Info flash, le Ministère des Affaires Étrangères a annoncé hier, lundi 6 mars 2017, le retrait du vote électronique aux Français de l'Étranger pour les prochaines législatives de juin qui se tiendront le dimanche 4 pour le premier tour et dimanche 18 pour le second. Une décision annoncée par le secrétaire d'État au commerce extérieur, Matthias Fekl, lors de l'ouverture de la session de l'Assemblée des Français de l'Étranger réunie à Paris au Centre de Conférences Ministériel et déclenche de vives réactions et de nombreuses critiques chez les élus et parlementaires des circonscriptions à l'étranger.
Le gouvernement justifie cette mesure en s'appuyant sur l'administration qui a, en effet, jugé de la trop grande vulnérabilité du système de vote par voie électronique. Afin de prévenir d'hypothétiques cyber attaques, nombre de français seront donc privés de leur droit de vote.
Dans un communiqué transmis aux rédactions, Matthias Fekl explique : «Cette décision a été prise sur la base des recommandations des experts de l'Agence Nationale de la sécurité des systèmes informatiques et en tenant compte du niveau de menace extrêmement élevé de cyberattaques qui pourrait affecter le déroulement du vote électronique. En raison de ce contexte, il a été jugé préférable de ne prendre aucun risque de nature à compromettre le scrutin législatif pour les Français de l'étranger. Le ministère des Affaires étrangères et du développement international assumera pleinement sa responsabilité d'organisation d'un scrutin garantissant les droits de chaque électeur» [?] «Les Français inscrits sur les listes électorales pourront exercer leur droit de vote à l'urne dans les mêmes conditions que lors de l'élection présidentielle (et) les votes par correspondance et par procuration seront facilités et encouragés».
Les députés concernés et affectés par cette soudaine décision réagissent et s'indignent. Parmi eux, le député LR de la 1re circonscription des Français de l'Étranger (États-Unis, Canada), Frédéric Lefebvre, contacté par Le Figaro, indique avoir immédiatement lancé une pétition pour «réclamer au Président de la République et au Premier ministre de revenir le plus rapidement possible sur cette décision».
Thierry Mariani, député de la 11e circonscription des Français de l'Étranger (Europe orientale, Asie, Océanie) a immédiatement "tweeté" à ce sujet, qualifiant cette mesure d'« hallucinante ». L'élu dénonce une atteinte à la démocratie puisque «la moitié des électeurs concernés seront privés de leur droit de vote».
Contacté par Lepetitjournal.com, Jean Lestienne, Conseiller Consulaire au Cambodge, se dit lui aussi « déçu » de cette mesure et craint un fort taux d'abstention si des solutions ne sont pas mises en place rapidement. En discussion avec l'Ambassade, il travaille activement afin que de nouveaux bureaux de vote soient ouverts dans le pays comme par exemple à Siem Reap.
Une situation d'autant plus incompréhensible que lors des élections législatives de 2012, les votes par voie électronique représentaient plus de la moitié du scrutin (57,4% (126.947) au premier tour ; 53,5% (117.675) au second tour) ; aucun problème n'avait interféré avec son bon déroulement.
François Nizet, Conseiller Consulaire pour la Chine, La Mongolie et la Corée du Nord, indique qu'il avait précédemment interrogé l'administration en 2014 sur les imperfections du dispositif. Il déclare dans un communiqué: « Cet abandon du vote électronique est une très mauvaise nouvelle pour la représentation politique des 1,3 millions de Français de l'Étranger inscrits sur les listes électorales et en particulier pour ceux qui vivent loin des bureaux de vote pour qui ce mode d'expression du suffrage évitait de longs et coûteux déplacements pour glisser un petit bulletin dans une urne. Des pétitions ont été lancées en plusieurs endroits du monde pour que ce mode de vote soit maintenu ».
Il met également en lumière de nouvelles mesures prises par le ministère des Affaires étrangères et du Développement International pour compenser les effets de cet abandon. Il s'agit d'une augmentation du nombre des bureaux de vote, de mettre l'accent sur la collecte des procurations par l'organisation de tournées consulaires plus nombreuses et une information capitale indiquant le report au vendredi 31 mars 2017 comme date limite pour s'inscrire au vote par correspondance par pli fermé. Cette demande doit être effectuée auprès des consulats.
Pour plus de détails sur comment procéder pour les votes et obtenir une information complète sur les élections à l'étranger, cliquez ici.
Leïla Pelletier (www.lepetitjournal.com/cambodge) mercredi 8 mars 2017
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