Après trois ans de procédures pénales et une première résolution par le centre national d’arbitrage commercial, la saga judiciaire prend fin pour Martin Chan.
« Je suis heureux d’en voir enfin le bout ». Heureux et soulagé, Martin Chan, un ressortissant australien de 49 ans vivant au Cambodge depuis 2013, peut l’être. Après trois ans de procédures pénales, la cour de première instance du Kandal a reconnu ce missionnaire chrétien non coupable. Il était poursuivi pour fraude par l’entreprise cambodgienne PHV Construction. Celle-ci était en charge de la construction d’une école internationale bilingue pour le compte de His International Services (HIS), une entreprise créée par une ONG chrétienne sud-coréenne, pour laquelle Martin Chan travaillait en tant que bénévole.
En 2016, alors que le chantier de l’école est déjà bien entamé, le projet tombe à l’eau par manque de financements. Le litige est alors porté auprès du centre national d’arbitrage commercial qui donne raison à l’organisation caritative sud-coréenne et la disculpe de toute irrégularité.
Mais sous prétexte d’un « lourd préjudice » causé par cette décision, PHV Construction se retourne quelques mois plus tard contre Martin Chan, membre du conseil d’administration de HIS et superviseur du projet de construction. Arrêté en novembre 2019, il passera trois mois en détention provisoire dans la prison provinciale du Kandal, avant d’être finalement libéré sous caution en février. « Je partageais ma cellule avec 95 autres détenus, se rappelle-t-il. Les conditions de détention étaient éprouvantes mais je dois reconnaître avoir été très bien traité. »
Accord entre les parties
Mais lundi, retournement de situation. Alors que la cour du Kandal doit rendre sa décision le lendemain, un accord est trouvé entre PHV Construction et l’ONG coréenne. Dans la foulée, l’entreprise cambodgienne abandonne les poursuites contre l’Australien. « Lors du procès [dont les audiences se sont tenues courant mars, NDLR], le procureur ne cessait de rappeler à PHV qu’un arbitrage avait été rendu à la faveur de His Child International, explique ce dernier. En somme, leur poursuite pour fraude ne reposait sur rien et le procureur l’a bien compris. » Sans surprise, mardi, le tribunal juge Martin Chan non coupable et clôt de la sorte un dossier de plus de trois ans. « Le système judiciaire cambodgien a une forte marge d’amélioration » note tout de même Martin Chan. Malgré leurs déboires, lui et sa femme, Déborah Kim, comptent rester au Cambodge et poursuivre leur mission.
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