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La Trilogie d'Apu : apu-stouflant ou apu-vantable ?

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Écrit par Greg le cinéphage
Publié le 2 juin 2023, mis à jour le 19 décembre 2023

Cette semaine, Monsieur cinéma a vu pour vous La Trilogie d’Apu, trois films en noir et blanc réalisés en Inde en bengali par Satyajit Ray entre 1955 et 1959 (La complainte du sentier/Pather Panchali,1955, 2h 5min - L'invaincu/Aparajito, 1956, 1h 50min - Le monde d'Apu/Apur Sansar, 1959, 1h 45min).

La naissance d’une nouvelle vague indienne

Cette trilogie, qui a remporté des prix élogieux en Inde mais aussi à Cannes, Venise et Londres, est généralement considérée comme la fondation d’un cinéma indien social et naturaliste dit « parallèle » en opposition à une industrie cinématographique traditionnellement prolifique en films de divertissement (aventure, romances musicales…).

Mais c’est surtout la découverte et la reconnaissance d’un cinéma indien sérieux par l’Occident qui l’a instantanément assimilé à une « nouvelle vague » indienne.

L’histoire d'un garçon du début du XXe siècle en 3 films

Le premier film raconte l'histoire d'Apu, jeune garçon vivant en 1920 avec ses parents, sa sœur aînée et une ancienne tante dans le village ancestral du Bengale où son père, un prêtre, est retourné malgré les réticences de sa mère.

Le deuxième film suit la famille à Bénarès, où le père vit des donations des pèlerins venus se baigner dans le Gange sacré.

Enfin, le troisième film retrouve Apu et sa mère vivant avec un oncle à la campagne ; le garçon réussit si bien à l'école qu'il remporte une bourse pour Calcutta. Il se marie dans des circonstances extraordinaires, mais est finalement rattrapé par le malheur.
 

 


Un chef-d'œuvre un brin soporifique

Les films sont d’une esthétique indéniable et le personnage d’Apu à travers les âges de la vie dessine un idéaliste sincère et naïf, plus motivé par de vagues aspirations que par des projets concrets. Il reflète une société qui ne place pas l'ambition au-dessus de tout, mais qui est philosophique, tolérante, optimiste. Tout cela magnifiquement accompagné par le thème musical lancinant du sitar indien de Ravi Shankar, qui lui ouvrira la porte d’une renommée internationale.

Si vous avez l’âme à regarder pousser un lotus ou observer un lent vol de moucherons, vous serez conquis par ces films.

En revanche, si vous n’avez pas réussi à atteindre l’introspection nasale lors de vos dernières séances de yoga, vous risquez fort de vous ennuyer ferme et rapidement devenir intolérant au son du sitar.

La Trilogie d’Apu – L’invaincu (Aparajito)
La Trilogie d’Apu – L’invaincu (Aparajito)


Un voyeurisme néo-colonialiste ?

On peut aussi légitimement s’interroger sur l’attrait voyeuriste, voire néo-colonialiste de l’Occident sur cette Inde à la fois figée dans la ruralité et stéréotypée, qui occultait une Inde déjà en plein mutation sociale et économique.

 

Mais le mieux est certainement de voir cette trilogie et vous faire une idée par vous-même : les films sont disponibles sur Prime Vidéo

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