Près de 300 familles ont fui Prey Chan après une fusillade meurtrière. La Malaisie confirme que les mines qui ont blessé des soldats thaïlandais n'ont pas été posées récemment.


Les autorités cambodgiennes ont annoncé que 300 familles ont été évacuées du village disputé de Prey Chan, à la frontière entre le Cambodge et la Thaïlande, après la fusillade survenue mercredi et qui a causé la mort d’un civil cambodgien, Dy Nai, âgé de 36 ans. Trois autres villageois ont été blessés.
Selon le porte-parole de la province de Banteay Meanchey, environ 200 ménages ont été déplacés dès mercredi soir vers une pagode du district d’O’Chrov, plus éloignée de la ligne frontalière. Une équipe d’observateurs de l’ASEAN s’est rendue sur place jeudi après-midi.
La victime a été incinérée jeudi, en présence de sa famille. Phnom Penh a qualifié la fusillade « d’attaque directe contre des civils ».
Deux versions opposées de l'incident
La partie cambodgienne affirme que des soldats thaïlandais ont tiré délibérément sur des civils non armés.
La Thaïlande dément catégoriquement. Un porte-parole de l’armée thaïlandaise, cité par Reuters, affirme que les forces cambodgiennes auraient d’abord ouvert le feu vers le territoire thaïlandais, entraînant une riposte de dix minutes « conforme aux règles d’engagement ». Bangkok n’a déclaré aucun blessé.
Les trois civils cambodgiens blessés sont jugés stables et ont été transférés à l’hôpital Calmette, à Phnom Penh.
Malaisie confirme : les mines n’étaient pas nouvelles
Dans un contexte déjà tendu, un incident a contribué à l’escalade : l’explosion d’une mine antipersonnel ayant blessé plusieurs soldats thaïlandais le 10 novembre. Bangkok avait accusé Phnom Penh d’avoir posé de nouveaux engins explosifs.
Mais le ministre malaisien des Affaires étrangères, Mohamad Hasan, a indiqué que les observateurs de l’ASEAN déployés dans les deux pays avaient confirmé que les mines n’étaient pas récentes.
Il a précisé que le Cambodge et la Thaïlande avaient tous deux sollicité la médiation de la Malaisie, et que des pourparlers devraient se tenir prochainement.
« La Malaisie est prête à faciliter un règlement pacifique », a-t-il déclaré. Phnom Penh souhaite que les discussions se tiennent à Kuala Lumpur. Bangkok, pour sa part, aurait demandé à la Malaisie de maintenir une ligne ferme quant au cessez-le-feu.
Accord de paix suspendu et tensions régionales
Le 10 novembre, la Thaïlande a unilatéralement annoncé la suspension de l’accord de paix signé le 26 octobre à Kuala Lumpur, un accord parrainé par la Malaisie et les États-Unis.
Le Premier ministre thaïlandais Anutin Charnvirakul a défendu cette décision dans The Nation : « Nous sommes un pays souverain. Nous ne rendons de comptes à personne. »
Le Premier ministre cambodgien Hun Manet a exhorté Bangkok à cesser immédiatement toute utilisation de la force et à revenir à la voie du dialogue. Il a également demandé une enquête indépendante incluant des experts internationaux, afin d’établir les responsabilités.
Selon les autorités provinciales, la situation restait calme jeudi soir.
Sur le même sujet














































