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PHNOM PENH - Les dernières heures du Boeung Kak.-

Écrit par Lepetitjournal Cambodge
Publié le 19 septembre 2008, mis à jour le 13 novembre 2012

Le quartier de Boeung Kak était connu des touristes, et constituait, en dépit des dégradations, une des dernières zones vertes de la capitale. Le plus grand lac de Phnom Penh a finalement été vendu aux développeurs. Retour, en images, sur un quartier qui se meurt.

Un projet contesté
Les élections législatives auront marqué un bref répit pour les 90 hectares du lac Boeung Kak. Ouvriers, et pompes, avaient brusquement cessé toute activité sur ordre des développeurs du site, soucieux de ne pas porter préjudice au Premier ministre Hun Sen et à son parti, le PPC. Depuis les évènements se sont accélérés, et près de 4000 familles ont déjà du quitter le quartier. Boeung Kak, livré en concession à la société Shukaku, partenaire pour le projet du groupe cambodgien Pheapimex, devrait bientôt devenir un quartier d'affaires avec hôtels, restaurants et boutiques bien achalandées. Un changement de taille pour ce quartier bien connu entre autres des routards et autres « backpackers ». Le projet lui même est contesté, ainsi Van Molyvann, référence cambodgienne de l'artchitecture et de l'urbanisme, s'est il élevé contre un remblaiement « désastreux » du lac, certains experts disent sous couvert d'anonymat regretter que la Mairie n'ai pas privilégié le projet présenté en 2006, une proposition en partie établie avec le soutien de la coopération française et qui proposait d'intégrer le lac dans un développement équilibré de la capitale.

Des habitants désemparés et désorganisés
Si les habitants n'ont eux mêmes probablement pas une claire idée des développements en cours, et des conséquences urbanistiques et environnements du projet, ils en sont toutefois les principaux opposants, objets de leur courroux les propositions de dédommagement des développeurs. « Le gouvernement propose des compensations bien en dessous des réalités du marché immobilier à Phnom Penh » indique Mr Sokhaeng, propriétaire du Number Nine, la plus ancienne guest-house du lac. En effet, les perspectives d'avenir pour la majorité des commerçants du lac ne sont pas réjouissantes. Outre la perte de leur « gagne-pain », ils ne savent toujours pas si un nouveau quartier de « routards » fera son apparition dans la capitale. Mais le plus alarmant pour ces personnes est le manque d'information. « Nous ne connaissons pas encore la date pour vider les lieux ni le montant de la compensation. » explique Mr Pana, propriétaire du Number Ten. Tous espèrent qu'elle sera proportionnelle au chiffre d'affaires même si personne ne se fait d'illusion. Toutefois, les patrons de ces endroits ne se facilitent pas la tâche. Propriétaires de guesthouses ou d'habitation, chacun avance différents critères de dédommagements afin d'en tirer quelques avantages. Résultat, la où une union aurait été nécessaire, la cacophonie règne laissant le champ libre aux développeurs.

Ainsi 450 des 4000 familles vivant sur le site auraient déjà accepté les conditions proposées par les promoteurs du projet. Elles ont touché chacune la somme de 8000 dollars, ou se sont vues octroyer un logement en périphérie de la ville. Quant aux autres, ils n'ont pour le moment pas l'intention de baisser les bras. Mercredi 17 septembre, une centaine de personnes ont manifesté devant la résidence du premier ministre Hun Sen afin d'obtenir un meilleur dédommagement et l'arrêt des opérations de pompage. Leur action devrait se renouveler prochainement…Néanmoins le gouvernement semble sur de lui affirmant que le lac appartient à l'Etat. Argument réfuté par Maître Choung Chou Ngy, l'avocat des habitants. Celui-ci affirme que le contrat entre la société Shukaku et le gouvernement est illégal car le site est un espace naturel. « Selon la loi il est interdit de développer un lac naturel. De plus il n'y a aucune transparence dans ce projet de construction. Ce n'est pas normal », ajoute l'avocat qui doit avouer qu'il sera de toute façon difficile de satisfaire les familles.

Un Imam inamovible
Quant aux fidèles de la grande Mosquée de Phnom Penh, dont le minaret domine le site, qu'ils se rassurent, leur lieu de culte ne sera pas touché par le projet. L'Imam Assan se montre lui même assez favorable aux développements en cours, « les populations ne pouvaient plus rester au bord de ce lac insalubre. Le gouvernement nous a prévenu dès le début que la mosquée ne risquerait rien. » Pourtant ce n'est pas tout à fait le cas. Si une digue n'est pas construite, la montée des eaux risquerait fort d'endommager l'édifice religieux. L'Imam et le Vice-président de la mosquée sont néanmoins confiants depuis le don de 5 millions de dollars offerts personnellement par le Premier ministre koweïtien, Nasser Mohammed al Sabah. Une grosse partie de cette somme servira à la rénovation de la mosquée de Boeung Kak.

Le grand lac de Boeung Kak vit donc ses dernières heures, et ses derniers habitants attendent avec angoisse la fin de leur quotidien. Déjà les travaux commencent, et les bétonneuses sont à pied d'oeuvre. Quand Phnom Penh change de visage ... 

Alexandre Bellity et Steffy Beneat (www.lepetitjournal.com Cambodge) vendredi 19 septembre

Ci-dessous un reportage photo de Nicolas Axelrod

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Publié le 19 septembre 2008, mis à jour le 13 novembre 2012

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