Édition internationale

CPE - Villepin s'accroche dans un flou total

Dépassépar la mobilisation anti-CPE, Dominique de Villepin a exclu de démissionner hier. Pour autant, le Premier ministre n'est plus sûr de rien dans ce dossier, qui n'est de facto plus entre ses mains

Plus qu'un an àtirer ! (Photo : AFP)

"Le Président de la République m'a confiéune mission et cette mission, je la mènerai jusqu'au bout. Tout le reste est pure spéculation et fantaisie". A ceux qui pariaient sur sa démission, Dominique de Villepin a voulu clouer le bec hier, alors qu'il donnait sa neuvième conférence de presse depuis son arrivée àMatignon.
Sur le grill depuis des semaines en raison de l'ampleur inattendue de la mobilisation contre le contrat première embauche (CPE), le Premier ministre a exclu de faire dépendre son poste de l'issue du dossier. Malgrécette claque majeure, il a affirmé: "Je ne suis pas quelqu'un de susceptible, je n'ai pas d'amour propre dans ce domaine". Heureusement pour lui, puisque BVA a pris le pouls des Français pour L'Express cette semaine, et qu'ils ne sont plus que 28% àavoir une opinion positive de Dominique de Villepin.
Passer àautre chose
Le chef du gouvernement a aussi pris acte de son désengagement relatif sur la question de l'avenir du CPE, àla faveur des discussions qui se poursuivent entre les parlementaires de la majoritéet les syndicats. "Laissons ce dialogue se dérouler", a-t-il demandé. Quant àl'issue des négociations, Villepin ne semble plus certain de rien. Aux journalistes qui lui demandaient s'il envisageait àprésent un abandon du CPE, il a répondu de manière évasive, au lieu de réaffirmer sa détermination àtout crin comme il en avait jusqu'ici l'habitude.
Comme pour mieux passer àautre chose, il a voulu rappeler que "ce qui est essentiel, c'est de gagner la bataille pour l'emploi des jeunes". Dans cette veine, il a annoncéque son cabinet allait àprésent travailler dans trois perspectives : la "sécurisation des parcours professionnels", la "lutte contre la pauvretéet l'exclusion"et le "renforcement des liens entre l'universitéet l'emploi". Rien de concret donc pour un Premier ministre àbout de souffle.
Sarkozy en embuscade
En dépit de cette volontéaffichée de calmer le jeu, l'avenir du Premier ministre semble avoir étéirrémédiablement noyépar le CPE. Il a non seulement offert un boulevard àl'opposition mais a également compromis ses chances de surnager dans son propre camp.
Finalement, l'intrépide Nicolas Sarkozy peut se réjouir de la situation, alors que si le Premier ministre démissionnait. deux choix périlleux s'imposaient àlui : le remplacer dans un contexte inconfortable ou se défiler. Concurrent le plus sérieux de Villepin dans la course àl'investiture UMP pour la présidentielle de 2007, le ministre de l'Intérieur est sans aucun doute celui qui a su le mieux tirer parti de la situation. Tour de force pour lui, il a réussi àse poser en homme de dialogue social, làoù l'hôte de Matignon n'a pas su éviter les coups.
Camille VAYSSETTES. (LPJ) 7 avril 2006

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