Dans le bestiaire cambodgien, les céphalopodes sont connus pour avoir les tentacules baladeuses. Pascal Médeville nous dévoile quelques subtilités de la langue khmère à ce propos.
Les jeunes cambodgiennes qui gagnent leur maigre pitance dans les lieux de débauche plus ou moins joyeuse que sont certains bars du royaume, qui tiennent patiemment compagnie à des clients plus ou moins barbares et polis, ces jeunes femmes qui renflouent gaiement les caisses de leurs patrons et patronnes assurément avides, qui sourient en toutes circonstances quelle que soit langue écorchée par ces hommes tristes et seuls, en état d’ébriété plus ou moins avancé, qui décidément ne comprennent rien à rien et qui viennent dépenser hardiment leurs yuans, leurs riels, leurs baths, leurs roubles, leurs euros ou leurs dollars douloureusement épargnés, lorsqu’elles tombent sur l’un de ces individus qui, sous l’effet de la boisson ou pas, ont tendance à parcourir de leurs mains avides toutes les jolies courbes de ces gazelles, ces jeunes femmes, disais-je, ont pour les qualifier une expression fort imagée : ដៃមឹក (day meuk), littéralement « mains de céphalopodes ».
Le mot មឹក (meuk)est un terme générique qui désigne des « mollusques marins … dont la tête est munie de tentacules, appelées aussi bras ; cette classe inclut notamment les pieuvres, calmars et seiches, » dixit Wikipedia.
Par exemple, le mot khmer មឹកបំពង (meuk bâm-pong), « céphalopode-tuyau », désigne le calmar.
Mais l’animal qui me semble le mieux correspondre à ce qu’évoquent les gazelles susmentionnées est la pieuvre, en khmer មឹកពីងពាង (meuk ping-peang), « céphalopode araignée », dont voici un joli spécimen :
Dès lors, je crois que l’on peut, sans grand risque de se tromper, traduire le khmer « mains de céphalopode » par « mains baladeuses ».