Martin Chan, un missionnaire australien installé au Cambodge été libéré sous caution vendredi 2 février, dans un litige qui l’oppose à une entreprise cambodgienne de construction.
Arrivé menotté, reparti les mains libres. Vendredi dernier, la cour d’appel de Phnom Penh a libéré sous caution Martin Chan, un missionnaire chrétien placé en détention provisoire en novembre 2019. « Je n’ai qu’une hâte désormais, retourner chez moi auprès de ma femme », s'enthousiasmait l’Australien de 49 ans à la sortie de la salle d’audience. « Je suis tellement soulagée » témoignait de son côté Deborah Kim, sa femme, émue aux larmes sur le perron du tribunal quelques minutes après le verdict. « J’étais dubitative car le procureur demandait la poursuite de la détention provisoire, de peur que nous quittions le Cambodge. Mais le juge a entendu nos arguments et a penché de notre côté. »
Martin Chan a passé ces trois derniers mois dans la prison provinciale du Kandal où il partageait sa cellule de 30 m² avec 95 autres codétenus. « Les conditions de détention étaient éprouvantes mais j’ai été très bien traité » assure-t-il. S’il est maintenant sorti de prison, il attend désormais son jugement après que l’entreprise de construction cambodgienne PHV l’a attaqué au pénal pour « fraude » auprès de la cour municipale du Kandal.
Retour en arrière. Martin Chan et Deborah Kim, deux ressortissants australiens, sont arrivés au Cambodge il y a sept ans. Le couple marié s’installe à Takmao pour travailler en tant que bénévoles pour l’association caritative chrétienne sud-coréenne HisChild International. Quelques années plus tard, Martin Chan est nommé superviseur pour la construction d’une école internationale bilingue portée par His International Services (HIS), une entreprise créée par HisChild International. A terme, l’école doit pouvoir accueillir 1000 élèves. L’entreprise de construction PHV est sélectionnée pour mener à bien les travaux, d’une valeur de plusieurs millions de dollars.
En 2016, tout bascule. Par manque de fonds, HIS abandonne la construction de l’école et fait savoir à PHV que le chantier prend fin. Pour résoudre le litige, l’affaire est alors portée auprès du centre national d’arbitrage commercial qui donne raison à l’organisation caritative sud-coréenne et la disculpe de toute irrégularité.
Mais, sous prétexte que la suspension « sans raison » du contrat aurait « causé un lourd préjudice » à l'entreprise, PHV saisit la cour municipale du Kandal quelques mois plus tard. Jung Young Kim, qui a établi HIS au Cambodge, et Martin Chan, qui a été nommé au sein du conseil d'administration de l'entreprise lors de la phase d’arbitrage, sont alors poursuivis pour « fraude ». Jung Young Kim quittera le Cambodge peu de temps après pour rejoindre la Corée du Sud, son pays natal.
De son côté, Martin Chan sera arrêté en novembre dernier à l’aéroport international de Phnom Penh alors que lui et sa femme se rendaient à Hong Kong pour rendre visite à de la famille. Il sera immédiatement placé en détention provisoire.
Pour sa femme, sa libération sous caution, après déjà deux premières demandes rejetées, est « une première victoire ». Si la date du procès reste inconnue, « pour l’heure, ce qui compte, c’est qu’il soit sorti de prison » soutient Deborah Kim.
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