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À Chiang Mai, les musiciens asphyxiés cherchent des alternatives pour (sur)vivre

Une brocante organisee devant le bar musical North Gate a Chiang MaiUne brocante organisee devant le bar musical North Gate a Chiang Mai
Catherine Vanesse - Tous les soirs de 17 à 21h le North-Gate Jazz Co-op se transforme en espace brocante
Écrit par Catherine Vanesse
Publié le 14 juillet 2021, mis à jour le 14 juillet 2021

À Chiang Mai, entre 400 et 1.000 musiciens seraient sans emploi suite à l’interdiction pour eux de jouer. Pour tenir le coup, ils cherchent des alternatives et appellent le public à les soutenir.

Depuis le début de l’épidémie du coronavirus, les bars et les lieux de divertissement font à chaque fois partie des premiers lieux contraints de fermer lorsque les autorités imposent des restrictions, mettant à chaque fois sur le carreau des centaines de musiciens. Chiang Mai a connu de telles périodes de restrictions entre avril et juin 2020 puis en janvier 2021 et encore maintenant depuis le mois d’avril 2021. 

Il n’existe pas de chiffres officiels mais selon les estimations de professionnels du secteur, il y aurait entre 400 et 1.000 musiciens au chômage suite à l’impossibilité pour eux de se produire que ce soit dans les bars, mais aussi les restaurants, les hôtels ou les festivals. Certains d’entre eux ont été obligés de quitter Chiang Mai et sont retournés auprès de leur famille, d’autres se sont lancés dans des activités comme la restauration ou les cours de musique. Et il y a ceux qui persistent à vouloir jouer pour leur public et cherchent des alternatives aux concerts live.

Concerts en ligne, marché aux puces

Paul Sugar, le programmateur du café-concert Thapae East à Chiang Mai, propose par exemple aux musiciens d’utiliser sa salle pour des concerts visibles en "video live" sur Facebook via sa page Thapae East Venue for the Creative Arts - la page annonce régulièrement le nom des groupes qui se produiront en direct sur Internet. Lors de ces concerts, les artistes fournissent leur numéro de compte bancaire et invitent le public à faire un don afin de récolter un peu d’argent.

Au nord de la ville, le North-Gate Jazz Co-op s’est pour sa part transformé depuis le 2 juillet en un mini-magasin de seconde main où les musiciens peuvent venir vendre des vêtements, des disques ou autres affaires personnelles pour se faire un petit peu d’argent. Le public est invité tous les jours de 17h à 21h à faire quelques emplettes ou à s'asseoir le temps de consommer une boisson. 

“Nous ne prenons aucune marge sur les ventes de vêtements ou d'objets de seconde main des artistes”, explique Pharadon “Por” Phonamnuai, fondateur de North-Gate Jazz Co-op et saxophoniste de renom. “Par contre, la vente de boisson, même à emporter, peut nous servir à payer les frais d’électricité et le loyer”, ajoute-t-il. Avant le Covid-19, le North-Gate Jazz Co-op faisait travailler 70 musiciens par semaine. 

"Tous dans la même galère"

Quelques jours après le début de cette nouvelle formule pour le Noth-Gate Jazz Co-op, les clients sont encore peu nombreux. “Nous venons à peine de commencer”, commente Anupol, un musicien qui a mis en vente quelques vêtements ainsi que des infusions au cannabis. “Plusieurs musiciens passent chaque soir, cela fait du bien de les voir, d’échanger un peu avec eux, car nous sommes tous dans la même galère”, détaille le trentenaire.

Parmi les visiteurs, Nattapa avait ouvert “The Sax Music House”, un bar-concert-restaurant en novembre. “Très vite nous avions trouvé un public, malheureusement depuis le mois de janvier c’est difficile. J’ai dû me séparer de la moitié de mon personnel et je ne peux plus faire travailler aucun musicien, je ne peux pas vraiment les aider financièrement, alors je passe de temps en temps au North-Gate le temps de boire un verre avec les musiciens, on essaye de s’entraider comme on peut”, relate la jeune femme. 

Au mois de mars, les organisateurs de concerts et propriétaires de bars confiaient dans un article à Lepetitjournal.com
 qu’ils voulaient rester optimistes pour l’avenir. Aujourd’hui face à l’absence de perspective d’une reprise, le moral est plutôt morose. “À chaque fois nous sommes les premiers impactés par les restrictions et les derniers à pouvoir rouvrir, cela devient très difficile”, conclut Pharadon “Por” Phonamnuai. 

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