À l’heure de son départ pour l’Afrique du Sud, Gilles Périnet revient sur cinq années de gouvernance au Lycée français René Descartes de Phnom Penh, marquées par la stabilité retrouvée, des projets ambitieux et une vision assumée du pilotage scolaire à l’étranger.


Une arrivée sous Covid et un redémarrage en fanfare
Gilles Périnet est arrivé à Phnom Penh dans un contexte de crise sanitaire mondiale, marqué par la pandémie de Covid-19. « C’était un triple choc : culturel, professionnel et humain », confie-t-il. Malgré ces conditions difficiles, il relance rapidement les dynamiques collectives du lycée.
Le 70e anniversaire de l’établissement, célébré en 2022, marque un tournant. « Ce fut une véritable renaissance », estime-t-il. Les projets repartent, l’énergie revient. Mais cette relance exige aussi une nouvelle organisation. « Le lycée est incroyablement dynamique, mais cela implique une gestion rigoureuse des initiatives, un accompagnement permanent et une capacité à réguler sans brider. »
Un mandat long, une gouvernance assumée
Avec cinq années en poste, Gilles Périnet détient un record de longévité récent dans un lycée où les proviseurs ne restaient souvent qu’un ou deux an. À quoi doit-on cette stabilité retrouvée ? Quand on lui demande s'il existe une méthode Périnet, il répond :
« Il n’y a pas une “méthode Périnet”, mais une ligne directrice ».
Cette ligne repose sur quatre principes : des objectifs clairs, une transparence dans l’action, une valorisation constante des équipes – y compris les fonctions support comme la vie scolaire, les agents d’entretien, la comptabilité ou le secrétariat – et beaucoup de respect pour les enseignants. « Je ne fais pas l’unanimité, et c’est normal lorsqu’on dirige, décide et arbitre. Vouloir faire l’unanimité, c’est souvent céder à la démagogie. »
Il insiste aussi sur la complexité de la co-gouvernance propre aux établissements français conventionnés à l’étranger, où se croisent les responsabilités d’une association de parents bénévoles et d’une direction professionnelle. « Il faut composer, expliquer, arbitrer, en préservant la sérénité de cette co-gouvernance, mais sans fuir les conflits. »
Du rugby au rectorat : un style direct et collectif
Ancien joueur de rugby, Gilles Périnet revendique l’influence de ce sport dans sa manière de diriger : esprit d’équipe, respect, constance dans les décisions. « Une équipe a besoin de savoir où va son chef. Ce n’est pas grave si tout le monde n’est pas toujours d’accord, mais il doit y avoir un cap. »
Il souligne aussi le rôle essentiel du lien avec le poste diplomatique. « À l’étranger, le Proviseur est sous l’autorité du poste diplomatique. J’ai eu la chance de travailler dans la confiance et avec le soutien constant tout d’abord d’Eva Nguyen Binh et Christophe Gigaudaut, puis de Jacques Pellet et Pierre Vincent. Cette confiance qui m’a été faite, l’écoute et le soutien constants sont essentiels pour pouvoir s’engager pleinement dans ses missions. » La dimension de représentation ajoute une responsabilité supplémentaire à la fonction. « Nous incarnons la France, sa culture, son modèle éducatif, et avons un rôle important dans la politique de diplomatie d’influence, en particulier au Cambodge, où le LFRD est une institution éducative de premier plan et particulièrement reconnue »
Un projet immobilier presque achevé, et déjà des défis à venir
Parmi les réalisations les plus concrètes de son mandat figure l’agrandissement du Lycée Descartes, avec l’inauguration en 2025 de deux nouveaux bâtiments. « Mais construire n’est que la première étape. Il faut maintenant affiner la définition des usages, accompagner les équipes, ajuster les pratiques. »
Au-delà, plusieurs défis attendent son successeur. S'il insiste sur le fait que ce sera au futur chef d'établissement de fixer ses priorités, il sait que certains défis l'attendent . D’abord, la gestion des effectifs, avec une capacité d’accueil plafonnée à environ 1 450 élèves, pour 1300 aujourd’hui. Ensuite, le développement du réseau local d’enseignement français, avec des établissements partenaires de l’AEFE comme les Ecoles de Battambang et Siem Reap, Acacia et peut-etre bientôt l’EFI. Enfin, la poursuite de l’excellence académique, malgré un taux déjà exemplaire de 100 % de réussite au bac. « Il ne faut jamais cesser d’avancer. Quand on s’arrête, on recule. »
Un regard personnel sur le Cambodge
Gilles Périnet retient aussi de cette expérience une évolution personnelle. « Être proviseur à l’étranger, c’est aussi faire partie d’une équipe diplomatique. J’ai découvert la force de ce réseau de lycées, au service de la France. »
Son regard sur le Cambodge est empreint d’émotion : « Je ne connaissais pas l’Asie. Nous nous sommes, mon épouse et moi, beaucoup attachés au pays. La gentillesse des gens, leur résilience, la spiritualité imprégnée du bouddhisme… Tout cela transforme votre regard sur le monde. »
Il évoque avec émotion ses visites répétées aux temples d’Angkor, les relations nouées avec les équipes cambodgiennes du LFRD. « Cette mission m’aura évidemment profondément marqué. Je pars enrichi par cette expérience. »
Et maintenant ?
Dans quelques semaines, Gilles Périnet rejoindra l’Afrique du Sud pour y diriger un nouvel établissement. Il quitte Phnom Penh avec le sentiment du travail accompli. « Mon successeur devra poser son propre regard, fixer ses propres objectifs. Mais je pense avoir contribué à stabiliser et renforcer le Lycée Descartes et ce qu’il représente au Cambodge. »
Le petit journal lui souhaite bons vents
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