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JO 2018 - La Francophonie, un enjeu majeur aux Jeux Olympiques

Francophonie Jeux Olympiques 2018Francophonie Jeux Olympiques 2018
Écrit par Thibault Bourru
Publié le 8 février 2018, mis à jour le 9 février 2018

Langue officielle du Comité International Olympique (CIO) depuis sa création en 1892, le français peine à se faire respecter aux Jeux Olympiques. Son utilisation a d'ailleurs été largement négligée à Rio en 2016, contexte particulier oblige. Pour cette édition de Pyeongchang 2018, Michaëlle Jean, secrétaire générale de la Francophonie, se veut plus rassurante sur l'implication sud coréenne, membre observateur de l'Organisation Internationale de la Francophonie (OIF) depuis fin 2016.

Journée très spéciale pour la Francophonie hier à Gangneung, fief des sports de glace des Jeux Olympiques d'hiver 2018. C'est au sommet de l'hôtel Golden Tulip Skybay, bâti entre la Mer de l'Est et le lac partiellement gelé de Gyeongpoho, que l'équipe de jeunes reporters francophones de l'OIF, associée notamment au PetitJournal.com Cambodge, a rencontré Michaëlle Jean. Cette dernière a répondu favorablement à l'invitation d'Eric Normand Thibeault, le Représentant régional de l'OIF pour l'Asie et le Pacifique, instigateur de cette opération mêlant sport, journalisme, et francophonie. Souriante, avenante, une petite attention pour chacun, la journaliste de formation sait bien s'y prendre pour mettre à l'aise son auditoire. 

 

Eric Normand Thibeault - Michaëlle Jean
Eric Normand Thibeault - Michaëlle Jean

 

"Nous ne voulons pas faire les gendarmes"

Après quelques dispositions formelles, chères à Eric Normand Thibeault, l'entretien commence. Manu Dibango, Grand Témoin de la Francophonie aux Jeux Olympiques de Rio en 2016 décrivait, dans son rapport, un traitement assez catastrophique de la langue française. Cela était dû notamment à un programme de travail totalement bouleversé deux mois seulement avant le début des Jeux à la suite de la suspension de Dilma Roussef et du changement de gouvernement. "Dans le domaine de la santé par exemple, c'est terrible pour un athlète francophone de ne pas être compris tout de suite ou de ne pas comprendre ce qu'on dit sur son cas", dénote la Canadienne. Pareil pour le public, "qui doit être bien servi" lorsqu'il débarque aux Jeux. Mais elle estime en parallèle que la langue nationale de chaque pays doit être une fierté. "On apprend d'autant mieux une langue lorsqu'on maîtrise la sienne, ajoute-t-elle. Nous voulons avant tout assurer le multilinguisme. Nous ne voulons pas faire les gendarmes, mais respecter les signalétiques et les recommandations du Grand Témoin est une plus-value certaine pour le pays hôte."

 

Michaëlle Jean
Michaëlle Jean a été nommée Secrétaire générale de la Francophonie le 30 novembre 2014.

 

Un enjeu plus que symbolique

Pour cette édition de Pyeongchang 2018, Michaëlle Jean a décidé de nommer Fleur Pellerin comme Grand Témoin de la Francophonie. Ce rôle consiste à veiller à l'usage intelligent du français durant les Jeux Olympiques. L'ancienne Ministre de la culture, née à Séoul, a dû rédiger des recommandations pour les organisateurs, concernant aussi bien la signalétique, les guides de transport, les différents bâtiments, les annonces publiques, etc. "Maintenant, il faudra voir, au Village Olympique notamment", commente la Secrétaire générale. À première vue, à Pyeongchang, le français montrait timidement le bout de son nez. Mais la native de Port au Prince ne croyait pas si bien dire. Quelques heures après, la délégation néerlandaise a été présentée dans ce fameux Village Olympique de Gangneung. Le discours a été prononcé en anglais, mais les écrans géants ont diffusé les traductions sud coréenne et française. Un bon point. 

 

Michaëlle Jean
Michaëlle Jean était Grand Témoin de la Francophonie aux JO de Londres en 2012

 

Michaëlle Jean a beaucoup insisté sur le bénéfice qu'un pays hôte a à tirer de cet effort linguistique. "En 2008, la Chine avait pris la chose très au sérieux. Tout le monde a fait un énorme travail en amont. Et cela a été gagnant pour eux, ils ont rayonné. Le pays était très fier d'avoir réalisé ce travail. Cela leur a permis de se positionner sur des enjeux économiques importants." Les enjeux sont tels que ce serait mentir de dire que les bénéfices d'une opération pareille sont unilatérales. Oui, l'espace francophone dispose d'un grand potentiel, tant économique, touristique, qu'en terme d'innovation ou de diplomatie. Pour en profiter, les pays hôtes des Jeux Olympiques ont tout intérêt à respecter, du mieux qu'ils peuvent, le français comme langue officielle. Mais Michaëlle Jean ne s'en cache pas, la Francophonie utilise également cette événement planétaire comme vitrine de leurs actions. "Les Jeux Olympiques sont une façon de faire parler de nous, de transmettre nos réalités, nos valeurs. C'est un grand moyen de positionnement. Nous sommes un espace de solutions à beaucoup de problèmes. Nous agissons sur tous les fronts", avoue-t-elle pleinement. Ce rapport win-win, ou plutôt gagnant-gagnant, entre la francophonie et les pays hôtes va être exacerbé en Asie dans les années à venir car après Pyeongchang c'est Tokyo qui organisera les Jeux d'été 2020, et Pékin pour l'hiver 2022.

Thibault Bourru
Publié le 8 février 2018, mis à jour le 9 février 2018

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