Édition internationale
Radio les français dans le monde
--:--
--:--
  • 0
  • 0

ENTRETIEN - Samuel Bartholin des éditions du Mékong

Écrit par Lepetitjournal Cambodge
Publié le 2 mai 2011, mis à jour le 14 novembre 2012
Avec Le Roi des rizières, les Editions du Mékong clôturent 15 ans de publications variées qui ont mis l'Asie à l'honneur.  Entretien avec Samuel Bartholin, responsable des publications aux Editions du Mékong

(Crédit Photo: S. Bartholin)

Créées en 1995, les Editions du Mékong ont fermé leurs portes en 2010. Pendant quinze ans, les Editions ont publié des ouvrages variés, romans, bandes dessinées et le journal francophone Cambodge Soir. Pour clore ces années littéraires, les Editions emmènent le lecteur dans la Thaïlande du XVIIIème siècle à travers le roman de Claire Keefe-Fox, le Roi des rizières, qui retrace l'ascension du général Sin, futur roi du Siam. Samuel Bartholin, ancien reporter à Cambodge Soir et responsable des publications aux Editions du Mékong, revient sur l'aventure des Editions et sur cette dernière publication.

Pouvez-vous nous en dire plus sur ce général Sin, présenté comme le "Napoléon thaï"?

Sin, ou Taksin, émerge à un moment critique de l'histoire du Siam, l'ancienne Thaïlande, lors de la prise de la capitale royale d'Ayutthaya par les Birmans, à la fin du XVIIIe siècle. Comme souvent dans une crise où sombre l'ordre en place, un personnage que des circonstances normales auraient maintenu dans l'ombre se retrouve au premier plan. C'est le cas de ce gouverneur d'origine sino-thaïe, qui va prendre la tête de la lutte anti-birmane, se faire couronner roi et procéder au redressement de son pays? avant de finir destitué, emporté par sa mégalomanie pathologique. D'où l'analogie avec Napoléon Bonaparte, dont il est le quasi-contemporain.

Pourquoi avoir choisi de rééditer ce livre?
Tout d'abord, il s'agit d'un très bon roman historique, qui était paradoxalement disponible dans sa traduction thaïe mais épuisé en français. Ensuite, il s'agissait pour les Editions du Mékong de ne pas se cantonner exclusivement au Cambodge, lieu de leur implantation, mais de s'ouvrir à tous les pays de la région. Ceci afin d'apporter davantage de profondeur et de diversité à leur catalogue. L'histoire même du Cambodge ne peut se comprendre si l'on méconnaît les temps forts et les tensions qui ont traversé les sociétés voisines, et leurs répercussions ici.

Avec ce livre, les éditions du Mékong ferment leurs portes, pourquoi cette décision?

Malheureusement, les Editions du Mékong doivent effectivement fermer leurs portes sur cette ultime publication. Pour la simple raison qu'elles s'appuyaient et se développaient en lien avec le journal Cambodge Soir, qui s'est lui-même arrêté à la fin de l'année dernière. Etant pour ainsi dire amputées d'une jambe, il devenait difficile pour les Editions de poursuivre leur route. Les problèmes posés par la poursuite du projet et l'utilisation légale du nom ont finalement pris le dessus.

Quel bilan faites-vous?
Les Editions du Mékong ont mis en place un catalogue d'un peu plus d'une dizaine d'ouvrages, chiffre modeste, mais pas insignifiant, dans un secteur, l'édition, où encore récemment rien ne se faisait en dehors des ONG. Surtout cela concerne tous les registres, autant de manières de traiter de ce pays : BD, romans, essais, beaux livres sur le patrimoine, en français et en khmer le plus souvent? La meilleure vente aura sans doute été le livre composé à partir des articles de Cambodge Soir, encadrés d'interventions de personnalités. Ce type d'ouvrages offrant des clés pour saisir l'évolution en cours sont parmi les plus appréciés.  

Le métier d'éditeur francophone est-il viable au Cambodge et sur les autres pays de la région?

Assurément, il s'agit d'un pari difficile, car le marché est restreint, et le nombre de locuteurs du français pas si élevé dans la région. Les Editions du Mekong ont bénéficié durant plusieurs années, avec Cambodge Soir, du soutien des instances de la francophonie et de leur actionnaire Beatrix Latham. Ne pas dépendre des donateurs passe sans doute par la création de liens avec une structure d'édition et de distribution en France, et par l'approfondissement des contacts avec les communautés de la diaspora. Ce n'est pas si évident, mais ceux qui travaillent ici dans le domaine francophone ont souvent de la passion et de l'enthousiasme à revendre. Nul doute que l'expérience des Editions du Mékong et de Cambodge Soir va susciter d'autres vocations identiques.

Le Roi des rizières est disponible à Phnom Penh aux librairies Carnets d'Asie et Monument Books.

