je vais cuisiner pour les amis), en restant singulier. J’aime profondément rencontrer des gens. Directement ou indirectement cela me nourrit, et produit de l’inspiration à un niveau personnel. Mais la frontière entre le professionnel et le personnel étant très ténue dans ma vie … l’inspiration ricoche de l’un à l’autre.

 

la boutique Chomel Caulaincourt

 

A quoi ressemble une journée-type?

Je suis à la fois chef d’entreprise (avec ce que ça engendre d’emmerdes et de contraintes) et directeur artistique de la maison que j’ai créée (mais pas que)… mais aussi papa, mari, ami, passionné de beaucoup de choses. C’est un vrai défi de faire rentrer les triangles dans les carrés au quotidien. Le matin, je réveille mes deux enfants et les emmène à l’école. Cela me permet de passer du temps avec eux car je rentre (très) souvent tard. Ensuite, une journée type consiste à passer d’un sujet à l’autre en quelques secondes (un shooting photo, le call du comptable, l’idée du prochain modèle de sneakers, le rdv avec l’avocat en propriété intellectuelle, etc) sans arrêt, et à un rythme élevé jusqu’au moment où je me force à m’arrêter (pour la journée !). Mon obsession, c’est de rester le plus disponible possible pour mes collaborateurs.

 

Nous sommes présents en France, à Dubai, aux USA, au Japon, en Suisse, au Canada….

 

Qui sont vos clients?

Nous sommes présents en France, à Dubai, aux USA, au Japon, en Suisse, au Canada…. et plus largement via notre eshop. Nos clients sont des hommes et des femmes libres (j’insiste), c’est-à-dire qui ne subissent pas de dictat esthétique, ayant une sensibilité pour le soin apporté aux choses, attentifs à la dimension humaine des produits qu’ils consomment (à contrario du simple marketing). Nos clients sont des gens qui « savent ». Une des choses dont je suis le plus fier, c’est l’hétérogénéité de notre clientèle : en terme d’âge, de statut social, de nationalité, de moyens financiers ou de culture.

 

Quel est votre principal défi ?

Cesser d’être si perfectionniste.

 

De quoi sera fait demain, avez-vous un rêve ?

Je rêve que ma maison de soulier continue de se développer pour devenir, à terme, une « lifestyle brand » tant j’aime le beau et le bon, créer des expériences singulières et productrices de plaisir.