

Raphaël sait que la terre est plate, et ça ne l'enchante pas. Voilà pourquoi son 4e album est emprunt d'un vaste désespoir bercé d'une voix agonisante. Etrangement pourtant, le charme opère à fond (Rediff)
A ne pas confondre avec le peintre de la renaissance italienne, Raphaël devient l'icône des jeunes (photo AFP)
Mais qu'il est beau ce Raphaël ! Avec ses yeux bleus en forme d'amande et son regard en coin, sa dégaine nonchalante et son sourire retenu, il séduit autant les jeunes filles que leur mère. Evidemment quand il chante, c'est une autre affaire : pour apprécier, il faut trouver opportunes les angoisses adolescentes nourries d'amour, de révolte et de futur pourri.
Ainsi, le jeu de la vie de la mort participe à l'univers textuel de Je sais que la terre est plate, où souffrance et plaisirs légers dansent ensemble. Raphaël pose des mélodies chaloupées sur des textes du genre : Je t'écris de mon lit d'hôpital où je me remets doucement de mon accident (Les limites du monde), On pourrait sauter du sixième étage, le sol aime bien les enfants de ton âge (Sixième étage) Je me fous du karma des étoiles, du soleil déglingué et des jours sans lendemain (Le petit train).
Se fier aux seuls mots de ses chansons donne envie de courir se pendre sur le champ.
Du court en boucle
De la même manière, la façon qu'a Raphaël de plonger sa voix tellement dans le grave donne le sentiment que le chanteur de 33 ans est prêt à rendre son dernier souffle. Mais hop il rebondit aussitôt sur une octave plus haute, donc plus vivante. Si cette gymnastique vocale peut forcer le respect ou agacer, elle interdit surtout de reprendre à tue tête les mélodies sous la douche.
Pourtant malgré cette atmosphère suicidaire, et sans doute grâce à elle, ce 4e album dégage un charme fou. Comme pour Caravane, vendu à 1,8 million d'exemplaires et récompensé par trois victoires de la musique en 2006, les 11 plages de Je sais que la Terre est plate ne totalisent pas plus qu'une grosse demi-heure. Plutôt que s'énerver sur cette courte durée, autant passer l'album en boucle.
Delphine MINNE. (www.lepetitjournal.com) jeudi 15 mai 2008


































