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HUN MANY - "Mon père ne souhaite pas que ses enfants fassent de la politique", mais...

Écrit par Lepetitjournal Cambodge
Publié le 15 septembre 2023, mis à jour le 12 novembre 2023

Après un portrait de Kem Monovithya, fille de Kem Sokha, notre média partenaire khmer www.thmeythmey.com vous propose une rencontre avec Hun Many, fils du Premier ministre Hun Sen, aujourd'hui bel et bien engagé en politique.

À l'âge de 9 ans, Hun Many est envoyé par son père, Premier ministre du Cambodge, pour étudier en France avec son frère, Hun Manith, de 1991 à 1998. Il se rend par la suite aux Etats Unis pour finir son baccalauréat et poursuivre ses études de science politique à l'université jusqu'en 2005. Hun Many termine son master de relations internationales à Melbourne, en Australie. De 2009 en 2010, Hun Many, qui travaille déjà comme assistant du Premier ministre, boucle un autre master sur la sécurité stratégique à l'université de la défense nationale aux États-Unis, une étude qui se concentrait sur la lutte contre le terrorisme. Aujourd'hui, âgé de 31 ans, Hun Many est élu de la circonscription de Kampong Speu du parti au pouvoir, parti du peuple cambodgien (PPC). Il est aussi le benjamin de l'Assemblée nationale.

« Je pense que l'expression « Hun Many, fils du Premier ministre » est manipulée par les journalistes. Ils m'avaient demandé, une fois à l'assemblée, ce que je ressentais en tant que fils du Premier ministre à être  assis dans l'hémicycle auprès de mon père ? Je leur ai répondu que je n'étais pas à l'assemblée en tant que fils du Premier ministre, mais en tant que Hun Manny, député du Parti du Peuple Cambodgien. Et si je suis le député le plus jeune, c'est juste un hasard ». Hun Many explique à ses contradicteurs que le fait qu'il soit devenu député n'est pas lié à l'influence de son père, vice président du PPC.

Bien que Hun Many soit le fils du Premier ministre, en matière politique, il ne parle que de sa relation entre le parti et lui-même. Tout est clair pour ce jeune politicien. Les études et les expériences acquises paternelles lui ont servi comme base pratique dans son travail. Mais pour le futur, en tant que politicien de la nouvelle génération il sait comment faire pour servir les intérêts du peuple du pays prioritairement, puis pour la popularité du parti.

Le père ne voulait pas que ses enfants fassent de la politique. Mais aujourd'hui a-t-il le choix ?

Pourquoi M. Hun Many se lance dans la politique ? Si certains pensent que sa carrière de politicien a été prévue depuis longtemps, parce que son père est Premier Ministre, Hun Many rappelle qu'avant son départ en France, son père lui avait dit qu' « il ne voulait voir aucun de ses enfants faire de la politique ».

C'était le contexte de l'époque, parait-il, qui décourageait le Premier ministre de l'Etat du Cambodge à placer ses enfants sur la scène politique. C'était vers la fin des années 80 et au début des années 90 où le Premier ministre Hun Sen devait traverser des étapes trop complexes de négociations de paix et d'union nationale avec le mouvement tripartie à la frontière khmero-thailandaise. « C'est un domaine très difficile. C'est un travail à haute responsabilité. De plus, on n'est pas toujours aimé par tout le monde. Il ne m'a rien dit d'autre. Et quand je travaillais comme son assistant, il me disait bien qu'il n'avait pas de temps pour m'apprendre. Mais il m'avait autorisé à rester dans son bureau et à l'observer. Et aujourd'hui quand je fais des fautes, il me conseille » explique  Hun Many.

Le Parti propose de faire de la politique

A partir de 2007, les Cambodgiens ont pu voir le personnage Hun Many courir tranquillement derrière le Premier ministre Hun Sen, en tant qu'assistant.

Les tâches et les responsabilités se sont multipliées en 2011. Il a été élu président de l'Union de la fédération des Jeunes Cambodgiens du PPC. Ce travail lui plaît beaucoup. En effet, il aime le contact et l'ambiance avec les jeunes et les habitants de la base. Bien que les observateurs de la vie politique voient cette pratique comme une partie des affaires politiques, Hun Many pense qu'il s'agit plutôt d'activités purement sociales, et qui encouragent les jeunes à contribuer aux affaires sociales.

Depuis, le quatrième enfant du Premier ministre Hun Sen, souvent habillé de l'uniforme de UFJC à la chemise bleu clair, avec les autres enfants des hauts dirigeants du PPC, dirige ce mouvement des jeunes du PPC.

Bien cultivé, plus de cinq ans d'expériences de travail comme assistant du Premier ministre et populaire au sein de l'Union des jeunes, les leaders du PPC propose à Hun Many de se représenter dans la circonscription  de Kampong Speu aux cinquièmes élections législatives. « Jusqu'en 2011, je n'ai pas pensé faire de la politique. Mais les doyens du parti ont suggéré qu'il était temps de commencer. Donc, c'est grâce à la confiance et l'opportunité que m'a offert le parti, que j'ai pu devenir le plus jeune député de cette législature » explique Hun Many.

