Les homonymes peuvent parfois porter à confusion, par exemple entre la grenade… et la grenade. La langue khmère ne s’embête pas, et désigne le fruit et l’arme par deux expressions distinctes que Pascal Médeville nous décrit dans ce billet.


En français, le mot grenade peut désigner deux choses : le fruit du grenadier (Punica granatum) et le « projectile explosif qu’on lance à la main ou à l’aide d’un fusil », dixit l’Académie française, qui explique en outre que ledit projectile explosif est nommé par analogie au fruit (avec ses graines).
Dans d’autres langues, comme l’anglais par exemple, les deux choses sont nommées différemment : « pomegrenate » pour le fruit, « grenade », voire « hand grenade », pour le projectile explosif. En chinois, il existe une certaine analogie entre les deux appellations, puisque l’on parle de 石榴 shíliú (fruit rond dur) pour le fruit, et de 手榴弹 shǒuliúdàn (bombe en forme de fruit rond à main) pour l’arme.
En khmer, les deux choses sont désignées par des mots résolument différents : ទទឹម (to-teum) pour le fruit, et គ្រាប់បែកដៃ (kroap baèk dai, « boule qui explose à main ») pour le projectile. Cependant, les Khmers n’ont pas été sans remarquer l’analogie en termes d’aspect extérieur entre l’arme et un certain fruit. Mais ce n’est pas le fruit de P. granatum qui évoque pour les Khmers la grenade quadrillée, c’est la pomme-cannelle (ទៀប tiep). Ainsi, dans le langage militaire, la grenade quadrillée est appelée គ្រាប់បែកដៃក្រឡាទៀប (kroap baèk dai krâla tiep), littéralement « boule qui explose à main en quadrillage de pomme-cannelle »), populairement dénommée គ្រាប់បែកផ្លែទៀប (boule qui explose (en forme de) pomme-cannelle).

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