L'artiste Koem Keosocheat explore l’identité khmère à travers des œuvres imprégnées de spiritualité, de mémoire et de philosophie, entre enracinement et transmission.


Un parcours artistique ancré dans la spiritualité
Originaire de la province de Kampot, Koem Keosocheat s’est consacrée dès son plus jeune âge à l’art, un engagement qu’elle n’a jamais remis en question. Diplômée de l’Université royale des beaux-arts en 2018, elle développe depuis un travail profondément introspectif, nourri par la philosophie, la religion, le Dhamma et les réalités de l’existence.
Depuis 2019, elle a présenté trois expositions personnelles marquantes : Eyes of Mercy (2019), Why do I? (2020) et White (2022), chacune reflétant une étape dans sa quête de sens et d’identité.
Une œuvre au service de la mémoire collective
Dans sa dernière série White, composée de douze dessins, Koem Keosocheat interroge la transmission, les traditions et la conscience historique. Chaque œuvre, bien que distincte, est liée aux autres par des symboles enracinés dans la culture khmère.
« Ces œuvres montrent la valeur de l’héritage laissé par nos ancêtres. Elles invitent la jeune génération à réfléchir à ce qu’elle peut apporter à la société »
L’artiste espère que ses expositions éveillent la curiosité : « Je ne veux pas que le public se contente de regarder. Je souhaite qu’il pose des questions, qu’il engage un dialogue, car mes dessins parlent de notre culture, de nos coutumes et des liens entre passé, présent et futur. »

Une vocation plutôt qu’un métier
Depuis 2019, Koem Keosocheat a fait le choix de se consacrer entièrement à sa pratique artistique, refusant de chercher un emploi plus conventionnel. Une décision parfois critiquée.
« Certains me demandent si je pense arrêter à cause des commentaires négatifs. Ma réponse est non. Cela nourrit ma passion et renforce mon engagement », confie-t-elle.
Ses créations naissent d’un processus mêlant recherche, intuition et introspection. À l’instar d’une méditation, chaque œuvre l’ancre davantage dans sa mission artistique, qu’elle vit parfois comme une forme de solitude, dans un pays où l’art visuel est encore peu valorisé.
Mais elle persiste, convaincue que le regard peut évoluer : « Si les gens prennent le temps de découvrir, ils finiront par aimer l’art. »
L’œuvre « Nikakhit » : le zéro comme origine sacrée
Parmi ses œuvres récentes les plus remarquées figure Nikakhit, acquise par la banque ACLEDA. Inspirée du chiffre zéro, cette pièce invite à repenser le néant comme un point d’origine chargé de sens.
« J’ai voulu illustrer la relation entre passé, présent et futur. J’ai utilisé l’écriture khmère ancienne, celle du pré-Angkor, entre le VIe et le VIIIe siècle », précise-t-elle.
À droite du dessin, on retrouve le logo des Nations Unies et le Monument de l’Indépendance, symboles d’un progrès multidimensionnel — économique, éducatif, religieux, artistique.
« Depuis 1993, notre pays a progressé sans état d’urgence. Cette œuvre est un hommage à cette stabilité et à notre évolution collective ».
Koem Keosocheat partage ses créations et ses réflexions sur sa page Facebook. Elle y poursuit inlassablement son œuvre, entre solitude créatrice et volonté de transmission.
Avec l'aimable autorisation de Cambodianess, qui a permis la traduction de cet article et ainsi de le rendre accessible au lectorat francophone.
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