« Dans l'hémicycle, mon âge n'a rien à voir »

Jeune politicien, cela ne signifie pas que le député Hun Many ne comprenne guère les affaires politiques, et cela ne signifie pas non plus que Many a tout compris des affaires de l'assemblée. Mais le jeune député se montre déterminé à remplir les tâches pour les intérêts du pays. Alors pour Hun Many, l'âge ne doit pas être un obstacle durant les débats face aux députés âgés, parmi lesquels figurent les hautes personnalités du parti qui ont supporté sa candidature. « Si l'on met en avant l'âge, nous perdons notre responsabilité et notre position. Par contre, ce dont je m'inquiète est la rédaction des textes de loi. Je n'hésite pas à dire que personne ne sait tout. Cela demande du temps pour apprendre. Et ce qui est important pour moi, c'est de chercher à comprendre et à servir le peuple », souligne Hun Many.

Pour Many, les expériences acquises auprès de son père l'ont beaucoup aidé. Le fait qu'il ait appris à comprendre le Premier minister, dit-il, ne diffère pas du fait qu'il doit aujourd'hui chercher à connaître les besoins du peuple. « En tant qu'assistant du Premier ministre, une de mes tâches était de porter les documents et le cartable pour lui, explique-t-il. Ce travail n'était pas facile. D'abord, je devais comprendre ce dont il avait besoin. Par exemple, avant d'aller à une négociation bilatérale ou au sommet de l'Asean, je devais savoir quel document je lui apportais. Il fallait alors une entente entre lui et moi pour que le travail soit efficace ».

« Je ne suis pas comparable à mon père »

« Il m'a appris une chose. Il a dit que lors d'une négociation en faveur de la nation, en tant que dirigeant, il faut bien cerner l'occasion, savoir la saisir, savoir l'exploiter et  savoir la créer. Voilà ce que nous devons apprendre », se rappelle ainsi Hun Many.

Il a beaucoup admiré son père dans sa manière de résoudre les conflits frontaliers avec la Thaïlande, les différends politiques issus des élections législatives, sa façon de travailler, la prise de décision face aux problèmes majeurs de la nation et sa responsabilité en tant que dirigeant du pays.

 « Je me demande ce qui l'a rendu si solide pour diriger le pays jusqu'à aujourd'hui ? J'ai appris une leçon de lui. En 2008, quand la situation de Preah Vihear devenait si tendue, les hauts responsables du pays se sont réunis chez le Premier Ministre. À ce moment-là, le Premier ministre a sorti quatre éventuels scénarios. Primo, c'est d'atténuer la situation pour éviter l'ouverture du feu et permettre aux habitants de poursuivre leurs activités professionnelles. Secundo, en cas de déclenchement des hostilités, il fallait que ça se produise uniquement au point tendu. Tertio, l'ouverture du feu devait se produire seulement à la frontière. Et quarto, il s'agirait vraiment d'une guerre.
J'ai alors compris  sa capacité à diversifier les facteurs et les options. Face à cette situation intense, il a pensé à la stratégie de défense nationale, au facteur économique qui concernait la vie quotidienne des habitants vivant à la frontière et à la fois à  la résolution par la voie juridique et diplomatique. Moi, je ne suis pas comparable à lui. À vrai dire, s'il n'était pas aussi solide et aussi intelligent, il mourrait... ».

 

« Résoudre les différends politiques dépend de la volonté, et non pas de la personne »

Plusieurs mois après les élections législatives, le conflit politique n'est toujours pas résolu. Les 55 élus du parti d'opposition ne se sont pas encore présentés à l'assemblée. Le Parti du Sauvetage National, dirigé par Sam Rainsy et Kem Sokha, respectivement président et vice président, a revendiqué le départ du Premier ministre Hun Sen du pouvoir.

Si les acteurs politiques étaient les jeunes de nouvelle génération, est-ce qu'ils pourraient mettre un terme à la dispute plus rapidement ? Répondant à cette question, Hun Many indique qu'une telle solution politique ne dépend pas des personnages, mais de la volonté politique. Le jeune politicien du PPC reproche au parti d'opposition de ne pas vouloir résoudre le litige politique. « Le Parti de Sauvetage National n'a pas de volonté pour résoudre le problème. Donc avec cette génération, ma génération ou même à celle de mes enfants, il n'y a toujours pas de solution. Parce qu'il n'y pas de volonté politique. Du coup, je ne pense pas que cela dépende des jeunes ou des âgés » commente Hun Many avant d'ajouter que son parti du peuple cambodgien prend plus en compte de la vie  du peuple que les négociations.

Ses activités hors du travail

Est-ce que Hun Many a le temps pour ses loisirs personnels, au milieu des tâches et des responsabilités de député, président de l'UFJC, ainsi que mari et père ? Par chance, pour lui, le moment où il reste avec la famille est aussi son loisir, surtout  la rencontre familiale dominicale chez ses parents. Et c'est à ce  moment là où la maison du premier ministre devient bruyante avec la présence de presque 30 personnes.

Hors du moment familial, ce jeune politicien pratique du sport. L'amateur avoue qu'il n'est pas doué en un  sport en particulier, mais qu'il sait et peut s'amuser au tennis, la natation, le jogging, le soccer, le volley et le tennis de table?

Le sport sert à déstresser le politicien devenu une cible. Connu comme l'enfant de Hun Sen, Premier ministre depuis 1985, Hun Many a un énorme chantier devant lui pour devenir un homme politique réputé.

Delux LEANG ? www.lepetitjournal.com/cambodge - Lundi 12 mai 2014

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Publié le 11 mai 2014, mis à jour le 12 novembre 2023

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