Suite au mouvement mondial MeToo qui a secoué la planète, une ONG cambodgienne a initié une campagne visant à encourager les femmes ayant survécu au régime des Khmers rouges à partager les atrocités sexuelles qu'elles ont endurées.
"Speak Out, Sisters", une initiative germano-cambodgienne
Baptisée "Speak Out, Sisters (SOS)", cette initiative a été lancée par l'association culturelle germano-cambodgienne (KDKG) en novembre 2023, offrant ainsi une tribune inédite aux survivantes dans le pays. La majorité des femmes cambodgiennes ont été victimes de violences sexuelles et sexistes quotidiennes pendant le régime Khmer rouge (1975-1979). Cependant, les rescapées n'avaient jamais osé en parler par honte et par crainte de subir la stigmatisation. Cette première campagne de l'ONG vise à mettre en lumière les atrocités sexuelles perpétrées par les Khmers Rouges et pendant la guerre civile.
Selon un communiqué de presse de Meta House - le centre culturel de la KDKG - la campagne se décline en performances théâtrales interactives dans les écoles, expositions avec des scolaires, dialogues intergénérationnels, productions vidéos, projections de films et sensibilisation sur les réseaux sociaux et dans les médias. Le tout en collaboration avec l'ONG "Women's Media Centre" et le ministère de l'Éducation, de la Jeunesse et des Sports.
Cette semaine, films et documentaires seront notamment projetés à la Meta House dans le cadre du Women Film Fest 2023 suivis de temps d'échanges précieux.
La campagne "SOS" marque la fin de 44 années de silence des victimes d'abus sexuels et se déroule de novembre 2023 à décembre 2024. Jusqu'à présent, 12 survivantes ont rejoint l'initiative et partagé leurs expériences avec l'ONG.
Les violences sexistes et sexuelles sous le régime de Khmer Rouge
Selon l'ONG, les Khmers rouges auraient imposé plus de 400 000 mariages forcés sous le régime. Les Chambres extraordinaires au sein des tribunaux cambodgiens (CETC) se sont saisies de cette question des mariages forcés qui avaient pour objectif de créer une nouvelle génération de partisans. Cependant, les procès des CETC ont été critiqué pour n'avoir pas abordé d'autres formes d'abus sexuels perpétrés par les Khmers rouges.
Selon un article du Global Justice Centre, les Khmers rouges ont évoqué la "libération des femmes" pour dissimuler leur exploitation et leurs abus sexuels systématiques. En vérité, les femmes étaient contraintes au mariage mais aussi à des relations sexuelles sous la menace d'être exécutées en cas de refus, précise l'article.
La campagne "Speak Out, Sisters" vise à sensibiliser la jeunesse cambodgienne à cette réalité difficile des survivantes de violences sexuelles et sexistes, qui portent encore dans leur chair ces traumatismes. L'objectif est d'informer pour mieux comprendre ces générations de femmes afin d'initier un changement positif.
Encore aujourd’hui au Cambodge 25 % des femmes sont des survivantes de violences sexuelles basées sur le genre, selon la déclaration de Meta House rapporté par le Khmer Times.
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