Quatre mois après être devenue la première société à tirer du pétrole d'un puits cambodgien, la société KrisEnergy, cotée à Singapour, avertit que son avenir est menacé.
La société a révélé la semaine dernière que la production de la concession offshore, Apsara, était bien inférieure aux prévisions, ce qui crée une "incertitude matérielle" quant à la possibilité pour la société criblée de dettes de mener à bien la restructuration prévue.
Une production moindre que prévue
En effet, la société est en train de se restructurer pour tenter d'alléger sa dette. Elle avait misé sur les recettes de son projet au Cambodge pour financer ses opérations.
Mais la plateforme de cinq puits, installée entre décembre et février, a été "moins productive et continue" que prévu, a déclaré la société. La production avait commencé fin décembre.
La production moyenne entre le 23 février et le 30 mars a été de 2 883 barils de pétrole par jour, ce qui est très loin du pic de production prévu à 7 500 barils, un objectif qui n'est désormais "pas réalisable", selon KrisEnergy.
La société a déclaré que cette contre-performance menaçait ses efforts de restructuration et même son avenir.
Mise en demeure gouvernementale
Le Cambodge détient 5 % de l’entreprise. Or le ministère cambodgien des mines et de l'énergie, a averti cette semaine la société qu'elle devait fournir une explication satisfaisante de ce manque à gagner ou en subir les conséquences.
Cheap Sour, directeur général du département général du pétrole du ministère, a déclaré à Nikkei Asia lundi que si KrisEnergy n'était pas en mesure de "remédier" à la situation, le gouvernement pourrait lui infliger une amende, voire annuler son accord.
M. Sour a déclaré que le gouvernement attendait une explication au plus tard à la fin du mois de mai, ajoutant que la réussite du projet était importante pour le Cambodge.
La menace d'une action gouvernementale s'ajoute aux difficultés de KrisEnergy.
KrisEnergy a déclaré avoir engagé un consultant pour réévaluer la récupération finale du champ, mais a concédé qu'elle serait "nettement inférieure" aux prévisions.
Auparavant partenaire mineur, KrisEnergy a acquis la participation majoritaire dans la concession du bloc A en 2014 auprès de Chevron. Le géant américain de l'énergie détenait les droits depuis 2002, mais s'est retiré après des revers, notamment des désaccords, sur les conditions de partage des taxes et des revenus avec les autorités.
Après avoir signé un accord de production avec le gouvernement en 2017, KrisEnergy devait pomper du pétrole dans les deux ans mais a connu des difficultés avec la chute des prix du pétrole, la baisse des revenus et l'accumulation des dettes.
La société a récemment obtenu une prolongation de son délai de restructuration, lui donnant jusqu'au 16 avril pour conclure un arrangement avec ses créanciers.