Édition internationale

ECO - EADS en zone de turbulence

Après avoir avouéses difficultés àproduire le nouveau gros-porteur d'Airbus, l'A380, le géant européen de l'aéronautique dégringole àla bourse. Et par-dessus le marché, certains de ses dirigeants sont soupçonnés de délit d'initié!

Si le bon timing de la vente des actions de la famille Forgeard en mars est une coïncidence, on peut dire que Noël (àg., ici avec Arnaud Lagardère àd.) a eu du nez? (Photo : AFP)

EADS fait "face àune crise majeure", a admis Arnaud Lagardère dans une interview au Monde publiée hier. Le co-président du conseil d'administration du géant franco-allemand de l'aéronautique a en effet du pain sur la planche pour redresser la situation du groupe, dont l'image oscille àprésent entre manque de fiabilitéindustrielle et potentielles magouilles au sommet de sa hiérarchie.
En début de semaine, l'avionneur Airbus, dont EADS est la maison mère, annonçait en effet un nouveau retard dans la livraison de son nouveau gros-porteur, l'A380. L'année dernière, un premier retard de six mois était àdéplorer et cette fois, les délais supplémentaires iront de six àsept mois. C'est apparemment au niveau des systèmes électriques qui doivent être installés sur l'A380 que le bas blesse et que la production ne peut pas être assurée assez rapidement.
Chez les clients d'Airbus, évidemment, ça grogne, notamment du côtéde Emirates. Avec 43 appareils en attente, cette compagnie est celle qui a fait la plus importante commande d'A380. Hier, Emirates a déclaréqu'elle allait demander àêtre dédommagée. Pour l'instant, toutefois, aucune compagnie n'a demandéàrésilier son contrat.
5,5 milliards d'euros perdus àla Bourse en un jour
Cet incident de parcours devrait plomber les résultats d'EADS jusqu'en 2010, àhauteur d'environ 500 millions d'euros par an. Des prévisions maussades qui n'ont pas échappéaux investisseurs puisque mercredi, l'action du groupe a fait un véritable plongeon àla Bourse de Paris : une chute de -26,32 %, à18,73 euros, àla clôture, alors que le titre était descendu en cours de séance jusqu'à16,75 euros ! En une seule journée, le groupe avait donc perdu 5,5 milliards d'euros de capitalisation.
Hier, la valeur EADS est légèrement remontée, de +6,78%, à20 euros. On est toujours loin de son niveau du 24 mars dernier, quand l'action avait atteint sa valeur la plus importante, à35,13 euros.
Les dirigeants n'avaient rien vu, rien entendu
En mars 2006, justement? C'est àcette époque-là? le 15 ? que Noël Forgeard, ex-PDG d'Airbus (1998-2005) et aujourd'hui co-président exécutif d'Airbus, avait choisi pour vendre 2,5 millions d'euros de ses stock-options ! Puis, le 17 mars, les trois enfants Forgeard avaient vendu 42.666 actions à32,82 euros l'une. De plus, les groupes Lagardère et DaimlerChrysler ont vendu en avril une partie de leurs parts d'EADS.
Des opérations au timing très opportun alors que le groupe allait mettre en avant ses lacunes quelques semaines plus tard. Trop opportun pour être une coïncidence selon certains, comme l'association des petits porteurs de France. C'est aussi le cas du députéUMP Jacques Myard, qui a demandéhier àl'Assemblée l'ouverture d'une enquête, pour déterminer si ces ventes relevaient ou non du délit d'initié.
A la tête d'EADS, tous les intéressés préfèrent être taxés d'incompétence que de malhonnêteté;ils affirment qu'ils n'étaient absolument pas au courant des difficultés qui couvaient dans l'entreprise.
Camille VAYSSETTES. (LPJ) 16 juin 2006

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Lepetitjournal.com, Airbus prend du retard àla livraison pour l'A380

Boursorama.com, EADS : recalage sanctionnéet perte de crédibilité

Le Monde, Arnaud Lagardère : "Pas question de faire payer un lampiste"chez Airbus
L'Express, Noël Forgeard sur un siège éjectable ?

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