Sur un tronçon de 90 km entre Kratie et les chutes de Khone ( frontière laotienne), survis le dernier groupe de dauphins de l’Irrawaddy - ou dauphins du Mékong - au Cambodge. Considérés comme sacrés, ces dauphins d’eau douce sont aujourd’hui en danger critique d’extinction. La population du Mékong est passée de 200 lors du premier recensement de 1997 à 89 en 2020, et à 105 en 2024.
Les dauphins de l’Irrawaddy du Mékong, scientifiquement connus sous le nom de Orcaella brevirostris, sont une espèce de dauphin d'eau douce qui habite principalement dans les rivières et les estuaires du sud-est asiatique, notamment dans le Mékong. Ils sont connus pour leur apparence distinctive (tête arrondie sans bec distinct, des nageoires dorsales courtes et la peau grise) et leur comportement sociable (leur apparence est souvent perçue comme souriante en raison de la forme de leur bouche).
Pourquoi la population de dauphins a-t-elle décliné?
Plusieurs facteurs ont contribué à la diminution du nombre de dauphins dans le Mékong. Tout d’abord, la pêche illégale et l'utilisation de filets maillants causent de nombreuses captures accidentelles, souvent mortelles pour les mammifères. Suis la pollution de l’eau du fleuve. Les contaminants chimiques et biologiques provenant de l'agriculture, de l'industrie et des déchets domestiques affectent gravement la santé des animaux et de leur habitat.
De plus, les projets de barrages hydroélectriques sur le Mékong perturbent les écosystèmes aquatiques, modifient les habitats naturels et restreignent les déplacements des dauphins. In fine, les variations des régimes de précipitations et les augmentations de température affectent les niveaux d'eau et la disponibilité des proies pour les cétacés.
De l’espoir pour les dauphins
Lors de la célébration de la Journée nationale de la pisciculture, le ministre de l’Agriculture, des Forêts, de la Chasse et de la Pêche Dith Tina, a annoncé que le Cambodge compte 105 dauphins de l’Irrawaddy.
Il a profité de l'occasion pour souligner les efforts de tous les acteurs dans la préservation de l’espèce, grâce auxquels le taux de mortalité a été considérablement réduit, passant de 11 en 2022 à 5 en 2023, tandis que le taux de natalité a augmenté de 6 en 2022 à 8 en 2023.
De facto, face aux facteurs qui menacent l’espèce, un travail de conservation et de sensibilisation sur l’importance de la préservation des écosystèmes à été fait les 15 dernières années.
De prime abord, des zones spécifiques le long du Mékong ont été désignées comme des sanctuaires où la pêche est restreinte afin de minimiser les captures accidentelles. Ensuite, des organisations viennent collaborer avec les communautés locales, pour les informer sur l'importance de la préservation des dauphins et promouvoir des pratiques de pêche durables.
Enfin, plusieurs lois (dont la Loi sur la Pêche de 2006), décret et régulations gouvernementales, ainsi que des collaborations internationales ont été adoptées pour protéger les mammifères et leur habitat.