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CULTURE - KLAP YA HANDZ, que vive le hip hop khmer !

Écrit par Lepetitjournal Cambodge
Publié le 1 novembre 2011, mis à jour le 8 février 2018

Ils se décrivent comme "une famille du hip hop", indépendante et alternative, qui a pour ambition de changer la face de la musique khmère. Aucun doute, les artistes de Klap Ya Handz sont en bonne voie

 

Né à l'initiative de Sok Visal (Portrait paru dans lepetitjournal.com Cambodge), un franco-khmer réinstallé au Royaume depuis 1993, Klap Ya Handz n'a pas toujours été le grand label qu'il est aujourd'hui. Lepetitjournal.com Cambodge a rencontré le producteur à succès afin de connaitre les sources, l'histoire de cette création d'un genre nouveau.

Une vie, des inspirations
Sok Visal aura attendu 1993 pour revenir au Cambodge. Ses parents s'y sont déjà réinstallés, lui aussi veut connaitre le retour aux sources : "A l'époque, le Cambodge c'était le bordel. Il n'y avait même plus d'électricité après 20h?". Mais le retour au pays s'avère être plus qu'une simple visite familiale : les paysages, ce monde nouveau, "c'était excitant, j'ai de suite décidé d'y rester pour toujours". Pendant plusieurs années, il travaille dans la sécurité, l'enseignement puis le graphisme publicitaire. Enfin il se marie : "C'est étonnant, mais c'est le mariage qui m'a poussé à acheter un ordinateur". Révélation.

Concert Sihanouk Ville, septembre 2011 (crédit: Emilie TÔN)

Pouvoir mixer de la musique, voilà ce que l'achat d'un ordinateur permet. Baigné dans la musique khmère pendant toute son enfance, Sok Visal ne s'imagine pas travailler sur autre chose. "J'ai eu ce déclic quand j'étais aux Etats-Unis. Mon cousin écoutait à longueur de journée des cassettes de rock cambodgien des années '60. J'ai commencé à apprécier et à comprendre l'histoire de cette musique donc une fois arrivé au Cambodge, c'est venu comme un réflexe". Les bases étaient posées.

2001-2002 : Première réalisation : "Ma première réalisation connue, c'était un mix fait à partir d'une célèbre chanson du nouvel an khmer. A l'époque, l'instru' avait été réalisé pour les Phnom Penh Players, un groupe de rap assez connu à l'époque. Puis j'ai travaillé avec les Phnom Penh Bad Boyz, un autre groupe du même genre. C'était véritablement une passion, pas possible d'en faire de l'argent". Les années suivantes restent tout de même plutôt calmes, jusqu'en 2005 lorsqu'il décide de collaborer avec Apping, le tout premier rappeur du label. Klap Ya Handz naît alors.

Klap Ya Handz
Ils sortent un album ensemble, les clips sont diffusés sur internet et le CD est distribué gratuitement. "Les autres artistes ont commencé à m'appeler et ont pris part à Klap Ya Handz naturellement". Avec le rap américain comme première influence, c'est une toute une petite équipe qui se met en place. Les influences khmères ne disparaissent évidemment pas. Cependant, la musique ne leur permet pas de vivre : ils ne sont pas sous contrat, ne gagnent pas d'argent de leur passion, donc beaucoup viennent et partent. Le son urbain, lui, reste.

Concert Sihanouk Ville, septembre 2011 (crédit: Emilie TÔN)

Loin des revendications politiques, les textes des artistes évoquent avant tout les problèmes de la jeune société cambodgienne : drogue, alcool, violence? Les problèmes de la vie auxquels la plupart des jeunes Khmers sont bien souvent confrontés. Les rappeurs n'hésitent d'ailleurs à aucun moment à participer aux évènements associatifs. Ils étaient notamment présents en septembre dernier à Sihanouk Ville afin d'ouvrir le débat et de lever les tabous concernant les abus sexuels chez les hommes. "Nous avons écrit une chanson pour l'évènement", indique fièrement le père du label.

Aujourd'hui, Klap Ya Handz est composé de huit artistes là en permanence, ainsi que quelques autres présents une fois sur deux lors des concerts. Quant au public, il est plutôt divers : "Malheureusement, nous sommes plus connus en France et aux Etats Unis qu'au Cambodge, mais il faut laisser reposer la pâte pour qu'elle prenne et je suis convaincu que le hip hop khmer va continuer d'évoluer". Il semblerait d'ailleurs que la société khmère ait envie de se réconcilier avec l'art depuis quelques années. Un constat, fait par Visal, qui donne beaucoup d'espoir concernant la suite : "Les Khmers sont un peuple créatif, ils ont le chant et la danse dans le sang, il n'y a qu'à voir les années précédant l'arrivée des Khmers Rouge : cinéma, musique, tout y était. On remarque que les gens recommencent à venir aux concerts. Et la nouvelle génération ? Elle est réellement passionnée".  Klap Ya Handz ne s'arrêtera pas en si bon chemin : Voilà du hip hop qui en veut.

Emilie TÔN (www.lepetitjournal.com/cambodge) mercredi 2 novembre 2011

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Publié le 1 novembre 2011, mis à jour le 8 février 2018

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