Hier, mardi 27 mai 2025, Phnom Penh a accueilli un événement d’une portée spirituelle et sociale majeure : le huitième colloque bouddhiste-chrétien, organisé sous l’égide du Dicastère pour le Dialogue interreligieux du Vatican, en collaboration avec des universités et monastères bouddhistes du Cambodge ainsi que l’Église catholique locale. Pendant deux jours, jusqu’au 29 mai, environ 150 participants, issus de 16 pays, principalement d’Asie, se réuniront pour dialoguer et réfléchir autour du thème : « Bouddhistes et chrétiens travaillant ensemble pour la paix à travers la réconciliation et la résilience ».


Un dialogue interreligieux au service de la paix
Dans un monde marqué par les conflits, les divisions et les blessures du passé, ce colloque met en lumière le rôle des religions comme vecteurs d’espoir et de guérison. Le Cambodge, pays à majorité bouddhiste (97 % de la population), mais comptant une petite communauté catholique d’environ 20 000 fidèles, offre un cadre idéal pour ce dialogue. Fort de son histoire marquée par les tragédies du régime khmer rouge, le pays incarne un symbole de résilience et de réconciliation. L’héritage de figures comme Maha Ghosananda, moine bouddhiste emblématique connu pour ses marches pour la paix, inspire profondément cet événement.
Le colloque s’inscrit dans une tradition de dialogue interreligieux initiée il y a plusieurs décennies, notamment à travers les efforts du Dicastère pour le Dialogue interreligieux et les rencontres précédentes, comme celle de Bangkok en 2023. Il s’appuie sur des textes sacrés, des enseignements spirituels et des expériences vécues pour explorer comment bouddhistes et chrétiens peuvent œuvrer ensemble pour apaiser les conflits et promouvoir une coexistence harmonieuse.
« Le dialogue n'est pas une option mais une nécessité », a déclaré Son Excellence Peter Bryan Wells, nonce apostolique.
« C'est cette discussion entre représentants du bouddhisme et du christianisme qui crée les conditions d'une société harmonieuse », a déclaré le ministre Chay Borin.
Réconciliation et résilience : des valeurs universelles
Le thème choisi pour cette huitième édition met l’accent sur deux notions fondamentales : la réconciliation et la résilience. Ces valeurs, profondément ancrées dans les traditions bouddhiste et chrétienne, sont perçues comme des remèdes à une culture de la violence souvent justifiée par des tensions politiques ou sociales. Ce dialogue est porté par des figures de premier plan du bouddhisme et de l’Église catholique, avec trois cardinaux présents, quelques semaines après avoir élu le souverain pontife, Sa Sainteté le pape Léon XIV.
Ainsi, Son Éminence le cardinal George Jacob Koovakad, nouveau préfet du Dicastère pour le Dialogue interreligieux, vient pour la première fois au Cambodge, porteur du message de paix et d'unité du pape. Car le dialogue interreligieux n’est pas simplement un échange entre religions, mais une rencontre entre croyants appelés à témoigner de la beauté de la foi en Dieu, de la charité fraternelle et du respect :
« Je suis convaincu que si nous sommes en accord et libres de tout préjugé, nous pouvons dire ensemble oui à la paix », Message du Pape Léon XIV cité par le Cardinal Koovakad
Dans la tradition bouddhiste, la réconciliation passe par la compassion (karuna) et la transcendance de la haine, comme l’enseigne le Dhammapada : « La haine n’est jamais apaisée par la haine dans ce monde. Seule la bonté de cœur l’apaise. » De même, le christianisme, à travers des appels comme celui de saint Paul dans sa deuxième épître aux Corinthiens, invite à la réconciliation pour construire des ponts entre les individus et les communautés. La résilience, quant à elle, permet aux sociétés de se relever des traumatismes, transformant victimes et coupables pour ouvrir la voie à un avenir meilleur.
Un événement ancré dans le contexte local
Ce colloque coïncide avec la fête bouddhiste de Vesak, célébrée le 12 mai 2025, qui commémore la naissance, l’illumination et le décès du Bouddha. Cette concomitance renforce la dimension spirituelle de la rencontre, offrant une occasion unique de célébrer les valeurs communes aux deux traditions. Mgr Olivier Schmitthaeusler, vicaire apostolique de Phnom Penh, a, depuis le début de son épiscopat, insisté sur l’importance de ce dialogue pour le Cambodge. À la fin du colloque, il conduira les participants à Takeo pour visiter une pagode et une église, afin de voir comment ces relations se vivent concrètement sur le terrain.
Les discussions, qui réunissent des responsables religieux, des théologiens et des universitaires, s’articuleront autour de la manière dont les deux traditions peuvent collaborer pour promouvoir la justice, la paix et la dignité pour tous. Elles s’appuieront sur des initiatives concrètes, comme celles issues du précédent colloque de Bangkok, qui ont appelé à cultiver l’empathie, à protéger l’environnement et à promouvoir une coopération interreligieuse à tous les niveaux de la société.
Une lueur d’espoir pour l’humanité
Dans un pays où l’Église catholique, bien que minoritaire, connaît une vitalité croissante – comme en témoigne l’augmentation des vocations sacerdotales et religieuses ces dernières années, avec l’ordination sacerdotale du premier prêtre salésien cambodgien ce samedi 31 mai – ce colloque est une occasion de renforcer les liens entre chrétiens et bouddhistes. Il rappelle que la foi, loin d’être une source de division, peut être une force d’unité et de transformation.
En ces temps d’incertitude mondiale, « Ensemble pour la paix » porte un message universel : les religions, lorsqu’elles dialoguent et collaborent, ont le pouvoir non seulement de prévenir la violence, mais aussi de guérir les blessures du passé et d’inspirer un avenir de fraternité. Ce colloque, ancré dans l’esprit du Jubilé catholique de 2025 et de la fête de Vesak, est une invitation à redécouvrir les trésors spirituels des traditions religieuses pour bâtir un monde plus juste et harmonieux.

Pour en savoir plus sur les initiatives du Dicastère pour le Dialogue interreligieux, consultez www.vaticannews.va.
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