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LÉGISLATIVES 2017 – Interview de Myriem Alnet, candidate du Mouvement Citoyen

Écrit par Lepetitjournal Cambodge
Publié le 1 juin 2017, mis à jour le 7 janvier 2018

Les éditions Lepetitjournal.com de la 11e circonscription ont contacté les différents candidats à la députation pour les connaitre un peu mieux avant de se rendre aux urnes. Retrouvez les entretiens de ceux qui nous ont répondus.

Pouvez-vous nous résumer votre parcours et nous préciser quelles ont été vos motivations pour entrer en politique ?

Je suis urbaniste et animatrice culturelle freelance et mène à Ho Chi Minh, où j'habite depuis deux ans, des projets culturels visant à promouvoir une meilleure connaissance des questions urbaines et architecturales auprès de la jeunesse vietnamienne.

Mes motivations sont simples : d'abord, je dresse le constat d'une nécessité de renouveler notre représentation nationale : j'estime que ceux qui nous représentent - ou ceux qui sont candidats à ces législatives ? ne tiennent pas réellement compte de nos véritables préoccupations.

Autre point : personne, pour les législatives dans les circonscriptions des FAE, ne propose de projet commun de société. C'est à celui qui nous assènera le plus de « je vais rendre l'éducation plus accessible », « je vais lutter contre le système de taxation injuste », « rendre la CFE plus accessible à tous »? Je ne nie pas que ces questions soient fondamentales à l'amélioration de la qualité de vie des FAE, au contraire, mais sans vision dans laquelle les inscrire, les programmes m'apparaissent vraiment limités. Rien pour nous permettre de transcender le quotidien, de nous projeter dans l'avenir, de nous sentir concernés par la politique et utiles à la société.

Je suis consciente que les pouvoirs d'un?e député?e sont limités et qu'on ne peut pas promettre de changer le monde, mais je pense qu'il est important d'offrir aux citoyens un projet de société autour duquel nous rassembler. Ne voulons-nous pas nous sentir appartenir à une nation progressiste, optimiste et surtout sentir que nous pouvons y participer, quels que soient nos moyens ? 

Parce qu'en parlant autour de moi je fais le constat que je ne suis pas la seule à attendre plus de la politique, et parce que personne capable de me convaincre ne semblait le faire, j'ai décidé d'être candidate aux élections législatives de la 11e circonscription. Humblement, honnêtement. Je suis une citoyenne lambda, et aujourd'hui, je suis disponible, j'ai la patience pour écouter et débattre, la jeunesse pour proposer de nouvelles idées et surtout la volonté de défendre l'intérêt général et une autre vision de la société.

Être député de la 11e circonscription, qu'est-ce que ça représente pour vous? Quels sont vos liens avec cette circonscription/ce pays?

C'est représenter les Français qui vivent dans la région la plus dynamique du monde, l'Asie de l'Est notamment. Et de nombreux Français sont ici pour cette raison, pour développer leurs projets et profiter d'une ouverture à l'innovation qu'ils ne trouvent pas en métropole. J'habite au Vietnam depuis un peu plus de deux ans et souhaite construire ma vie en Asie. Comme nombre de Français que j'ai rencontrés ici, tombés amoureux de la ville ou du pays, j'ai fait le pari de quitter la métropole et prendre le risque de tout recommencer. Les problématiques rencontrées par les Français qui suivent cette voie font partie de mon quotidien (protection sociales, impôts?), je ne suis donc pas coupée de la réalité. Et ce n'est pas pour autant que je vais me limiter au traitement de ces questions.

A travers ma candidature, je souhaite donc donner une voix à ceux qui vivent dans une région extrêmement volatile et qui, chaque jour sont confrontés à de nouvelles situations et, chaque jour, doivent rivaliser d'imagination et s'adapter.

Quelles sont vos 3 priorités/propositions parmi les problématiques concernant les Français vivant à l'étranger (emploi, fiscalité, éducation, culture, représentation, administration...) ?

Bien sûr les questions de réajustement de la fiscalité, d'accessibilité de l'éducation, de couverture sociale font partie des points que je défendrai, comme tout le monde. 

Mais je souhaite que nous regardions au-delà de ces questions : c'est pourquoi je propose aux Français de travailler ensemble sur un projet commun. Je voudrais leur proposer autre chose qu'une vision de leur quotidien qui se limite à de la gestion administrative ; je voudrais qu'ils repensent leur appartenance à la France - qu'ils soient à l'étranger pour une courte ou une longue période, cette expérience internationale peut aussi profiter à notre pays.

Trois thèmes sont importants selon moi : 

- l'écologie et la protection de l'environnement : face à l'urgence environnementale, ce doit être notre préoccupation numéro 1. En ce sens je défends l'idée d'un softpower écologique - où la France serait novatrice. En Asie du Sud-Est, j'ai rencontré de nombreux Français qui ont fait le choix de s'installer dans la région pour aider ou explorer de nouvelles manières de faire ou construire (de la mode éthique à l'agroécologie en passant par la bioclimatie). Je pense qu'il est important de soutenir les initiatives à forte valeur sociale et environnementale ajoutée.  

