Douleurs Sans Frontières (DSF) a inauguré le 3 février une exposition photo de patients atteints de cancer et suivis à domicile par leurs équipes dans le cadre de la célébration de la journée mondiale du cancer qui a lieu chaque année le 4 février.
Cette journée mondiale contre le cancer est consacrée à la prévention, au dépistage, à la lutte contre la stigmatisation et au traitement du cancer. Douleurs Sans Frontières a organisé une exposition à cette occasion.
Douleurs Sans Frontières, une ONG qui travaille depuis plus de 25 ans au service des populations cambodgiennes défavorisées, a inauguré à cette occasion, au centre Bophana, une exposition photos de 4 portraits de patients atteints de cancer et suivis à domicile par leurs équipes médico-psychologiques.
Les photos exposées ont été prises par le photographe professionnel Miguel Lopes - Jeronimo qui a réalisé de nombreux clichés lors des interventions de l’ONG au domicile des patients et dans les hôpitaux de Phnom Penh.
La cérémonie inaugurale a eu lieu le 3 février à 10 heures en présence de Son Excellence HE. Prof. Kruy Leang Sim, sous-secrétaire d’État au Ministère de la Santé, en présence de l’Organisation Mondiale de la Santé et du Professeur Poulain, Vice-Président d’honneur de Douleurs Sans Frontières et Directeur Programme du Cambodge qui a rappelé l'histoire de l'O.N.G. dans le royaume.
L’histoire de DSF au Cambodge
DSF travaille au Cambodge depuis 1996. À cette époque, il s'agissait surtout de combattre les douleurs liées au traumatisme de la guerre et des mines. Ensuite, le pays a dû affronter une épidémie de sida. DSF a ouvert des programmes pour aider les personnes infectées et leur permettre de combattre la maladie et de mieux vivre avec.
C'est à cette époque que l'O.N.G. a ouvert des centres de formation dans les hôpitaux de Phnom Penh afin de former du personnel au traitement de la douleur et aux soins palliatifs. En 10 ans, de 2002 à 2012, ce sont plus de 500 docteurs et infirmiers qui y ont été formés et ont reçu un diplôme national, en collaboration avec l’Université de Science de la Santé et du ministère de la Santé du Cambodge.
Tout au long de ces années, l'ONG a développé une expertise et un réseau de partenaires adaptés au développement des soins palliatifs et des symptômes de fin de vie au sein des hôpitaux, dans les locaux de DSF et à domicile, maintenant principalement pour les patients atteints de cancer.
DSF mène actuellement un projet de 3 ans, qui est la première phase d'un programme à plus long terme. Son objectif global est d'améliorer l'accès aux soins et le suivi des patients, la prise en charge appropriée de la douleur et la mise en place de soins palliatifs.
Pas de médicaments parce que pas de prescription et vice versa
«Au début des années 2000, nous confie le professeur Poulain, nous avions réussi à importer assez d’opioïdes pour soigner environ 300 patients. C'était la première fois que des médecins pouvaient y recourir pour soigner des douleurs. Un an plus tard, l’hôpital a commandé de la morphine, mais force nous a été de constater que le stock était resté quasi intact. Ne sachant pas qu'ils étaient disponibles, les médecins ne les avaient pas prescrits et les médicaments se sont trouvés périmés. Voyant qu'ils n'avaient pas été prescrits, les gestionnaires hospitaliers refusèrent d’en racheter par la suite. Pendant des années, nous avons donc eu cette situation où rien n’était commandé, malgré l’incitation forte de leur mise à disposition officielle par le Bureau International des Stupéfiants situé à Vienne."
"Pour sortir de cette ornière, nous avons mis en place un programme spécifique de formation sur la ville de Phnom Penh. Et nous avons veillé à ce que l'information circule. Nous avons rencontré un certain succès, il est temps de l'élargir à d'autres provinces du royaume. », et avons convaincu les autorités de passer commande de morphine, médicament qui depuis peu est disponible pour les patients hospitalisés, dans les principaux hôpitaux publics de Phnom Penh seulement."
, nous confie le professeur Poulain.
Permettre aux populations isolées d’accéder à des soins adaptés à leur pathologie
Le réseau de soins palliatifs mis en place au Cambodge par DSF s’est d’abord concentré sur Phnom Penh puis s'est progressivement étendu aux provinces. Il est voué à être renforcé puis reproduit dans d’autres régions du territoire national. Il s’agit de mettre en place un modèle adapté au contexte et reproductible dans de nouvelles zones du pays. Douleurs Sans Frontières au Cambodge souhaite donc poursuivre sur les acquis des projets précédents en continuant à travailler avec le Ministère de la Santé sur la reconnaissance et le développement des soins palliatifs dans le système national de santé du royaume.
Ceci afin de faire bénéficier à de plus nombreux patients une prise en charge adaptée, en renforçant l’accès aux services de santé intégrés et de qualités, principalement en fournissant des soins palliatifs aux patients en phase terminale de leur maladie. Aussi bien dans les hôpitaux qu’à domicile, il faut permettre aux populations isolées d’accéder à des soins adaptés à leur pathologie et au degré d’avancement de la maladie.
Les engagements des acteurs locaux, et notamment du Ministère de la Santé à travers la production de documents stratégiques, viseront à pérenniser les objectifs atteints et à transférer progressivement les compétences en soins palliatifs vers le gouvernement local et les différents partenaires locaux.
HE. Prof. Kruy Leang Sim, sous-secrétaire d’État au Ministère de la Santé, a exprimé ses remerciements à Douleurs Sans Frontières et à ses partenaires locaux, pour leurs efforts et leurs réalisations dans la mise en œuvre de ces activités au cours des 25 dernières années, et espère que ce succès se poursuivra dans la mise en œuvre du programme à l'avenir, le Ministère a réitéré son intérêt de collaborer avec DSF sur ce programme de soins palliatifs au Cambodge.
L'exposition de photos
Les photos exposées ont été prises par le photographe Miguel Lopes - Jeronimo qui a réalisé de nombreux clichés lors des interventions de l’ONG au domicile des patients et dans les hôpitaux de Phnom Penh.
On découvre le portrait de quatre patients, des gens comme tout le monde, frappés par la maladie. Les clichés, d'une très grande sensibilité, ne tombent jamais dans le misérabilisme. On y voit les équipes au chevet des malades, leur apportant des soins, mais aussi une écoute précieuse. Des portraits pleins de délicatesse.
D'abord présentée au Bophana Center de Phnom Penh (St. 200), cette exposition est vouée à être reproduite à l’Institut Français par la suite.