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Covid-19 : Au Cambodge, le casse-tête des vols pour la France

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Un avion de Singapore Airlines. Crédits : Riik@mctr / Flickr Creative Commons
Écrit par Juliette Buchez
Publié le 19 mars 2020

Après les annonces du président Emmanuel Macron, de nombreux Français actuellement à l’étranger cherchent à regagner la France. Au Cambodge, la situation vire au casse-tête en l’absence de ligne directe.

Prix des billets d’avion qui s’envolent, vols complets ou annulés, frontières qui se ferment, pour de nombreuses personnes qui cherchent à rentrer en France, la tâche s’est fortement compliquée ces derniers jours.

Jusqu’au 17 mars, le Cambodge accueillait encore les personnes venues ou ayant séjourné en France, en Allemagne, en Italie, en Espagne, aux États-Unis ou en Iran. Mais aujourd’hui de nombreux voyageurs français sont bloqués sur le territoire, faute de pouvoir se rendre dans les pays voisins qui leur ont fermé leurs frontières ou ont bloqué toutes possibilités d’obtention de visa.

A la suite des mesures prises en France pour lutter contre la propagation du Covid-19 et de l’allocution d’Emmanuel Macron lundi annonçant la fermeture de l’espace Schengen, de nombreux voyageurs comme Manon, 25 ans, tentent donc de regagner la France. « C’était censé être un voyage touristique d’un mois, nous n’avons pas les moyens d’assumer nos charges permanentes en France et des charges ici qui s’accumuleraient, explique l’éducatrice spécialisée inquiète à l’idée de devoir rester au Cambodge. En raison du système de santé également. On sait que les hôpitaux ici ne sont pas les hôpitaux de France et nos assurances ne sont pas si claires que ça concernant une éventuelle prise en charge ».

Flambée des prix des vols

Avant même les annonces du gouvernement français, dès le 14 mars, la voyageuse cherchait déjà à avancer son retour.

« Notre vol qui devait partir le 31 mars de Siem Reap est toujours maintenu. Mais on ne peut pas embarquer parce que l’escale à Singapour semble très compliquée, donc on a abandonné l’idée, raconte-t-elle. Chez Emirates, les places à 500 euros par personne à destination de Paris étaient toutes prises. Il ne restait que des places en classe business à 3000 euros donc on a laissé tomber. On a cherché des vols pour le lendemain ou le surlendemain, c’était pareil. »

Manon a finalement pu trouver un vol à prix correct et espère qu’il sera maintenu. Comme elle, de nombreux voyageurs dénoncent la flambée des prix alors même que les autorités françaises invitent les ressortissants français en déplacement à l’étranger à rentrer au plus vite.

Une cellule spéciale a été mise en place à l’ambassade de France à Phnom Penh mais celle-ci enjoint les voyageurs à ne les contacter qu’en derniers recours.

En parallèle, plusieurs personnes ont donc constitué un groupe WhatsApp pour partager leurs infos concernant les vols annulés ou les correspondances maintenues. Mais aussi pour recenser les personnes plus en difficulté et regrouper les questions afin d'éviter de saturer l’ambassade. Plus de 125 personnes en font désormais partie.

Un « Go home » lancé dans la rue

Malgré tout, beaucoup cherchent à profiter de ce qui reste de leur séjour alors que les temples d’Angkor sont désertés ou que les possibilités de déplacement au Cambodge sont encore importantes.

Ils sont néanmoins de plus en plus nombreux à partager quelques mésaventures et notamment des situations dans lesquelles ils perçoivent une certaine suspicion à leur égard. « Un scooter à proximité de notre hôtel nous a accueilli en nous lançant un "Go home" », rapporte ainsi l’un d’entre eux.

Au Cambodge, une majorité des 37 cas de Covid-19 déclarés jusqu’à présent sont des cas « importés » principalement par des voyageurs provenant de pays occidentaux ou des Cambodgiens et Malaisiens s’étant rendus à un rassemblement musulman en Malaisie.

La fermeture des écoles, des karaokés, des cinémas ou des musées a d’ores et déjà été prononcée. A Phnom Penh où de nombreux bars restent ouverts, plusieurs établissements de Bassac Lane ont pourtant fermé leurs portes hier et avant-hier après une visite des autorités.

Les touristes ne sont pas les seuls à chercher à retourner en France. Héloïse, étudiante en soin infirmier en France, est arrivée début mars avec une camarade pour effectuer un stage humanitaire dans un hôpital de Prey Veng. Si ce dernier était prêt à les garder ici, leur école en France leur a demandé de rentrer au plus vite. « Notre école ne trouve pas de solution pour nous rapatrier et l'association avec laquelle nous sommes parties n'a aucun pouvoir non plus, déplore-t-elle. Nous avons trouvé un avion mais dans une semaine seulement. »

Du côté des Français expatriés, les consignes ne sont pas les mêmes. Dans un communiqué conjoint des ministères français de l’Europe et des Affaires étrangères, du Transport et de l’Intérieur, il est recommandé aux « Français qui ont leur résidence habituelle en dehors de cet espace européen (…), d’éviter autant que possible les déplacements internationaux, même pour revenir sur le territoire national, à moins que des raisons impératives ne les y contraignent » pour une durée de 30 jours. Certains expatriés ont néanmoins indiqué que leurs employeurs français avaient organisé leur retour en France avant même ces annonces.

Baptiste souffre de problèmes respiratoires. Employé dans un restaurant de Phnom Penh, il a décidé de suspendre son activité. En fin de semaine dernière, il envisageait sérieusement de rentrer en France avant de changer son fusil d’épaule : « Prendre l'avion est un très gros risque pour moi et me rendre en France revient à me jeter dans la gueule du loup. Je ne sors plus de chez moi et je fais chambre à part avec ma compagne qui continue de travailler. »

A ceux qui cherchent à trouver un vol pour la France, Norinda Khek, directeur de la communication de Cambodia Airports recommande de s’informer régulièrement sur les options qui restent possibles. « Par exemple, la Malaisie qui n’avait pas de restrictions strictes, tout d’un coup va mettre en place des mesures. Donc le conseil qui vient en priorité, c’est de faire un suivi au jour le jour de tous les pays. C’est une situation très évolutive et il y a des fenêtres d’opportunités qui peuvent se fermer très vite. »

Si vous envisagez un retour en France, le site de l’Association internationale du transport aérien (IATA) recense les mesures mises en œuvre par les différents pays quasiment en temps réel.

 

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juliette buchez
Publié le 19 mars 2020, mis à jour le 19 mars 2020

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