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Son attractivité en jeu, la France dévoile ses cartes en 2024

La France est le pays le plus attractif en Europe en 2023, et ce pour la 4ème année consécutive. Derrière des investissements étrangers en hausse, des secteurs clés solides et une volonté de se transformer, se cachent des failles qui pourraient entraver et remettre en jeu l’attractivité de la France en 2024…

La france se lance à fond dans sa politique d'attractivité en 2024La france se lance à fond dans sa politique d'attractivité en 2024
Écrit par Capucine Canonne
Publié le 7 février 2024, mis à jour le 19 février 2024

 

Fin 2023, le baromètre de l’attractivité de EY rend son verdict : pour la 4ème année consécutive, la France arrive en tête du classement des Investissements Directs de l’étranger (IDE) en Europe. Pour le dire autrement, la France est le pays le plus attractif en Europe en 2023. En 2022, 1.259 nouveaux projets ont été recensés, soit +3% par rapport à 2021. Les entreprises étrangères - environ 20.000 en France -  apprécient investir et s'installer en Hexagone, créant au passage plus de 2 millions d’emplois et contribuant à environ 20% du PIB.

Près des deux tiers des dirigeants internationaux envisagent de s’implanter en France. 

Et comme une bonne nouvelle n’arrive jamais seule, la France creuse encore l’écart avec ses concurrents historiques : l’Allemagne et le le Royaume-Uni. Les investissements en Recherche et Développement se portent très bien aussi, avec une hausse de 8% en un an. Cinq secteurs attirent particulièrement l’attention : les services aux entreprises, les logiciels et SI, l’automobile, l’aéronautique ainsi que les équipements industriels et agro-alimentaires. Cerise sur le gâteau, près des deux tiers des dirigeants internationaux interrogés par le baromètre envisagent de s’implanter en France. 

 

les pays de l'Europe cherchent à attirer les investissements étrangers

 

Il y a eu une véritable remontada de la France dans les classements ces dernières années

 

Quels sont les atouts-coeur de l’attractivité de la France ? 

Une telle attractivité n’a pas été toujours de mise : “Il y a eu une véritable remontada de la France dans les classements ces dernières années, pas seulement en termes d’image mais aussi de compétitivité” souligne Marc Lhermitte, associé chez EY et responsable au plan mondial des activités liées à la compétitivité et à l'attractivité. “La France avait perdu beaucoup de substance industrielle et de recherche et, grâce à une certaine constance des réformes depuis 2015, a su dépasser la perception depuis l’étranger d’un pays cher et complexe”. 

Qu’est ce qui séduit particulièrement en France, du moins en 2023 ? “La France a trois atouts majeurs : sa position géographique au centre de l'Europe, son réseau d'infrastructures et la qualité de sa main d'œuvre” analyse Stéphane Soumier, journaliste économique et cofondateur de BSmart, interrogé par lepetitjournal.com. De plus, selon le Baromètre EY, la France est un pays d’innovations, et 65% des investisseurs étrangers interrogés le confirment. En 2023, toutes les régions du pays profitent de nouveaux investissements venus de l’étranger, preuve que l’attractivité n’est pas centralisée, même si l'Ile de France prend la tête du classement, devant le Grand Londres d’ailleurs. 

ce n’est pas encore la fin totale du french bashing

Autre atout, et non des moindres, la disponibilité d’une énergie décarbonée comme le nucléaire bien sûr. A l’étranger, les acteurs institutionnels et les communautés françaises à l’étranger jouent aussi un rôle important d’ambassadeurs de leur pays : “J’ai le sentiment que la communauté des dirigeants français dans le monde est mieux briefée et parle plus positivement de la France auprès de leur sphère d’influence. Mais ce n’est pas encore la fin totale du french bashing” analyse Marc Lhermitte. 

 

les atouts coeur de l'attractivité de la France

 

La politique d'attractivité de la France reste limitée par l'ampleur de nos déficits

 

Le maintien de l’attractivité n’est pas un jeu d’enfant

Vue d’ensemble, l’attractivité de la France semble couler des années heureuses. Et pourtant, certains signaux faibles s’allument au regard de la présence d’Emmanuel Macron à Davos début 2024, après 5 ans d’absence. Ambitions économiques, réformes fiscales, programmes d’investissements, transition écologique…”Notre écosystème fait de la France le pays le plus attractif d’Europe et attire des entreprises de tous les secteurs” souligne-t-il dans un tweet après son intervention. 

 

 

“Emmanuel Macron est dans une séquence "retour aux sources" et Davos tient toute sa place dans cette stratégie. Il embarque d’ailleurs la French tech avec lui, qu’il considère comme son plus beau bébé et promet une nouvelle loi - comme en 2015 -  pour "libérer davantage ceux qui font, qui osent, qui travaillent" commente Stéphane Soumier. Car c’est bien l’attractivité de la France que le Président de la république évoque en toile de fond dans son discours, avec pour objectif central : la maintenir en 2024. Mais des obstacles de taille existent. “La politique d'attractivité de la France reste limitée par l'ampleur de nos déficits” souligne Stéphane Soumier. “le plan de réindustrialisation, l’accélération des procédures de recours, les réformes fiscales…tout butera toujours sur le climat social et le coût du travail”. Mais pas que. “La qualité de notre main d'œuvre est en train d’être minée par l'effondrement de notre système d’éducation, un impact direct sur l’attractivité de la France.” ajoute l’expert économique. 

 

 

Selon le baromètre EY, un autre signal faible est à prendre en compte : parmi les projets financés par les IDE en France, 65% sont des extensions ou des projets de modernisation de l’existant, ce qui implique que la France accueille peu de nouveaux entrants qui pourraient créer des emplois mais aussi renouveler son tissu économique. “Il ne se passe finalement pas d'événements décisifs en matière d’attractivité sur le territoire français” constate Stéphane Soumier. 

 

le jeu du risque de l'attractivité française

 

Lancement de Business France 2030 : "La France doit penser Export, il y a urgence”

 

Il faut utiliser la force incroyable des 3 millions de Français à l’étranger

 

A l’international, il y a aussi beaucoup à faire, en témoigne le dernier chiffre du déficit extérieur de la France - 63 milliards d'euros sur un an (annoncé début février 2024*) - "La France s’appauvrit doucement. Il faut exporter, laisser les entreprises s’exprimer et utiliser la force incroyable des 3 millions de Français à l’étranger” insiste Marc Lhermitte avant de conclure “La France doit continuer de faire confiance à l’international et ne pas se replier sur elle-même ». L’Hexagone cherche donc sa personnalité en 2024. Une côte de popularité, ça s’entretient… 

 

*Ce qu'il faut retenir du rapport annuel 2024 du commerce extérieur, publié le 7 février dernier. Le solde de balance des biens s'améliore à 63 milliards d'euros, le déficit atteint maintenant -100 milliards d'euros. En 2023, il y a 146.200 entreprises exportatrices en France, soit 1.400 de plus en un an. La France est aujourd'hui le 5ème pays exportateur mondial de biens et de services, principalement vers l'Allemagne, l'Italie et la Belgique. Côté importations, l'Hexagone se fournit surtout auprès de l'Allemagne, la Chine et la Belgique. Plus d'informations ici 

 

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