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Leakhena des Pallières, témoin vivant de la réussite de PSE

Leakhena des Pallières est l’une des figures les plus emblématiques de l’association "Pour un Sourire d’Enfants" (PSE), qui œuvre à sortir de la misère et à éduquer des enfants cambodgiens. Après des années de misère à travailler comme chiffonnière dans une décharge à Phnom Penh, elle a été prise en charge par PSE. Aujourd’hui à la tête de l’association, elle s’engage à offrir une éducation de qualité aux enfants des familles les plus pauvres.

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Leakhena des Pallières aux côtés de Bernard Faurot, l'un de ses directeurs adjoints./Elise Roy
Écrit par Lepetitjournal Cambodge
Publié le 26 août 2023, mis à jour le 29 novembre 2023

Le Petit Journal a rencontré Leakhena à l’occasion de la matinée portes ouvertes et la soirée caritative organisées le 16 septembre. Mais, nous avons également abordée avec la directrice générale son parcours au sein de PSE ainsi que l’avenir de l’association.

Le Petit Journal :  Vous souvenez-vous de votre rencontre avec « papi » et « mamie » ?

Leakhena des Pallières : J’ai fait leur rencontre lorsqu’ils allaient au village vers la décharge recruter des enfants pour PSE. J’ai donc pu avoir accès à l’école comme ça, en tombant sur eux lors de leurs visites dans la décharge. Après, très rapidement, ma mère m’a abandonné devant PSE, je suis donc devenue pensionnaire, et j’ai fait tout mon parcours scolaire jusqu’au baccalauréat ici. Ensuite, j’ai voulu devenir assistance sociale, mais il n’y avait pas d’école pour faire cela au Cambodge. Du coup, on m’a proposé de faire cela ici à PSE sur le terrain. J’étais stagiaire assistante sociale au début, puis assistance sociale pendant plusieurs années. Je me suis par le suite formée en France dans la filière du management. Et je suis devenue responsable de l’équipe sociale au sein de PSE. C’est comme ça que j’ai commencé progressivement à prendre des responsabilités au sein de l’association. En 2019, je suis devenue directrice adjointe puis directrice générale à partir du 14 août 2021.

 

Leakhena et Phillippe des Pallières sur l'ancienne décharge de Phnom Penh.
Leakhena et Christian des Pallières sur l'ancienne décharge de Phnom Penh.

 

Le Petit Journal : Et vous le vivez bien toutes ces responsabilités ?

Leakhena des Pallières : J’ai une bonne équipe au Cambodge. Nous sommes trois ici à gérer PSE, j’ai deux adjoints. Bernard Faurot qui s’occupe des services support (finance, IT, achats…) et Men Makara qui est en charge de la partie éducation. Nous avons également 650 salariés pour nos 6500 élèves.

Le Petit Journal : En quoi consiste votre poste de directrice générale ?

Leakhena des Pallières : Je m’occupe de la gestion des équipes, des programmes sociaux et médicaux, des Ressources Humaines, du soutien à l’éducation (psychologie, activités extra scolaires, hébergement). Et je suis également chargée de trouver des partenaires durables pour nous aider financièrement.  

Le Petit Journal : Du fait d’avoir vous-même été bénéficiaire de PSE, entretenez-vous un lien particulier avec les enfants ici ?

Leakhena des Pallières : Pour moi, c’est un honneur d’avoir eu la confiance du Conseil d’Administration de PSE en devenant directrice générale. C’est à mon tour maintenant de continuer à sortir les enfants de la misère. Je vais encore dans les familles toutes les deux ou trois semaines, car il est important que la direction de PSE reste connectée avec la réalité du terrain. Je témoigne aussi au sein de l’école pour expliquer mon parcours et les ambitions de PSE.

On peut dire que je suis un témoin vivant de la réussite de PSE, et qu’on peut s’en sortir. Aller sur le terrain, c’est ça qui me motive, c’est mon moyen pour me ressourcer. Je considère que PSE m’a sauvé ! Sans PSE je ne sais pas ce que je serais devenue.

C’est un message que je transmets aux enfants, aux parents, aux employés. Car cela fait partie de la motivation. Pourquoi travailler à PSE et non ailleurs ? Je témoigne pour eux. Pour les familles, on veut leur faire prendre conscience que l’éducation de leur enfant est essentielle, et qu’ils ont un rôle à jouer dans la réussite de leur(s) enfant(s).

Le Petit Journal : Est-ce que vous avez perçu une évolution de PSE entre votre entrée ici et aujourd’hui ? Le nombre de familles qui refusent de scolariser leur(s) enfant(s) a-t-il réduit ?

Leakhena des Pallières : Je pense surtout que la pauvreté se traduit autrement. Avant, tu avais la décharge, c’était choquant. Aujourd’hui, nous n’avons plus cette image d’horreur, mais la pauvreté pour autant est toujours là. Simplement elle est dispersée. Cette amélioration est en partie liée à PSE, mais surtout au développement du pays.

Nous avons près de 6500 élèves par an, la pauvreté n’a pas disparu. La logistique est telle que pour le moment, nous ne pouvons pas prendre plus d’enfants, et devons en refuser. Nous sélectionnons sur critères sociaux et prenons les enfants des familles les plus pauvres.

Le Petit Journal :  Que souhaitez-vous pour le futur de l’association ?

Leakhena des Pallières : Je souhaite qu’on arrive à sortir encore plus de jeunes possibles de la misère. Pour l’avenir de PSE je pense qu’il faut que nous travaillons encore plus la qualité de l’éducation. Car aujourd’hui le pays se développe, il y a plus d’exigences, il y a d’autres formations professionnelles qui se créent ailleurs. Pour assurer que nos jeunes sortent bien avec un métier, il faut que le niveau d’éducation qu’on leur donne soit le meilleur. Pour assurer la sortie sur le marché du travail de nos étudiants, nous dispensons en plus des cours de français et d’anglais des cours de chinois.  L’un de nos grands challenges est de trouver des professeurs.

 

Merci à Leakhena de nous avoir confié cet entretien alors qu’elle est déjà énormément occupée par son travail. Ses deux téléphones vibrants, il était temps de conclure et de repartir en traversant la grande cour centrale de l’école, qui pourra être visitée le 16 septembre.

 

 

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