Après la mort d’un conducteur percuté par un policier ivre, Hun Manet appelle au calme et assure un suivi judiciaire strict de l’affaire.


Le 15 mai, un accident de la route a provoqué la mort de Rean Sopheoun, conducteur de rickshaw, et fait cinq blessés, dont deux graves, devant le ministère de l’Intérieur à Phnom Penh. Le véhicule en cause était conduit par le colonel Hun Heng, chef du département logistique et financier de la police de Phnom Penh, alors qu’il se trouvait sous l’emprise de l’alcool.
Selon la police, le colonel a percuté plusieurs rickshaws, une moto, une voiture et un arbre. Le taux d’alcool initialement mesuré était de 0,45 mg/l — au-dessus du seuil de 0,40 mg/l fixé par la loi pour engager des poursuites pénales en cas de décès. Pourtant, dès le lendemain, les autorités ont révisé ce chiffre à 0,35 mg/l, déclenchant des soupçons sur une possible manipulation des preuves.
Une réaction bouleversante et des appels à la justice
La scène a profondément marqué l’opinion : dans une vidéo diffusée en direct par un média local, la fille du défunt est apparue effondrée, les mains jointes, appelant son père à se réveiller et réclamant des sanctions sévères. Sur sa page Facebook, elle a partagé une photo des funérailles et écrit un message poignant : « Mon cœur est brisé… Je prierai pour toi, papa, pour que tu renaisses dans une nouvelle vie. »
Le fils du défunt a déclaré à Cambodianess que la famille avait été convoquée au poste de police mais qu’aucun accord n’avait encore été trouvé.
Hun Manet appelle au calme et à la confiance dans la justice
Face à l’émotion suscitée, le Premier ministre Hun Manet a pris la parole publiquement le 17 mai lors de l’inauguration d’un lycée à Pursat. Il a exhorté la population à garder son calme et à faire confiance au système judiciaire cambodgien. « Un accident de voiture causé par l’alcool et entraînant la mort ne peut être résolu par une simple compensation financière », a-t-il déclaré. « La loi doit s’appliquer à tous de la même manière. »
Hun Manet a rappelé que l’affaire devait être transmise à la justice dans un délai de 48 heures et qu’aucun traitement de faveur ne serait toléré, même pour un haut gradé de la police. Il a également assuré qu’il suivrait personnellement le dossier.
Une défiance envers l’impunité
Les réseaux sociaux ont été inondés de commentaires exigeant des poursuites exemplaires. Le politologue Pa Chanroeun a notamment appelé à ce que les forces de l’ordre soient tenues à une responsabilité plus grande encore que les simples citoyens. « Le slogan 'ne conduisez pas en état d’ivresse' devrait être remplacé par 'ne conduisez pas après avoir bu' », a-t-il écrit.
Le ministre de la Justice Keut Rith a lui aussi mis en garde contre les tentatives de régler ce type d’affaires à l’amiable : « Ceux qui provoquent des accidents doivent être strictement poursuivis selon la loi. »
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