Édition internationale
Radio les français dans le monde
--:--
--:--
  • 0
  • 0

Vocabulaire khmer : arachnologie et myrmécologie féminine

Je disais dans un billet précédent publié sur khmerologie, dans lequel je présentais le recueil de nouvelles La Veuve aux cinq maris de Chuth Khay, que l’auteur utilisait une langue populaire et savoureuse. En voici ici un exemple concret :

Écrit par Pascal Médeville
Publié le 28 juillet 2024, mis à jour le 28 juillet 2024

Dans l’une des nouvelles, le personnage principal, dont la vie sexuelle est intense, après s’être séparé de sa femme, fréquente assidûment une « femme-araignée » : ស្រីពីងពាង [srey ping-peang]. Cette expression ne vous fait-elle pas penser à Arachné qui, dans la mythologie gréco-romaine, excellait dans l’art du tissage et fut transformée en araignée ? Voici une illustration montrant Dante et Virgile devant Arachné :

Illustration de Gustave Doré pour la Divine Comédie de Dante
Au premier cercle du Purgatoire, Dante et Virgile devant Arachné, l'une des figures représentatives de l'orgueil (Purgatoire, chant 12). Gravure de Félix-Jean Gauchard et Louis Brunier d'après une illustration de Gustave Doré pour La Divine Comédie de Dante, 1868.

Mais chez Chuth Khay, la femme-araignée dont il parle n’a absolument aucun rapport avec la mythologie romaine. En khmer, l’expression « femme-araignée » (également utilisé par Chuth Khay, dans la même nouvelle) est un euphémisme employé pour désigner une prostituée.

Pour décrire une femme méchante, les Khmers utilisent encore une expression qui touche à l’entomologie : la « femme-fourmi tisserande » មីអង្ក្រងភ្លើង [mi âng-krâng phloeung], មី étant utilisé pour s’adresser de façon désobligeante à femme que l’on veut insulter, អង្ក្រង ou អង្ក្រងភ្លើង étant le nom donné par les Khmers à la fourmi tisserande, dont la morsure est souvent douloureuse.

Flash infos

    Pensez aussi à découvrir nos autres éditions