Depuis mai, une bibliothèque flottante circule entre les villages du district de Bakan, dans la province de Pursat. Portée par l’ONG Sipar Cambodia, cette initiative vise à donner accès à la lecture aux enfants qui, jusque-là, n’avaient jamais vu une véritable bibliothèque.


Une bibliothèque sur bateau pour éveiller les jeunes lecteurs
À bord, Lo Chandy, 24 ans, bibliothécaire et éducatrice, parcourt les canaux pour distribuer des livres aux enfants de son village natal, Dei Roneat, et des alentours.
« À cause de leur isolement, les élèves n’ont généralement accès qu’à l’école primaire. La plupart ne peuvent pas continuer le secondaire, faute de moyens », explique-t-elle.
Elle se souvient qu’au début, « les enfants passaient leur temps sur leurs téléphones ou devant la télévision. Mais aujourd’hui, je suis heureuse de voir de plus en plus de jeunes emprunter des livres à emporter chez eux ».
Une lecture partagée entre élèves et enseignants
Chea Chanthorn, 23 ans, enseignant en contrat à l’école primaire de Dei Roneat et bénévole à la bibliothèque, observe une évolution encourageante.
« Les élèves lisent désormais en classe, à la bibliothèque mobile, et certains empruntent des livres pour eux-mêmes ou leurs proches », souligne-t-il. « Mon objectif est de promouvoir la lecture, mais aussi d’apprendre en lisant les mêmes livres que les enfants ».
Khem Thann, responsable du programme de bibliothèques mobiles chez Sipar Cambodia, rappelle que seuls 10 % des enfants de ces villages accèdent au secondaire : « Grâce à cette bibliothèque, nous espérons que davantage d’élèves accorderont de l’importance à l’éducation, malgré les difficultés ».
Une collection itinérante, soutenue par des partenaires
La bibliothèque mobile transporte environ 900 ouvrages pour tous les âges, mais s’adresse en priorité aux jeunes enfants. Elle fait halte en semaine dans les villages, le plus souvent à proximité des écoles primaires.
En moyenne, 15 à 30 enfants fréquentent la bibliothèque. Lo Chandy espère que leur nombre augmentera à mesure que la lecture deviendra une habitude quotidienne.
Le projet est le fruit d’un partenariat entre Sipar Cambodia, l’UNESCO et le ministère de l’Éducation. Il bénéficie du soutien de la philanthrope française Astrid Bellon.
Une première bibliothèque mobile a été lancée en 2024 dans le district de Kampong Leng, à Kampong Chhnang, et est désormais gérée par les habitants. Une autre opère à Phat Sanday, avec le soutien de l’agence All Dreams Cambodia.
Des parcours engagés pour l’éducation
Lo Chandy connaît bien les obstacles à l’école dans son village. Après son bac obtenu à Siem Reap, elle a choisi de revenir à Dei Roneat. « Convaincre mes parents de me laisser partir vivre chez ma grand-mère pour aller au lycée n’a pas été facile », se souvient-elle.
De son côté, Chea Chanthorn a quitté son village du district de Bakan pour pallier le manque d’enseignants dans les villages flottants. Cela fait trois ans qu’il y enseigne.
Tous deux sont confrontés à la précarité des familles locales, qui freine la scolarisation. Leur engagement vise à rendre l’éducation accessible à tous, malgré les contraintes du terrain.
« Je veux que chaque jeune de notre village ait sa chance d’aller à l’école. »
Avec l'aimable autorisation de Cambodianess, qui nous permet d'offrir cet article à un public francophone.







