Léa Guichou (lepetitjournal.com/cambodge) lundi 2 mai 2011

LIVRE ? Ultime publication pour les éditions du Mékong

 

Avec Le Roi des rizières, les Editions du Mékong clôturent 15 ans de publication variées qui ont mis l'Asie à l'honneur. Entretien avec Samuel Bartholin, responsable des publications aux Editions du Mékong.

 

Créées en 1995, les Editions du Mékong ont fermé leurs portes en 2010. Pendant quinze ans, les Editions ont publié des ouvrages variés, romans, bandes dessinées et le journal francophone Cambodge Soir. Pour clore ces années littéraires, les Editions emmènent le lecteur dans la Thaïlande du XVIIIème siècle à travers le roman de Claire Keefe-Fox, le Roi des rizières, qui retrace l'ascension du général Sin, futur roi du Siam. Samuel Bartholin, ancien reporter à Cambodge Soir et responsable des publications aux Editions du Mékong, revient sur l'aventure des Editions et sur cette dernière publication.

 

 

Pouvez-vous nous en dire plus sur ce général Sin, présenté comme le "Napoléon thaï"?

Sin, ou Taksin, émerge à un moment critique de l'histoire du Siam (l'ancienne Thaïlande), lors de la prise de la capitale royale d'Ayutthaya par les Birmans, à la fin du XVIIIe siècle. Comme souvent dans une crise où sombre l'ordre en place, un personnage que des circonstances normales auraient maintenu dans l'ombre se retrouve au premier plan. C'est le cas de ce gouverneur d'origine sino-thaïe, qui va prendre la tête de la lutte anti-birmane, se faire couronner roi et procéder au redressement de son pays? avant de finir destitué, emporté par sa mégalomanie pathologique. D'où l'analogie avec Napoléon Bonaparte, dont il est le quasi-contemporain.

 

Pourquoi avoir choisi de publier à nouveau ce livre?

Tout d'abord, il s'agit d'un très bon roman historique, qui était paradoxalement disponible dans sa traduction thaïe mais épuisé en francais. Ensuite, il s'agissait pour les Editions du Mékong de ne pas se cantonner exclusivement au Cambodge, lieu de leur implantation, mais de s'ouvrir à tous les pays de la région. Ceci afin d'apporter davantage de profondeur et de diversité à leur catalogue. L'histoire même du Cambodge ne peut se comprendre si l'on méconnaît les temps forts et les tensions qui ont traversé les sociétés voisines, et leurs répercussions ici.

 

Avec ce livre, les éditions du Mékong ferment leurs portes, pourquoi cette décision?

Malheureusement, les Editions du Mékong doivent effectivement fermer leurs portes sur cette ultime publication. Pour la simple raison qu'elles s'appuyaient et se développaient en lien avec le journal Cambodge Soir, qui s'est lui-même arrêté à la fin de l'année dernière. Etant pour ainsi dire amputées d'une jambe, il devenait difficile pour les Editions de poursuivre leur route. Les problèmes posés par la poursuite du projet et l'utilisation légale du nom ont finalement pris le dessus.

 

Pouvez vous faire un bilan des éditions: nombre de livres parus, publiés, des hauts et des bas?

Les Editions du Mékong ont mis en place un catalogue d'un peu plus d'une dizaine d'ouvrages, chiffre modeste, mais pas insignifiant, dans un secteur, l'édition, où encore recemment rien ne se faisait en dehors des ONG. Surtout cela concerne tous les registres, autant de manières de traiter de ce pays : BD, romans, essais, beaux livres sur le patrimoine, en francais et en khmer le plus souvent? La meilleure vente aura sans doute été le livre composé a partir des articles de Cambodge Soir, encadrés d'interventions de personnalités. Ce type d'ouvrages offrant des clés pour saisir l'évolution en cours sont parmi les plus appréciés.

 

Le métier d'éditeur francophone est-il viable au Cambodge et sur les autres pays de la région?

Assurément, il s'agit d'un pari difficile, car le marché est restreint, et le nombre de locuteurs du francais pas si élevé dans la région. Les Editions du Mekong ont bénéficié durant plusieurs années, avec Cambodge Soir, du soutien des instances de la francophonie et de leur actionnaire Beatrix Latham. Ne pas dépendre des donateurs passe sans doute par la création de liens avec une structure d'édition et de distribution en France, et par l'approfondissement des contacts avec les communautés de la diaspora. Ce n'est pas si évident, mais ceux qui travaillent ici dans le domaine francophone ont souvent de la passion et de l'enthousiasme à revendre. Nul doute que l'expérience des Editions du Mékong et de Cambodge Soir va susciter d'autres vocations identiques.

 

Le Roi des rizières est disponible à Phnom Penh aux librairies Carnets d'Asie et Monument Books.

SyzMrqo__400x400
Publié le 2 mai 2011, mis à jour le 14 novembre 2012

Flash infos