- l'entrée dans l'ère numérique : il devient vital d'adapter nos politiques et institutions publiques à la réalité technologique. Les infrastructures et réseaux doivent être modernisés pour permettre une véritable démocratisation des données publiques, tout en garantissant une meilleure protection des données privées et des droits fondamentaux numériques des citoyens. Il y aura une participation active sur ces sujets à l'Assemblée Nationale, parce qu'ils concernent directement la vie quotidienne des Français à l'étranger. 

- démocratie participative digitale : nous mettrons en place une plateforme digitale pour permettre aux concitoyens de partager leurs expériences et de participer (s'ils le souhaitent) au débat national. Je consacrerai une grande partie de mon temps aux échanges sur cette plateforme, et les privilégierai autant que possible à d'onéreux voyages finalement peu efficaces en matière de démocratie participative. Je pars du principe qu'en vivant dans la région la plus dynamique du monde, chacun peut puiser dans son expérience personnelle pour trouver une idée qui améliorerait à son échelle le fonctionnement de notre société, de notre économie, de nos administrations. Cette plateforme permettra à chacun de s'exprimer et d'échanger autour de ces idées, de construire des propositions et me permettra par la même occasion de mieux représenter les concitoyens.

Quel bilan portez-vous sur l'action du député sortant? Sur quel (s) plan (s) auriez-vous agi différemment ?

Monsieur Mariani a été très présent, il a beaucoup voyagé, rencontré les Français, soit.

Mais ses positions en France ou à l'international sont à l'opposé de mes convictions personnelles de défense de l'égalité, des minorités et du multiculturalisme. C'est d'ailleurs très paradoxal d'avoir un tel personnage comme représentant des Français vivant à l'étranger?

Quant à sa ligne économique : il a toujours soutenu les politiques allant à une libéralisation de l'économie qui accroit les inégalités et conforte les privilèges de classe. Ce n'est pas la société que je souhaite transmettre aux générations futures.

En outre, Monsieur Mariani porte l'image d'une vieille France qui ne représente pas du tout la jeunesse, l'avant-gardisme et la diversité de populations qui composent notre 11e circonscription. Sa grande lubie reste la diminution des CSG. Je suis convaincue qu'on peut offrir aux FAE d'autres perspectives d'implication dans la France que celle d'un investissement dans l'immobilier : je pense à des projets d'avenir sous forme de prêts (en France ou dans leur pays de résidence) pour soutenir l'innovation ? écologique, sociale et culturelle notamment.

Cet investissement peut aussi être immatériel : les FAE doivent être investis intellectuellement dans le projet français : et c'est là où il se montre très limité en rejetant « Internet ». La grande majorité de la population des Français de la 11e circonscription est, à l'image de la région où elle est installée, connectée. Il s'agit de lui offrir des outils de participation adaptés à son quotidien.?

Enfin, en termes de représentativité, Monsieur Mariani ne vit pas à l'étranger et pas dans la zone qu'il couvre ? je trouve qu'il y a là un problème fondamental.

Quelle est votre réaction à l'élection d'Emmanuel Macron ? Si vous êtes élu, allez-vous soutenir son travail ou être dans l'opposition ?

L'élection de Monsieur Macron illustre un véritable ras-le-bol des Français vis-à-vis des partis traditionnels. Les gens veulent aller de l'avant, veulent trouver des solutions, progresser. C'est optimiste et encourageant pour des mouvements citoyens comme le nôtre : la bataille a désormais lieu dans le domaine des idées. 

Le premier gouvernement entame toutefois son image de Président du renouveau : Le Drian, Collomb, Le Maire et confrères? ce n'est pas l'alternative que j'attendais. Je suis donc impatiente de voir les résultats de ces élections législatives. La nomination de Nicolas Hulot reste un « bon signe », mais dans un gouvernement ouvertement pro-nucléaire, pour qui la seule réalité est économique, comment le Ministre va-t-il défendre la vraie réalité - environnementale ? Quelle marge de man?uvre lui laissera-t-on ? 

Vivre en Asie m'a déjà appris une chose : si on ne se montre pas, le monde se fait sans nous. Autrement dit, nous n'aurons aucune influence en adoptant une position d'opposition catégorique. Or le but est bien de participer, d'influencer les lois. Au-delà de la question de soutien ou d'opposition, au-delà des logiques de parti traditionnelles, il s'agit donc d'adopter une approche constructive et de se battre dans l'élaboration des lois pour atteindre la vision de la France que nous défendons : une société plus écologiste, innovante, juste et défenseuse des libertés fondamentales.

Propos recueillis par Leïla Pelletier (www.lepetitjournal.com/cambodge) vendredi 2 juin 2017

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Publié le 1 juin 2017, mis à jour le 7 janvier 2018

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