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TÉMOIGNAGES - En Roumanie on s’organise pour venir en aide aux réfugiés ukrainiens

les Roumains viennent en aide aux réfugiés ukrainiensles Roumains viennent en aide aux réfugiés ukrainiens
Adela avec d'autres bénévoles à la gare du Nord. Crédit photo: Adela Ser
Écrit par Lepetitjournal Bucarest
Publié le 7 mars 2022, mis à jour le 7 mars 2022

Près d'un million et demi de personnes ont fui jusqu’à présent l’Ukraine pour échapper aux bombardements russes, et plus de 200.000 d'entre elles sont déjà passées en Roumanie, selon les chiffres de la Police de la Frontière Roumaine. Alors que le nombre des réfugiés arrivant d'Ukraine ne fait qu'augmenter, sur place, la solidarité s’organise pour leur venir en aide.

 

 

Pierre, 33 ans, cadre commercial dans une multinationale, a décidé d'héberger dans son appartement bucarestois une famille de 5 Ukrainiens dont un enfant âgé d'à peine un an. "C'est la famille d’un collègue de travail Ukrainien qui vit en France et qui ne peut se rendre sur place sous peine d’être mobilisé immédiatement" nous explique Pierre. "Dès que j’ai vu à la télé les images des files de réfugiés aux frontières, je me suis dit qu’il fallait être utile tout de suite, dans le concret et pas seulement afficher un drapeau Ukrainien sur mon compte Facebook ou Linkedin. C’est pas grand-chose mais bon...". "Epuisés physiquement" et "résignés mentalement", les membre de cette famille ont fui la ville de Karkhiv, dans le nord-est de l'Ukraine, pour rejoindre Bucarest avant de trouver un vol pour Paris. "La première chose qu’ils m’ont demandé lorsqu’ils sont arrivés a été: Pierre, est-ce que Kiev est tombée? J’ai cru assister à une réplique de film... c’est pas le genre de phrase qu’on vous adresse à l’emporte-pièce".

 

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Crédit photo: Adela Ser


Adela, une Bucarestoise de 36 ans, psychologue de profession, a choisi de s'impliquer elle aussi de son côté. Il y a une semaine elle a décidé de fournir une assistance psychologique gratuite aux réfugiés arrivant d'Ukraine, mais elle a aussi publié une annonce sur sa page Facebook mettant à disposition le siège de son association pour collecter des dons. "Une fois que nous avons décidé de nous impliquer, tout a rapidement décollé et le téléphone s'est mis à sonner en continu. Tout le monde voulait aider d'une manière ou d'une autre." Avec une voiture remplie de vivres, elle s'est rendue à la gare du Nord avec d'autres bénévoles où des trains chargés de centaines de réfugiés arrivent chaque jour. "On voit des enfants courant et jouant, d'autres assis dans les bras de leur mère, en pleurs, des réfugiés descendant du train et voulant atteindre une destination spécifique, d'autres qui ont besoin d'un logement et ne savent pas où le trouver".

 

Les Roumains viennent en aide aux réfugiés ukrainiens
Photo: Filip Havarneanu 

 

Elle avoue avoir été surprise de voir l'altruisme dont font preuve ses compatriotes : "Les réfugiés sont chaleureusement accueillis par les Roumains. Non seulement ils sont accueillis avec de la nourriture chaude, de l'eau, des couvertures, des médicaments, des cartes téléphoniques ou des jouets, mais de nombreuses personnes, même de Bucarest, ont accueilli des gens chez elles". Adela s'est aussi rendu au poste-frontière de Isaccea, dans le sud-est de la Roumanie, point de passage de nombreux Ukrainiens fuyant la guerre, pour livrer des produits de première nécessité et donner un coup de main. "J'ai été très impressionnée par l'enthousiasme d'une petite fille à la frontière d'Isaccea qui m'a demandé à plusieurs reprises si elle pouvait prendre n'importe quel jouet dans la boîte que je tenais. Je n'oublierai jamais son regard et sa joie à ce moment là."

 

réfugiés ukrainiens en Roumanie
Photo: Filip Havarneanu 

 

Dès le deuxième jour depuis le début de l'offensive en Ukraine, Filip, ce jeune député de 27 ans, a décidé de partir aider à la frontière "parce que les politiciens devraient être les premiers à inspirer une nation". Chaque soir, après son travail, il prend sa voiture depuis Iasi, dans le nord-est de la Roumanie, pour se rendre au poste-frontière de Siret et de Sculeni, où des milliers de réfugiés arrivent chaque jour, exténués après un long voyage. "C'est très dur de voir les larmes des Ukrainiens qui ont tout perdu, la douleur des familles brisées et d'entendre les histoires des personnes âgées qui ne s'attendaient pas à revivre une guerre". Il nous raconte aussi avoir été impressionné par la "la résilience des enfants". Sur place, les réfugiés sont pris en charge par les autorités, les ONG ou par de simples citoyens. "J’ai vu des milliers de Roumains solidaires qui ont fait des transports, porté des bagages, tenu des enfants dans leurs bras, nourri des animaux, soulagé la douleur des Ukrainiens vivant un drame. Des bénévoles et des organisations non gouvernementales qui ont pris la responsabilité de l'État qui semble être débordé. Ces gens sont incroyables". Filip nous raconte aussi  sa rencontre avec Sonja, une jeune femme moitié russe et moitié ukrainienne, qui a quitté la Russie pour retrouver ses deux soeurs arrivées d’Ukraine à la frontière roumaine. "Sonja m'a dit avec les larmes aux yeux, qu'elle détestait Poutine pour tous les crimes et que, pour fuir la Russie, elle avait fait le tour de l'Europe en avion, afin de pouvoir retrouver ici ses deux sœurs. L'horreur de la guerre est encore plus oppressante lorsque vous êtes avec ceux qui la vivent directement."

 

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