Édition internationale

Pu Barang, le Français aux 3 millions d’abonnés cambodgiens

Installé au Cambodge depuis 2015, Jeremie Piquard — alias Pu Barang — s’est imposé comme l’un des créateurs de contenu les plus suivis du pays. De l’illustration aux vidéos d’actualité, de Phnom Penh à Battambang, il raconte son parcours, son khmer appris en autodidacte, ses sponsors… et son musée consacré à l’histoire locale.

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Écrit par Raphaël FERRY
Publié le 20 septembre 2025, mis à jour le 27 novembre 2025

Ses audiences donnent le vertige : environ 1 million d’abonnés sur Facebook (avec une page de secours à 400 000), 3 millions sur TikTok et 300 000 sur YouTube.
« Aujourd’hui, mon public khmer est surtout sur Facebook et TikTok. »

Jérémie Piquard est connu sous le nom de Pu Barang — « l’oncle français ».

Le Cambodge, une histoire ancienne

Le lien avec le Royaume remonte… au lycée.
« Ma petite amie d’alors était d’origine cambodgienne. J’ai baigné très tôt dans sa culture : la nourriture, les récits familiaux, l’histoire, les Khmers rouges… »
Dès le premier voyage en 2008, le coup de foudre est immédiat.
« Ici, j’ai retrouvé une générosité, un sourire qu’on avait perdu en France. À chaque retour, j’avais une seule envie : revenir. »
En 2015, il s’installe à Phnom Penh.

De Phnom Penh à Battambang : agence, vidéos et restaurant

À son arrivée, il ouvre une petite agence de design et anime dès 2014 une page d’illustrations sur la culture khmère — sans dévoiler qu’il est français.
« Beaucoup pensaient que j’étais Cambodgien ; des agences m’ont contacté, j’avais déjà des clients en 2015. »
Il montre ensuite son visage, chante en khmer, et enchaîne les formats vidéo.
Après deux ans et demi, cap sur Battambang avec sa compagne d’alors : ouverture d’un restaurant, puis réorganisation pendant le Covid.
En parallèle, Jérémie travaille cinq ans comme chargé de communication pour l’école française.
« J’ai arrêté en juin : les vidéos et les sponsors me prennent désormais tout mon temps. »

 

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Apprendre le khmer en autodidacte

« J’entendais des bribes à table — nyam bai, etc. — et j’ai voulu comprendre ce que les gens disaient. Les amis d’origine cambodgienne parlaient, mais écrivaient peu. J’ai donc appris seul, avec des sites et des livres. »
De formation infographiste, Jérémie s’appuie sur sa mémoire visuelle.
« J’aime les lettres, les sons ; je les “imprime”. Les karaokés m’ont aussi beaucoup aidé. »

Des contenus : du divertissement à l’actualité

Au début, place au divertissement : mini-sitcom sur YouTube avec ses neveux, sketches du « Français typique » qui découvre la gastronomie locale.
« Plusieurs épisodes ont dépassé le million de vues. »
Puis le curseur bouge vers l’actualité et l’utilité sociale.
« Maintenant que je suis connu, j’essaie d’aider la communauté. Dans le cadre du conflit, afin de me faire davantage entendre à l'étranger, j'ai pris l'initiative de faire des vidéos en français pour la première fois." »
Deux de ses vidéos ont été reprises par des canaux officiels.
« Le but, c’est d’informer et de mobiliser, pas de dupliquer ce que les autres font déjà. »

Monétisation : peu des plateformes, beaucoup des sponsors

« Les revenus natifs de Facebook ou TikTok au Cambodge, c’est presque rien : en plusieurs années, TikTok m’a rapporté 50 $. YouTube, c’était mieux, mais bien moins qu’en France. »
L’essentiel vient donc de contrats de sponsors au Cambodge.
« Souvent des engagements de six mois, avec un nombre de vidéos mensuel. »

Levées de fonds et besoins sur le terrain

« Depuis le conflit, j'organise des cagnottes afin de répondre aux besoins des familles déplacées et des militaires, avec l'achat de plus de 5 tonnes de riz, de nourriture et d'équipements divers. »
Il soutient aussi des initiatives civiles, comme un projet de maisons pour accueillir des réfugiés.
« Quand quelqu’un le fait déjà, je relaie : inutile de réinventer. »

Un musée sur Battambang, pour raconter l’histoire locale

Dans la maison qui abrite son restaurant, une salle a réveillé son imaginaire.
« Les carreaux, l’atmosphère… La maison avait envie de raconter son passé. À Battambang, les touristes adorent les façades, mais se demandent : pourquoi sont-elles là ? Qui les a bâties ? Il manquait un lieu qui explique. »
Né ainsi, un petit musée consacré à l’histoire de Battambang et à la période coloniale. Ouvert tous les jours, de 11 h à 22 h, comme le restaurant.
Les pièces ont été chinées un peu partout, en France notamment.

 

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Parmi ses trésors, des photographies inédites de bâtiments identifiés, des écrits rares, et une photo d’un fils du roi Norodom Ier, porteuse au dos d’un message en anglais mentionnant un exil temporaire.
Jérémie documente ses trouvailles, compare les vues anciennes à des images actuelles.
« Ça permet de vérifier les emplacements et de raconter la ville. »

Et demain ?

« Je me sens bien ici. Tout ce que je donne, je le reçois au centuple. Je veux continuer avec des projets qui répondent aux besoins réels : on voit la vie se durcir en campagne depuis le Covid. Il y a des choses utiles à faire. »

Pour trouver Jérémie :

Facebook : 

Youtube : 

Jeremie KC


TikTok

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Raphael Ferry
Publié le 20 septembre 2025, mis à jour le 27 novembre 2025
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