Pour ce début de semaine, nous sommes allés à la rencontre d'un entrepreneur français, Romain Couderc. Grand voyageur, Romain est installé depuis maintenant 5 ans à Bucarest où il a créé sa société, Spinoa, avec laquelle il souhaite nous faire découvrir les bienfaits d'une algue, la spiruline...
Grégory Rateau: Pouvez-vous nous présenter votre parcours ?
Romain Couderc: Après mes études, je me suis installé à Bucarest où j'ai créé et développé pendant 5 ans la société Digidemat. Ensuite j'ai voyagé à vélo avec un ami pendant un an à travers l'Asie, à la rencontre de projets innovants sur le thème de l'écologie. Puis je suis rentré en Europe avec quelques idées en tête dans le domaine de l'alimentation. Aujourd'hui j'ai cofondé avec un autre ami, Florent, la société Spinoa qui a comme mission de promouvoir une étonnante micro-algue: la spiruline.
En quoi cette algue a attiré votre attention ?
Je pourrais en parler des heures... C'est l'aliment le plus complet de la planète, à la fois déclaré par l'ONU "aliment du 21ème siècle" et étudié par la NASA pour les astronautes en mission. La spiruline était consommée par les Aztèques et elle est récoltée depuis 1000 ans sur les bords du lac Tchad. De plus, sa production requiert très peu de ressources et de surfaces arables. Sa teneur en bêta-carotène donne la couleur particulière au plumage des Flamands roses qui la consomment. Récemment, le secteur médical a découvert que sa structure spiralée en fait un nanorobot idéal pour voyager avec précision dans le corps, y détruire les cellules cancéreuses et y transporter des substances médicamenteuses. Concernant ses principaux bienfaits, la spiruline agit dans des domaines aussi variés que l'hypertension, la mémoire, le vieillissement cellulaire, la récupération musculaire, la santé de la peau et des cheveux ou encore le renforcement du système immunitaire...
Pourquoi cette passion du vivre ailleurs ?
J'ai toujours aimé voyager, peut-être parce que je suis curieux de nature ou parce que j'aime être surpris par les habitudes et cultures d'ailleurs. Je me considère citoyen du monde plutôt que d'une nation. Pour faire face aux grands défis qui nous attendent dans les décennies à venir, nous avons besoin de penser et agir de manière globale.
Comment jugez-vous la qualité de vie ici ?
La Roumanie possède des paysages naturels préservés magnifiques. J'ai aussi été touché par l'accueil chaleureux que j'ai reçu en arrivant ici. J'aime cette culture latine et tournée vers l'étranger, l'esprit de débrouille et l'imaginaire riche des Roumains. Je trouve ici une certaine liberté d'agir et d'innover localement qui est assez rare ailleurs en Europe.
En tant qu’acteur économique comment jugez-vous les perspectives économiques du pays ?
Il me semble que les vrais enjeux ne se trouvent plus au niveau national mais au niveau global. Les rapports des spécialistes de l'énergie et du climat nous conseillent de nous désaccoutumer de notre dépendance aux énergies fossiles et d'accompagner cette décroissance par des solutions innovantes et des technologies propres. La Roumanie me semble avoir du potentiel de développement dans le secteur des low-techs et des solutions durables. Par exemple, la répartition territoriale en milieu rural et la qualité de sa terre font qu'elle pourrait accueillir des milliers de micros-fermes très productives en permaculture.
Comment se traduirait votre implication sur le plan social ?
La spiruline est un bel exemple de solution qui nous fait avancer sur plusieurs plans, celui de la santé, de l'environnement et du social (par rapport à la malnutrition et au bien-être animal). Nous travaillons avec une ferme humanitaire au Burkina Faso qui distribue 50% de sa production localement aux personnes qui souffrent de malnutrition ou porteuses du VIH. De plus, Spinoa a récemment été sélectionnée par le programme d'accélérateur Level-up (développé dans le cadre de la communauté Nod makerspace) pour développer un cultivateur de spiruline d'intérieur. Il permet à ceux qui le souhaitent de faire un pas vers l'autonomie alimentaire en produisant soi-même, avec peu de ressources, un des aliments du futur !