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La jeunesse cambodgienne et la pratique religieuse

La pratique religieuse des jeunes Cambodgiens évolue face aux changements sociaux et technologiques. Entre préservation des traditions et adaptation, la religion reste un pilier de l'identité culturelle.

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Écrit par Lepetitjournal Cambodge
Publié le 2 février 2025

Le bouddhisme, reconnu comme religion nationale dans la Constitution, influence profondément la vie des Cambodgiens. Toutefois, les experts constatent une baisse des pratiques religieuses, particulièrement chez les jeunes, sous l'effet des transformations sociales et technologiques.

Certaines voix, discrètes, confirment ce déclin. Une étudiante explique que peu de ses amis universitaires fréquentent les pagodes, bien que ses anciens camarades de lycée y allaient en famille ou avec leurs partenaires.

Une foi nuancée selon les générations

Pheng Sa Ea, 21 ans, étudiante en droit et chrétienne originaire de Siem Reap, reconnaît que sa génération est moins fervente que celle de ses aînés. Elle illustre cette évolution en évoquant la différence dans la manière de faire face à la maladie : "Autrefois, on demandait pardon aux ancêtres spirituels. Aujourd’hui, on va à l’hôpital."

De son côté, Kosal Sereykanya, 21 ans, étudiante en médias et communication à Phnom Penh, participe occasionnellement aux fêtes bouddhistes en famille. Elle met l’accent sur l’importance des traditions transmises par ses parents pour préserver l’esprit et le cœur.

Pour Him Imrorn, 24 ans, musulman originaire de Pursat, la pratique religieuse a évolué positivement grâce à une meilleure éducation religieuse. Il note que les jeunes musulmans d’aujourd’hui suivent davantage les préceptes de l’islam grâce à des influences venues de pays comme la Malaisie ou l’Indonésie, via les réseaux sociaux.

 

Him Imrorn, 24, a Muslim from Pursat province, wearing traditional Muslim attire. Photo provided_

Les statistiques religieuses au Cambodge

Selon la base de données mondiale sur les religions de l’Université de Boston (2020), 85,4 % des Cambodgiens sont bouddhistes, 4,3 % adhèrent à des religions ethniques, 2,8 % sont chrétiens, 1,9 % musulmans, tandis que 3 % sont athées ou agnostiques.

Religion, savoir et lien social

Les jeunes interrogés évoquent des motivations diverses pour maintenir leurs pratiques religieuses. Kanya, née à Phnom Penh, considère les visites aux pagodes comme une source de sérénité et une occasion de renforcer les liens familiaux.

Kosal Sereykanya, 21, from Phnom Penh, goes to the pagoda with her relatives during the Pchum Ben Festival. Photo provided_1737446928.jpg (270.56 Ko)
La famille de Kanya, photo fournie

 

Pheng Sa Ea trouve son inspiration dans la lecture quotidienne de la Bible, qui nourrit sa foi. Elle souligne l’importance des outils modernes, comme les notifications bibliques sur son téléphone.

Pour Him Imrorn, la compréhension des enseignements religieux est essentielle. Il cite des explications scientifiques sur les pratiques, telles que le jeûne, pour souligner leurs bienfaits.

Défis et distractions

Les contraintes modernes, comme le manque de temps libre et l’influence des réseaux sociaux, compliquent la pratique religieuse pour les jeunes Cambodgiens. Pheng Sa Ea admet avoir perdu une partie de sa connexion spirituelle depuis qu’elle a déménagé à Phnom Penh.

Néanmoins, Him Imrorn maintient des pratiques régulières, comme la prière quotidienne et la participation aux fêtes musulmanes majeures.

Le rôle évolutif des religions

Des chercheurs, comme Chhort Bunthang et Kath Bunthorn, constatent une baisse de l’importance religieuse, attribuable aux transformations sociales et au matérialisme croissant. Cependant, ils soulignent que les religions restent un rempart contre l’excès de désir et l’avidité.

Selon eux, les institutions religieuses doivent adapter leurs enseignements pour rester pertinentes et répondre aux défis modernes. Des pratiques innovantes, comme la méditation, pourraient renforcer leur rôle éducatif et moral.

Un avenir entre préservation et innovation

Les responsables religieux, comme Chhat Sochhet du ministère des Cultes et des Religions, insistent sur les progrès réalisés grâce à l’éducation religieuse et aux outils numériques. Le développement des pagodes et des enseignements en ligne démontre une résilience et une adaptation face aux défis contemporains.

Pour Bunthorn, il est crucial que toutes les confessions s’efforcent de guider les esprits dans un monde de plus en plus matérialiste. Il appelle à une plus grande implication des jeunes dans les enseignements spirituels pour bâtir une société plus harmonieuse.

 

Avec l'aimable autorisation de Cambodianess, qui a permis la traduction de cet article et ainsi de le rendre accessible au lectorat francophone.

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