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L’Étonnante Industrie du Bois de Calambac à Koh Kong

À Koh Kong, le calambac, bois rare et parfumé, soutient une industrie florissante. Très prisé au Moyen-Orient, il est transformé en parfums et encens luxueux, alliant tradition et spiritualité.

Industrie Bois de Calambac à Koh KongIndustrie Bois de Calambac à Koh Kong
Photo : Père Will
Écrit par Père Will Conquer
Publié le 4 mai 2025, mis à jour le 10 mai 2025

Dans la jungle luxuriante de Koh Kong, nichée au sud-ouest du Cambodge, une industrie millénaire connaît un essor fulgurant : celle du bois de calambac, plus connu sous le nom de bois d’agar ou oud. Ce « bois des dieux », prisé pour sa résine odorante, est au cœur d’une économie locale dynamique, portée par la demande croissante de ses dérivés – parfums d’oud, encens et huiles essentielles – particulièrement dans les pays du Moyen-Orient, et notamment aux Émirats arabes unis.  

Un Trésor Naturel Rare et Précieux

Le calambac, issu principalement de l’arbre Aquilaria crassna, est une résine sombre et parfumée produite en réponse à une infection fongique ou à des agressions biologiques. Ce processus naturel, qui peut prendre des années, confère au bois une fragrance unique, mêlant notes boisées, fumées, musquées et légèrement sucrées. À Koh Kong, les forêts tropicales offrent un environnement idéal pour la croissance de ces arbres, bien que leur rareté ait conduit à des efforts de conservation et de culture durable.  

« Le calambac est une richesse nationale », explique Srey Vuth, planteur d’Aquilaria à Koh Kong.

« Autrefois, on le récoltait uniquement dans les forêts sauvages, mais aujourd’hui, des plantations durables permettent de répondre à la demande tout en protégeant l’espèce. » En effet, la surexploitation a menacé les arbres producteurs de calambac, poussant le Cambodge à développer des plantations, parfois inoculées artificiellement pour stimuler la production de résine, bien que les résultats restent variables.  

Calambac,  résine issu principalement de l’arbre Aquilaria crassna

 

Du Bois Brut aux Parfums de Luxe

L’industrie du calambac à Koh Kong ne se limite pas à la récolte du bois brut. Les copeaux de bois, la poudre et l’huile essentielle extraite de la résine sont transformés en produits à haute valeur ajoutée, notamment des parfums d’oud et des encens artisanaux. Les parfums, souvent décrits comme puissants, sensuels et mystiques, sont devenus des incontournables dans l’industrie cosmétique mondiale. L’huile d’oud était vendue jusqu’à 7 500 dollars le litre en 2003, mais plus de 10 000 dollars en 2025 selon les commerçants, ce qui en fait une des huiles naturelles les plus chères au monde. Elle est particulièrement prisée pour sa complexité olfactive. 

Les encens, sous forme de copeaux ou de bâtonnets, sont également très recherchés. À Koh Kong, des artisans locaux produisent des bakhours – mélanges traditionnels de calambac, de musc et d’huiles florales – qui diffusent une odeur envoûtante, propice à la méditation et aux rituels spirituels. « Brûler du calambac, c’est créer une atmosphère sacrée », confie Meas Sokha, fabricante d’encens. « Nos clients, qu’ils soient locaux ou internationaux, disent que l’odeur les transporte. »  

Industrie Bois de Calambac à Koh Kong

 

Une Popularité Explosive au Moyen-Orient

Si le calambac est ancré dans les traditions asiatiques depuis des siècles, son attrait au Moyen-Orient, et particulièrement aux Émirats arabes unis, est phénoménal. Dans cette région, l’oud est un symbole de luxe et de prestige, utilisé dans les parfums haut de gamme, les encens de cérémonie et même pour parfumer les vêtements et les cheveux. À Dubaï, les boutiques de parfumerie de niche comme Arabian Oud proposent des fragrances à base de calambac, souvent vendues à des prix exorbitants, reflétant la rareté et la qualité du produit.  

« Les Émiratis dépensent cinq fois plus que les Européens en parfums », note un rapport récent. Les consommateurs du Golfe, séduits par les notes riches et orientales du calambac khmer, en font un ingrédient star des mariages, des rassemblements sociaux et des rituels religieux. Selon une croyance musulmane, la fumée parfumée du bois d’agar porterait les prières directement vers Dieu, renforçant son importance spirituelle.

Parfum du Calambac


 

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