

Alex Iacob a créé le blog reptilianul.ro, Axelanti et d'autres amis collaborent occasionnellement avec lui. Ils partagent depuis des années leurs séances d'explorations urbaines (urbex) à Bucarest. Ils ont visité de nombreux bâtiments abandonnés de la capitale qui, chacun à leur façon, retracent l'histoire de la ville. Leur but est de sensibiliser les Bucarestois sur ce patrimoine qui, bien souvent, finit par disparaître. Nous les avons rencontrés...
Comment avez-vous commencé l'urbex ?
Vers 2009-2010, on était au lycée et on voulait découvrir des lieux où passer du temps entre amis, autres que des bars ou des restaurants qui étaient fréquentés par des gens un peu plus âgés. On voulait des lieux isolés, assez difficiles d'accès, alors naturellement on s'est mis à l'urbex. L'un des premiers lieux que l'on a visité a été le bunker caché sous l'Opéra (https://reptilianul.blogspot.
A l'époque, il y avait peu de gardiens. Il y avait certes quelques informations sur internet, mais beaucoup moins qu'aujourd'hui. Très souvent, on était les premiers à visiter les lieux. Au début, le but était souvent d'arriver en haut de tel ou tel bâtiment, c'était un défi entre nous. Par la suite, on a voulu documenter tout ça et on s'est mis à prendre des photos. On a rencontré sur internet d'autres personnes, et on a commencé à écrire nos articles. On a même imprimé des stickers "Reptilianul" que l'on collait là où on passait et les gens les photographiaient pour montrer qu'ils marchaient dans nos pas.
Et puis au fil des années, ces lieux sont devenus de plus en plus visités, en partie grâce à notre blog, et malheureusement il y avait aussi des gens qui venaient voler des matériaux. Petit à petit, ces bâtiments sont devenus de plus en plus surveillés.

Essayez-vous de faire passer un message à travers ce projet ?
On veut tirer un signal d'alarme quant à ce patrimoine à l'abandon. Certains monuments historiques que nous avons visités ont été restaurés, d'autres ont tout simplement disparu. On a par exemple une photo prise depuis un toit qui n'existe plus.
On ne veut pas forcément encourager d'autres à faire de l'urbex, car c'est une activité dangereuse. Nos photos ont aussi beaucoup aidé les étudiants en architecture. A la fin de leurs études, ils doivent rendre un travail de projet de restauration de bâtiments abandonnés. Malheureusement, rares sont les projets qui voient le jour.
Pourriez-vous raconter l'histoire de quelques-uns de ces bâtiments que vous avez explorés ?
On a passé pas mal de temps dans les forts qui entourent Bucarest (http://reptilianul.ro/2015/
Sinon, il y a le Casino Victoriei, aussi connu sous le nom de Casa Cesianu (http://reptilianul.ro/2011/
Un autre bâtiment marquant a été le Palais Adevărul (http://reptilianul.ro/2015/
Bucarest est une ville qui compte énormément de bâtiments abandonnés ou en voie de l'être. Est-ce que les habitants s'en soucient ?
Cela dépend. Il y a des gens concernés, des ONG, des pétitions qui demandent de protéger cet héritage. Mais le grand public n'a pas encore la conscience du patrimoine. Beaucoup de bâtiments abandonnés sont squattés et les voisins ne les voient plus comme un témoignage de l'Histoire, mais plutôt comme un fardeau dont il faut se débarrasser.
Et du côté des autorités ?
Récemment, on pourrait citer les quelques bâtiments qui ont été recouverts par les autorités sur le boulevard Regina Elisabeta, pour restaurer leur façade. Cela peut être une pure manœuvre politique, on verra bien. Il y a bien des bâtiments que l'on a visités qui ont été restaurés, par exemple l'hôtel Lido, sur le boulevard Magheru. On pourrait aussi citer le bâtiment qui abrite la librairie Cărturesti, sur Lipscani, qui était à l'abandon. Mais beaucoup de ces bâtiments ont un risque sismique important, par exemple l'ancien garage Ciclop (toujours sur Magheru), ou encore d'anciens cinémas : Patria, Scala... (sur Magheru également) Preuve que protéger le patrimoine n'est pas qu'une question de vieilles pierres : Bucarest a perdu quasiment tous ses cinémas, à l'exception de ceux des grands centres commerciaux.
Etes-vous sorti de Bucarest pour des explorations ?
On a exploré des bâtiments dans d'autres régions du pays, oui. Par exemple on a visité le casino de Constanta, grâce à la mairie qui a lancé un concours d'architecture pour rénover le bâtiment. Ils laissaient même des clips publicitaires se tourner à l'intérieur pour attirer l'attention du public.
Sinon, il y a beaucoup d'anciens villages saxons de Transylvanie qui ont été abandonnés. J'ai fait un petit documentaire sur l'un d'eux, Valea Ingerului (Engenthal) (https://valeaingerului.

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