Le Cambodge étudie une hausse des taxes pour réduire le tabagisme, alléger les coûts sociaux et renforcer son système de santé.


Objectif : plus de taxes, moins de tabagisme
L’OMS a lancé le 2 juillet son initiative “3 by 35”, appelant à augmenter dès 2035 de 50 % les taxes sur le tabac, l’alcool et les boissons sucrées. Pour le Cambodge, cela constitue une occasion stratégique : protéger la santé publique, alléger les dépenses médicales à long terme et renforcer les recettes nationales.
Cadre réglementaire déjà en place
Après avoir ratifié la Convention-cadre de l’OMS pour la lutte antitabac en 2005, Phnom Penh a adopté en 2015 une loi interdisant de fumer à l’intérieur, bannissant la publicité pour les cigarettes, et imposant des avertissements sanitaires graphique couvrant 55 % des paquets. Un sous-décret a récemment placé la fabrication de cigarettes électroniques sur la « liste négative » pour protéger les jeunes.
Le coût réel du tabac au Cambodge
Chaque année, le tabac tue environ 15 000 Cambodgiens, dont un tiers dans les ménages les plus pauvres, entraînant des coûts sociaux, familiaux et économiques majeurs. L’impact économique se chiffre à près de 663 M USD par an, selon l’Investment Case for Tobacco Control au Cambodge.
Hausser les taxes : une mesure rentable
L'article 6 de la Convention‑cadre préconise les taxes comme outil efficace contre le tabac. Une hausse des prix de 10 % réduit la consommation de 4 % dans les pays à revenu élevé et de 5 % dans les pays comme le Cambodge. Des taxes fortes (75 % du prix de vente HT), combinées à une administration fiscale rigoureuse, pourraient :
- Sauver 3 800 vies chaque année.
- Générer jusqu’à 235 M USD en cinq ans, près de 933 M USD en 15 ans.
Des taux bas face à l’ASEAN
Actuellement, les taxes au Cambodge atteignent seulement 25 % sur le tabac local et 31 % sur l’importé. Avec TVA et droits de douane, le total reste bien en dessous des recommandations. À titre de comparaison :
- Thaïlande : 78,6 % du prix de vente
- Philippines : 71,3 % après la loi « Sin Tax » (baisse du tabagisme de 30 % à 19,5 % entre 2009 et 2021)
- Singapour : 67,5 %
Répondre aux critiques de l’industrie
Selon l’industrie du tabac, une taxation accrue encouragerait le marché illicite, diminuerait les recettes publiques et nuirait aux populations les plus modestes. Mais des mesures ciblées (renforcement des douanes, régulation des ventes en ligne, coopération régionale) peuvent limiter la contrebande. Par ailleurs, la hausse des taxes pousse les fumeurs à arrêter, particulièrement ceux à faibles revenus, principalement bénéficiaires en santé et finances.
Un soutien public massif
Selon l’enquête nationale 2021 du ministère de la Santé, 95 % des Cambodgiens soutiennent une augmentation des taxes ; même 82 % des fumeurs y sont favorables. Ce consensus demande un engagement politique clair.
Avec l'aimable autorisation de Cambodianess, qui nous permet d'offrir cet article à un public francophone.
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