Hun Manet annonce la conscription pour 2026 et une modernisation profonde de l’armée, dans un contexte de tensions frontalières et de nouvelles menaces sécuritaires.


Une conscription annoncée pour 2026
PHNOM PENH – Le Premier ministre cambodgien, Hun Manet, a annoncé lundi 14 juillet que la conscription militaire serait appliquée à partir de 2026, relançant une loi adoptée en 2006 mais jamais mise en œuvre. Cette décision intervient sur fond de tensions frontalières avec la Thaïlande, exacerbées depuis un accrochage armé le 28 mai dernier ayant entraîné la mort d’un soldat cambodgien.
S'exprimant en uniforme de général quatre étoiles devant des militaires à Kampong Chhnang, le chef du gouvernement a déclaré que cette réforme visait à renforcer les effectifs et les capacités opérationnelles des forces armées. « C’est un engagement ferme », a-t-il affirmé, estimant que les soldats recrutés par conscription sont « plus efficaces qu’une armée de volontaires et tout aussi professionnels ».
La loi sur la conscription impose un service militaire obligatoire pour les citoyens, hommes et femmes, âgés de 18 à 30 ans — le service restant toutefois volontaire pour les femmes. À titre de comparaison, la Thaïlande applique également un système de conscription masculine par tirage au sort à l'âge de 20 ans.
Hun Manet a également appelé la Thaïlande à rouvrir sans condition les postes-frontières fermés, assurant que le Cambodge répondrait « dans l’heure » à toute mesure de réciprocité.
Une restructuration militaire face aux menaces du XXIe siècle
Lors de la célébration du 32e anniversaire de la Gendarmerie royale, le 14 juillet à Kampong Chhnang, Hun Manet a appelé à une restructuration profonde des forces armées, estimant qu’elles doivent être préparées à faire face aux défis sécuritaires du XXIe siècle, en particulier à la montée de la guerre hybride.
« La guerre hybride ne repose pas toujours sur la confrontation physique. Elle inclut des cyberattaques et des infiltrations technologiques, souvent sans qu’un seul coup de feu ne soit tiré », a-t-il averti devant un parterre d’officiers. Dans un contexte de numérisation croissante des infrastructures étatiques, il a alerté sur les failles que peuvent exploiter les pirates informatiques : « Aujourd’hui, tous nos outils sont numériques. Les hackers savent les manipuler à leur avantage, parfois au détriment involontaire des utilisateurs ».
La transformation annoncée ne se limite pas au renouvellement de l’équipement militaire. Le Premier ministre a insisté sur la nécessité de former les ressources humaines, d’adopter des tactiques modernes et de préparer l’armée à des menaces non conventionnelles, telles que les catastrophes naturelles ou les armes biologiques et chimiques.
Cette vision s’inscrit dans un programme de modernisation militaire plus vaste, amorcé depuis son arrivée au pouvoir en août 2023, et qui vise à repositionner l’armée cambodgienne comme un acteur réactif et adaptable dans un environnement géopolitique incertain.
Enfin, le Premier ministre a plaidé pour une augmentation du budget de la défense, qui s’élève à 739 millions de dollars pour 2025, soit la plus grande part du budget national, estimé à 9,32 milliards. D’après le World Factbook de la CIA, les forces armées cambodgiennes comptent 200 000 membres, incluant une forte composante de gendarmes, contre 350 000 militaires en service actif côté thaïlandais.
Avec l'aimable autorisation de Cambodianess qui nous permet d'offrir cet article à un public francophone.
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