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DISPARITION - Bashung, Vertige de la mort

Agé de 61 ans, Alain Bashung s'est éteint samedi des suites d'un cancer du poumon. Passionné de cinéma, ce chanteur a su marier, pendant toute sa carrière, rock et chanson française, suscitant en 30 ans l'adhésion du public et l'admiration de ses pairs

Deux semaines avant sa mort intervenue samedi après-midi à Paris, Alain Bashung (photo AFP) devenait l'artiste le plus titré des Victoires de la Musique. "Meilleur album", "Meilleur spectacle", "Meilleur interprète": son dernier opus Bleu Pétrole aura été applaudi par ses pairs comme par le grand public (plus de 250.000 exemplaires vendus). Mais le succès, Bashung ne l'aura pas connu immédiatement.
Né le 1er décembre 1947 à Paris d'une mère ouvrière et d'un père kabyle qu'il n'a jamais connu, il abandonne rapidement ses études. Adolescent, il forme avec des amis plusieurs groupes et produit quelques 45 tours qui ne déchaîneront pas les foules. Sa rencontre avec le parolier Boris Bergman, qui le considère comme "le chanteur qui a pu montrer qu'on pouvait faire du rock'n'roll en français", constitue un déclic dans sa carrière. Alain Bashung enregistre alors son premier album en 1977, Romans photos, avant de triompher au début des années 1980 avec les tubes Gaby, oh Gaby et Vertige de l'amour.
Paradoxalement gêné par cette réussite, le chanteur marque à plusieurs moments de sa carrière des ruptures en posant sa voie sur des chansons plus sombres. Peu présent sur les plateaux de télévision et plus à l'aise sur scène, Bashung retrouvera le grand succès avec les titres Osez Joséphine (1991), La nuit je mens (1998), l'album L'Imprudence (2001) et enfin évidemment Bleu Pétrole.

"Comme un cerf-volant qui perd sa ficelle"
Passionné par le septième art, il démarre en 1981 une carrière d'acteur non négligeable qui, conformément au personnage Bashung, comprend des comédies légères (Mon père, ma mère, mes frères et mes s?urs de Charlotte de Turckheim) comme des films plus noirs (L'Ombre du doute dans lequel il joue un père incestueux). Il compose également la bande originale d'une petite dizaine de longs-métrages dont le fameux Ma petite entreprise de Pierre Jolivet en 1999.
Son travail d'acteur, il le définissait dans les Cahiers du Cinéma à l'occasion de la sortie de son dernier film J'ai toujours rêvé d'être un gangster de Samuel Benchetrit : "Ce qui me paraît plus passionnant, c'est qu'à un certain moment il faut être présent, concret : un texte, un caméraman, un metteur en scène, tout doit fonctionner d'une manière parfaite. J'ai une grande tendance à la rêverie. Donc cela me permet de contrebalancer ce côté contemplatif, comme un cerf-volant qui perd sa ficelle."
Poète, Alain Bashung était un "gentleman", "pudique"et "mystérieux", d'après Jane Birkin. Un chapeau sur son crâne chauve, il cachait les effets de la chimiothérapie qu'il avait entrepris pour vaincre un cancer du poumon révélé à l'automne 2007. Bashung avait accepté le traitement à condition que ce dernier ne perturbe pas la tournée du chanteur démarrée en juin 2008. Un dernier tour de chant en guise d'au revoir. 
Yann Fernandez (www.lepetitjournal.com) lundi 16 mars 2009

Voir aussi
- notre article : Bashung magnifiquement debout en Bleu pétrole
- la dépêche : Hommage unanime à Alain Bashung
- la vidéo des Victoires de la Musique :



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