Malgré des niveaux de pollution alarmants, le Cambodge tarde à réagir, mettant en danger la santé publique. Une gestion plus rapide et transparente est essentielle.


Opinion
Un brouillard inhabituel et inquiétant
La semaine dernière, les habitants de Phnom Penh et de plusieurs provinces cambodgiennes ont constaté des brouillards anormaux. Le 22 janvier, le ministère des Ressources en eau et de la Météorologie a émis un communiqué pour informer la population de ce brouillard, prévoyant qu’il pourrait perturber les déplacements entre le 23 et le 31 janvier. Cependant, aucune explication claire n’a été fournie quant aux causes de ce phénomène, ni sur ses éventuelles implications pour la santé publique. Les habitants n’ont reçu aucune consigne particulière pour rester vigilants face à ces conditions.
Des données contradictoires sur la qualité de l’air
Le ministère de l’Environnement, chargé de la surveillance de la qualité de l’air, a reconnu une hausse des niveaux de pollution. Toutefois, il a minimisé la gravité de la situation en déclarant que la qualité de l’air restait globalement « acceptable » et ne nécessitait pas d’inquiétude immédiate. Cette évaluation entre en contradiction directe avec les données publiées par IQAir, partenaire du Programme des Nations Unies pour l’Environnement (PNUE), qui indiquent une dégradation importante de la qualité de l’air à Phnom Penh et dans d’autres régions du pays.
Pendant que le Cambodge qualifie la qualité de l’air de « modérée », la Thaïlande, confrontée à une situation similaire, a pris des mesures drastiques. Parmi celles-ci figure la fermeture temporaire de 352 écoles pour protéger les enfants des effets néfastes de la pollution.
Une prise de conscience tardive
Face à la pression de l’opinion publique et des appels sur les réseaux sociaux, le ministère de l’Environnement a finalement admis, le 24 janvier, que les niveaux de pollution dépassaient les seuils de sécurité dans plusieurs régions, y compris Phnom Penh. Une réponse coordonnée a alors été déclenchée : le ministère de la Santé a conseillé à la population de limiter les activités en extérieur et de porter des masques de protection, tandis que le ministère de l’Éducation a exhorté les parents et élèves à être particulièrement prudents.
Pourquoi ce retard ?
Cette gestion tardive soulève des questions sur l’efficacité des institutions responsables. Pourquoi le ministère de l’Environnement et d’autres agences gouvernementales ont-ils tant tardé à reconnaître la gravité de la crise ? Ce retard, dans un contexte d’urgence sanitaire, est préoccupant, car il expose inutilement les citoyens aux risques d’une pollution atmosphérique élevée. Une information tardive empêche la population de se préparer à temps et aggrave les conséquences sanitaires.
Une crise mondiale, mais des défis locaux
La pollution atmosphérique n’est pas un problème unique au Cambodge. Les grandes villes, tant dans les pays développés que dans les pays en développement, y sont confrontées en raison de l’urbanisation rapide, de la croissance démographique et économique, et de l’augmentation des sources de pollution, comme les transports et l’agriculture. Selon le Programme des Notions Unies pour l'Environnement, près de 100 % des habitants de l’Asie de l’Est et du Sud-Est sont exposés à des niveaux de pollution dangereux chaque année. Neuf pays de cette région, dont le Cambodge, figurent parmi les 40 plus pollués au monde.
Cependant, au Cambodge, la faiblesse de l’application des lois, le manque de volonté politique et les ressources techniques et financières limitées aggravent la situation. Cette réalité souligne l’urgence d’une approche collective et durable pour lutter contre la pollution.
La santé publique en danger
L’Organisation mondiale de la santé (OMS) met en garde : la pollution atmosphérique est une cause majeure de maladies chroniques, notamment les maladies respiratoires, les AVC, les maladies cardiaques et le cancer du poumon. Si aucune mesure sérieuse n’est prise pour limiter l’exposition à ces polluants, la population cambodgienne risque de subir des conséquences sanitaires graves.
Changer les pratiques pour lutter contre la pollution
Les pratiques courantes telles que le brûlage à ciel ouvert des déchets ménagers et l’agriculture sur brûlis contribuent fortement à la pollution au Cambodge. Dans les zones urbaines comme Phnom Penh, les principales sources de pollution sont le transport, l’urbanisation rapide et l’utilisation croissante de véhicules personnels à moteur thermique.
Pour réduire ces émissions, une prise de conscience collective est nécessaire. Les citoyens doivent être sensibilisés aux effets néfastes de leurs pratiques actuelles. Adopter des alternatives, comme les transports publics, le vélo ou les véhicules électriques, pourrait significativement réduire l’impact de la pollution.
Une responsabilité institutionnelle
Les institutions publiques doivent jouer un rôle crucial en identifiant rapidement les menaces émergentes pour la santé publique et en informant la population de manière proactive. Retarder la reconnaissance d’un problème pour éviter les critiques ou protéger une image publique n’est pas une solution. Reconnaître les défis, loin de montrer une faiblesse, est un signe de responsabilité et d’engagement envers le bien-être collectif.
agir pour demain
La pollution atmosphérique est un défi de taille qui nécessite une mobilisation immédiate. En retardant la mise en œuvre de mesures concrètes, le Cambodge met en péril la santé de ses citoyens. Agir rapidement pour améliorer la qualité de l’air est non seulement essentiel pour la santé publique, mais aussi pour faire face à la crise climatique. Les institutions doivent adopter une approche plus transparente et proactive, en plaçant la santé et le bien-être de la population au cœur de leurs priorités.
Avec l'aimable autorisation de Cambodianess, qui a permis la traduction de cet article et ainsi de le rendre accessible au lectorat francophone.
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