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EGYPTE – La révolution du papyrus



L'Egypte a changé de gouvernement mais pas de président. La rue continue donc de protester sous l'?il inquiet de la communauté internationale. Les Etats-Unis ont demandé à ses ressortissants de quitter le pays des Pharaons. Paris appelle ses expatriés à la prudence
Lire aussi : Jeannette Bougrab, la MAM égyptienne


Depuis mardi dernier, un vent de révolte souffle sur l'Egypte. Des manifestations parties d'internet ont envahi les rues de la capitale (photo AFP) mais aussi d'autres grandes villes du pays (Alexandrie, Suez). Les Egyptiens réclament le départ de leur président et un nouveau régime. Hosni Moubarak a essayé de couper la poire en deux en dissolvant samedi son gouvernement. Le chef d'Etat égyptien a nommé son fidèle conseiller, Omar Souleiman, au poste de vice-président et le général Ahmad Chafic, ancien ministre de l'aviation et personnalité respectée de l'armée, à la tête d'un nouveau gouvernement qu'il devrait prochainement nommer.

Chaos cairote

Ce coup de balai à la tête de l'Etat n'a pourtant pas calmé la rue. Loin de là. Ils étaient aussi nombreux ce weekend à donner de la voix dans les rues et à braver le couvre-feu pour exprimer leur colère. La capitale est en état de siège. Le métro est coupé, la plupart des magasins ont baissé leur grille. Les Egyptiens n'ont plus accès à la chaîne d'information al-Jazira. Des comités de défense se sont crées dans chaque quartier pour protéger les habitants des pillages. Des présumés pillards sont lynchés dans la rue. Les rumeurs d'évasions dans les prisons cairotes ont exalté les tensions et une chaîne humaine protège les trésors du musée national.  

Washington s'inquiète

Les Etats-Unis pressent le gouvernement égyptien de trouver une solution. Ils craignent en effet de perdre leur seul véritable allié dans la région. "Nous souhaitons voir une transition en bon ordre. Nous demandons instamment au gouvernement Moubarak, qui est toujours au pouvoir (?), de faire ce qui est nécessaire pour faciliter ce genre de transition", a déclaré la secrétaire d'État, Hillary Clinton. L'administration Obama craint "le vide politique", comme l'a titré le New York Times et notamment une montée en puissance des islamistes de la confrérie des Frères musulmans, seule force du pays vraiment organisée. La prise de position de la très respectée - et encore indécise - armée égyptienne risquera certainement de faire basculer la situation dans les prochains jours. La possible nomination du nouveau Premier ministre, Ahmad Chafic, -apprécié par toutes les couches du pouvoir- au poste de président par intérim s'avérerait pour beaucoup le meilleur compromis.  

Prudence pour les expats

En attendant un quelconque dénouement, Washington a appelé ses ressortissants à quitter l'Egypte alors que les violences ont déjà causé la mort de 125 personnes et ont fait des milliers de blessés depuis mardi. L'ambassade des Etats-Unis au Caire a "informé les citoyens américains en Egypte qui souhaitent partir que le Département d'Etat prend ses dispositions pour assurer le transport vers des lieux sûrs en Europe". Partout sur le vieux continent à l'exception notable de la Grèce, les gouvernements ont été moins radicaux n'organisant pas encore de rapatriement mais en déconseillant les voyages non-urgents dans la contrée des Pharaons. "Nous sommes en capacité de réagir" si besoin est. (...) Nous sommes totalement mobilisés, notamment pour l'information permanente de nos compatriotes sur place", a tout de même précisé le Quai d'Orsay. Près de 10.000 Français sont inscrits sur les listes des consulats généraux en Egypte. Plusieurs dizaines de milliers de touristes sont également sur place. Il leur est conseillé de limiter leurs déplacements et respecter scrupuleusement le couvre-feu en vigueur (de 16h à 8h). Une permanence téléphonique a été ouverte Tél. : (00 202) 35 67 33 44 au consulat général du Caire, afin de garder une liaison permanente avec les Français sur place. Elle fonctionne H/24 et a traité des centaines d'appels.

Vous vivez en Egypte et vous êtes témoin de ce mouvement de révolte populaire ? Votre témoignage nous intéresse ! Laissez-nous un commentaire en bas de cet article ou envoyez nous un e-mail à votreavis@lepetitjournal.com.
Damien Bouhours (www.lepetitjournal.com) lundi 31 janvier 2011

En savoir plus

Article du Figaro, Washington presse Moubarak de faciliter la transition
Article de RFI, Les Egyptiens toujours mobilisés contre Moubarak


Jeannette Bougrab, la MAM égyptienne
Après Michèle Alliot-Marie et la Tunisie, je demande Jeannette Bougrab et l'Egypte. La secrétaire d'Etat à la Jeunesse s'est fait remonter les bretelles ce week-end après avoir déclaré samedi au micro de France Info qu'il fallait que le président égyptien "parte", évoquant même son "usure". Le Premier ministre, François Fillon, l'a immédiatement convoquée. Dans un communiqué de presse, la belle ministre a donc rectifié hier ses propos. "A la suite de ses récentes déclarations sur la situation en Egypte", Jeannette Bougrab "tenait à préciser que la position de la France et de son gouvernement a(vait) été exprimée par le président de la République et le Premier ministre". Le gouvernement français avait appelé vendredi l'Egypte à "engager un processus de changement" et à "éviter la violence" insistant cependant sur le fait qu' "aucun pays ne peut prendre la place du peuple égyptien".
D.B (www.lepetitjournal.com) lundi 31 janvier 2011

En savoir plus

Article du Parisien, Egypte : Bougrab recadrée par Fillon