Je disais dans un billet précédent publié sur khmerologie, dans lequel je présentais le recueil de nouvelles La Veuve aux cinq maris de Chuth Khay, que l’auteur utilisait une langue populaire et savoureuse. En voici ici un exemple concret :
Dans l’une des nouvelles, le personnage principal, dont la vie sexuelle est intense, après s’être séparé de sa femme, fréquente assidûment une « femme-araignée » : ស្រីពីងពាង [srey ping-peang]. Cette expression ne vous fait-elle pas penser à Arachné qui, dans la mythologie gréco-romaine, excellait dans l’art du tissage et fut transformée en araignée ? Voici une illustration montrant Dante et Virgile devant Arachné :
Mais chez Chuth Khay, la femme-araignée dont il parle n’a absolument aucun rapport avec la mythologie romaine. En khmer, l’expression « femme-araignée » (également utilisé par Chuth Khay, dans la même nouvelle) est un euphémisme employé pour désigner une prostituée.
Pour décrire une femme méchante, les Khmers utilisent encore une expression qui touche à l’entomologie : la « femme-fourmi tisserande » មីអង្ក្រងភ្លើង [mi âng-krâng phloeung], មី étant utilisé pour s’adresser de façon désobligeante à femme que l’on veut insulter, អង្ក្រង ou អង្ក្រងភ្លើង étant le nom donné par les Khmers à la fourmi tisserande, dont la morsure est souvent douloureuse.